L’impatience est à son comble chez les proches de trois des quatre condamnés dans l’affaire L’Amicale. Car ce lundi, ils prendront connaissance du jugement du Privy Council. Ce jugement pourrait être riche en conséquences pour ces familles qui nourrissent l’espoir de retrouver leurs proches le plus vite possible.
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C’est en novembre 2000 que Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et Muhammad Shafiq Nawoor ont été condamnés à la prison à vie, soit à l’équivalent de 45 ans de prison. Ils avaient été reconnus coupables de l’incendie criminel de la maison de jeu L’Amicale en 1999 et qui avait fait sept morts.
Leur libération est prévue le 17 mars 2019. Mais ces quatre condamnés n’ont cessé de clamer leur innocence. Leur demande de libération auprès de la Commission de pourvoi en grâce s’est avérée vaine. Leur dernier espoir ainsi que celui de leur famille résident dans l’appel interjeté par trois des quatre condamnés devant le Conseil privé.
Ce lundi 22 mai, les Law Lords prononceront leur jugement, soit moins de trois mois après avoir écouté les arguments des avocats de Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et ceux de l’État mauricien.
L’impatience est à son comble tant chez les Sumodhee que chez la famille Keramuth. L’angoisse est palpable. Rozina Sumodhee, épouse de Khaleeloudeen Sumodhee, se bat depuis 1999 pour prouver l’innocence de son époux. Les échecs ne lui ont jamais fait baisser les bras, car elle est convaincue que Khaleeloudeen n’aurait pu commettre un tel acte.
Bien qu’elle souhaite de tout son cœur un dénouement positif qui permettrait à son époux de retrouver enfin la liberté, Rozina concède qu’elle ne baissera pas les bras même si la décision du Privy Council ne leur est pas favorable.
« On s’est habitué à ce genre de situation. Cela fait 18 ans que mon époux a été arrêté et incarcéré. On y pense sans vraiment attendre grand-chose », dit-elle.
D’ailleurs, c’est avec ce même état d’esprit que Khaleeloudeen Sumodhee et son frère Sheik Imran abordent ce tournant décisif dans leur combat. « J’ai parlé avec mon époux récemment, il me dit ne pas avoir de grandes attentes, mais de faire confiance au Bon Dieu ».
L’espoir anime également Kairoon Bibi Keramuth, mère d’Abdool Naseeb. Celle-ci n’arrive plus à dormir depuis qu’elle a appris que le jugement sera rendu ce lundi 22 mai. « Mo la tête fatigue. Ti ferme zot ene jour lundi. Kapav pou largue zot ene jour lundi même », souligne Kairoon Bibi Keramuth. A 68 ans, cette habitante de Cité Martial vit avec la douleur causée par l’éloignement de son fils.
Kairoon Bibi Keramuth dit rendre visite à son fils lorsque sa santé lui permet de quitter sa maison. Elle raconte que l’absence d’Abdool Naseeb a laissé un vide émotionnel irréparable.
De plus, sa situation financière s’est beaucoup détériorée, car Abdool Naseeb contribuait à faire bouillir la marmite. « Avec la maigre pension que nous recevons mon époux et moi, il est très difficile de joindre les deux bouts. J’ai grand espoir de retrouver mon fils demain (lundi 22 mai 2017) », confie-t-elle.
Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth ont affirmé en appel devant le Privy Council que l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, qui présidait le procès de l’affaire L’Amicale, avait utilisé un « ton incendiaire » lors de son résumé aux membres du jury.
Ils avaient réclamé une copie de l’enregistrement audio du résumé du juge lorsqu’ils ont fait appel en Cour suprême. Leur demande avait toutefois été rejetée.
La Cour suprême avait dressé une distinction entre la transcription du procès-verbal, à laquelle l’accusé a droit en vertu de l’article 10 (3) de la Constitution, et l’enregistrement audio de ce procès-verbal.
Or, les trois condamnés disent « n’avoir pas obtenu un procès équitable » car l’absence de cet enregistrement audio ne leur a pas permis de soutenir le point avancé en appel devant la Cour suprême.
Le quatrième condamné, Muhammad Shafiq Nawoor n’a pas fait appel devant les Law Lords. Mais une demande a été faite par les avocats des trois autres condamnés pour qu’une « directive » soit émise en sa faveur si jamais leurs clients obtenaient gain de cause.
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