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Affaire Gorah-Issac - Hatim Oozeer: «La clé de l’histoire reste Cehl Meeah»

Hatim Oozeer ne compte pas rentrer à Maurice.
Hatim Oozeer, ancien témoin vedette dans l’affaire Gorah-Issac, se confie en exclusivité au Défi Plus. Le chauffeur du 4X4 rouge, à bord duquel circulaient les membres de l’Escadron de la mort, revient sur cette nuit « terrifiante ». Exilé en Irlande depuis six  ans après avoir bénéficié de l’asile politique, Hatim Oozeer suit de près la réouverture de l’enquête sur l’affaire Gorah-Issac. Cela à travers les journaux en ligne. Cet ancien die-hard de Cehl Meah était présent lors de la fusillade ayant coûté la vie à Babal Joomun, Yusuf Moorad et Zoulefekar Bheeky, trois activistes du bloc PTr-MMM.
Dans la nuit du 26 octobre 1996, Hatim Oozeer est au volant du 4X4 rouge qui sillonne les rues de Plaine-Verte avec à son bord Toorab Bissessur, Azad Nandoo, Islam Pakistanais, Liyyakat Polin et Noorani Boodhoo. Il se souvient de cette soirée comme si c’était hier. « Notre cible était Babal Joomun. Il en faisait trop. Il avait agressé un de nos partisans à Vallée-Pitot et avait eu un accrochage avec notre leader Cehl Meeah », explique Hatim Oozeer. Yusuf Moorad et Zoulefekar Bheeky n’étaient pas sur leur ‘hit list’. Mais au moment où ses compagnons d’armes avaient ouvert le feu sur les activistes rouges et mauves, il s’est dit que le bilan humain allait être lourd. « Sa zour-la, monn gagn sok kan ban-la ti pe tir kout bal. Mo finn dir mo mem pou ena boukou dega. Li pa ti fasil. Premie fwa mo viv enn zafer parey », poursuit notre interlocuteur. Au moment de son arrestation en 2000, le chauffeur avait désigné Cehl Meah comme le commanditaire de l’attentat de la rue Gorah-Issac, et quinze ans plus tard, Hatim Oozeer maintient ses dires. Selon lui, Shakeel Mohamed n’est pas impliqué dans cette affaire. Et d’où provient le 4X4 rouge ? Selon l’ancien membre de l’Escadron de la mort, le véhicule appartenait à un couple malaisien. « Nous cherchions une voiture dans la région de Rose-Hill. Comme nous n’avions rien trouvé, nous avons décidé de mettre le cap sur Flic-en-Flac, car c’était un endroit isolé », dit Hatim Oozeer.

Non-lieu pour Cehl Meeah

Cehl Meeah, soupçonné d’être le commanditaire du triple homicide, est arrêté le 4 décembre 2000. Il passe trois ans en prison, mais clame toujours son innocence. L’enquête préliminaire débutera le 26 novembre 2001 pour prendre fin le 25 septembre 2002. Au total, 82 audiences y ont été consacrées. Hatim Oozeer avait soutenu que Cehl Meeah avait donné des instructions à Bahim Coco pour tuer Babal Joomun. La défense argumente, elle, que Cehl Meeah est victime d’un complot politique. En 2003, Cehl Meeah et Liyyakat Polin sont déférés aux Assises, suivant la décision du magistrat Lutchmee Parsad Aujayeb. Le 6 novembre 2003, Cehl Meeah bénéficie d’un non-lieu et retrouve la liberté. L’affaire refait de nouveau surface. Cehl Meeah dit être à l’entière disposition de la police. « Bann ki ena makiavelik dan zot lespri, zot pe oule reouver sa case-la. Zot pou trouve, Bondie ena enn plan. Ankor enn fwa la verite pou fer viktwar lor foste. Si zot ena lintansion pou vinn interpel mwa, mo a zot dispozision. Mais senn fwa-la, li pa pou fasil pou kouma dir zot mal azir. La polis pe fer riye. So lintegrite trouv ladan. Si li fer erer, kitfwa popilasion pou perdi konfians dan lapolis », a-t-il déclaré sur les ondes de Radio Plus cette semaine.

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Règlements de comptes

En prison, Hatim Oozeer dit avoir discuté avec Khadafi Oozeer pour savoir pourquoi il avait balancé le nom de Shakeel Mohamed. « Il m’a dit que le nom du député PTr figurait sur un agenda retrouvé à son domicile par la police. Son avocat, le défunt Elias Oozeerally, qui n’était pas en bons termes avec la famille Mohamed, l’a incité à donner ce nom à la police. Khadafi Oozeer m’a aussi appris que le défunt Prem Radhoa, ancien patron de la CID de Curepipe et de la MCIT, qui avait une dent contre Yousouf Mohamed, en a profité pour procéder à un règlement de compte », relate-t-il. D’ailleurs, Hatim Oozeer se souvient qu’il a été interrogé par la police au sujet de Shakeel Mohamed. « Kan la polis ti kestyonn mwa lor Shakeel Mohamed an 2001, mo ti dir, Allah temwin, ki li pena nanye a fer ladan. Sa lepok-la, li ti dan MSM. Li pa ti ena okenn koneksion ek nou dan Hizbullah », poursuit Hatim Oozeer.

De la rue Gorah-Issac à Dublin

C’est en 1994 que l’ancien toxicomane rejoint le Hizbullah. Il veut sortir de l’enfer de la drogue. « Le Hizbullah avait un centre de désintoxication à Mare-Anguilles, Mont-Blanc, je m’y suis rendu pour une cure de désintoxication. Après mon traitement, Cehl Meeah, qui croyait en moi, m’a invité à emménager à Mont-Blanc. Cela pour éviter que mes enfants ne se laissent prendre au piège de la drogue. » Installé à Mont-Blanc, Hatim Oozeer a comme voisin Toorab Bissessur, celui qui deviendra son frère d’armes. En 1995, après les législatives ayant vu la victoire de l’alliance PTr-MMM, l’as du volant rejoint l’Escadron de la mort. À l’époque, cette organisation criminelle a planifié un attentat (manqué) contre Navin Ramgoolam. Puis, il a participé à plusieurs coups perpétrés par la bande armée. Hatim Oozeer cite l’affaire Gorah-Issac, l’assassinat du bookmaker Mio et le braquage de Belle-Mare, entre autres. « Saki noun fer, pa kapav bliye. Toultan nou bizin plore ek demann Allah pardon. Mo pan touy personn, mo ti zis kondire. Mo dimann mwa kouma mo kapav inn pass dan ban zafer koumsa. Saki finn perdi zot fami pe plore, pe soufer », dit-il. À Dublin, Hatim Oozeer ne se fait pas d’illusions. « Tout ce qui devait être dit a été dit. Pour ma part, je ne compte pas rentrer à Maurice. Ce ne sera pas évident de trouver un emploi. Ma réputation est ternie », dit-il. L’ancien membre de l’Escadron de la mort salue au passage la persévérance de Swaleha Joomun, la veuve de Babal Joomun, dans sa quête de vérité. « Swaleha Joomun n'est pas à blâmer. Elle a approché plusieurs personnes quand elle menait sa propre enquête. Mais elle n’a pas obtenu satisfaction. Elle a bien raison de persévérer », lâche-t-il.
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Extraits des déclarations de Hatim Oozeer

  • 9 avril 2002 : Première audience du ’star witness’. « Bahim Coco ti responsab brans lafors dan Hizbullah », dit-il à Me Rashid Ahmine. Selon le témoin, leur chef Cehl Meeah (l’Amir) avait désigné Bahim Coco à ce poste. Il avait déclaré que le 25 octobre 1996, Cehl Meeah avait dit à Bahim Coco en sa présence : « Si to pa gagn Rama Valayden, vinn rod Babal, desann li… »
  • 9 mai : Hatim Oozeer insiste sur son repentir et ajoute : « Mo panse komie dimounn finn mor akoz Cehl Meeah ». Depuis sa première comparution, Hatim Oozeer martèle l’argument : « Amir, Cehl Meeah ki finn donn instriksion ».
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