Avec l’annonce par Pravind Jugnauth d’une commission d’enquête sur les écoutes téléphoniques illégales, un scandale d’une grande ampleur semble sur le point de se dénouer. Ravivée par la plainte de l’ex-Chief Executive Officer de Mauritius Telecom, Sherry Singh, cette controverse met en cause quatre cadres de la compagnie nationale de télécommunications, dont les noms circulent avec insistance dans les cercles d’investigation.
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Parmi les figures clés : Y. S., employé de longue date, qui compte 38 années de service au sein de Mauritius Telecom. Il occupe une place centrale dans cette affaire. Selon des sources proches de l’enquête, il aurait joué un rôle actif dans la mise en œuvre des dispositifs de surveillance des appels publics (public calls listening devices ; NdlR).
Sa nomination à un poste stratégique au Telecom Tower en août 2022 coïncide étrangement avec l’apparition des premières allégations de « sniffing ». Cette promotion, selon ces mêmes sources, serait liée à ces activités d’écoutes téléphoniques illégales, posant ainsi la question de l’usage abusif de son influence au sein de l’entreprise.
Un deuxième protagoniste attire l’attention : G. G., un cadre affecté à la Landing Station de Baie-du-Jacotet, point névralgique du réseau de télécommunications. En 2022, au plus fort des accusations de « sniffing », il avait modifié sa déclaration, un revirement qui avait contribué à innocenter Pravind Jugnauth et son entourage.
Or, selon les enregistrements des Moustass Leaks, cette volte-face aurait été orchestrée par la garde rapprochée de l’ancien Premier ministre. Un avocat, sollicité par ce cercle influent, aurait exercé des pressions sur G. G. pour qu’il revoit ses déclarations et fournisse une version plus favorable. Ces révélations soulèvent des questions sur les moyens employés pour étouffer l’affaire et la portée des réseaux de pouvoir impliqués.
Les deux autres cadres, N. M. et V. B., suscitent également l’intérêt des enquêteurs. Leur proximité avec le Mouvement socialiste militant, particulièrement visible lors des campagnes électorales de 2019 et 2024, laisse supposer un possible détournement des ressources de Mauritius Telecom pour servir la machine électorale du parti.
L’un d’eux aurait été particulièrement actif dans des opérations de soutien dans la circonscription n° 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est). Ces liens renforcent les soupçons d’un usage abusif des infrastructures publiques à des fins partisanes.
Cette affaire, mêlant surveillance illégale, manipulations politiques et favoritisme, réactive les débats sur l’intégrité de Mauritius Telecom, déjà salie en 2022. La commission d’enquête annoncée devra non seulement élucider les responsabilités individuelles mais aussi répondre à des questions plus larges sur l’intégrité de cette organisation.
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