Le mardi 30 août, les juges Iqbal Maghooa et Renuka Dabee ont ordonné un nouveau procès contre Navin Ramgoolam dans l’affaire des coffres-forts. À la lumière de cette décision, peut-il toujours se présenter comme Premier ministre ? Les avis divergent.
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«Il faut bien analyser les choses. Cela, du point de vue de l’électorat », avance l’observateur politique Jocelyn Chan Low. Selon lui, il est important de garder en tête que Navin Ramgoolam, leader du PTr, n’a pas été condamné dans l’affaire des coffres-forts. Il a certes, ajoute l’observateur politique, été égratigné, mais Navin Ramgoolam peut très bien remporter son affaire devant le Privy Council tout comme il peut la perdre.
« C’est au Privy Council de décider. Toutefois, il est vrai que cette affaire de coffres-forts est une douche froide pour le leader du PTr. Ses adversaires politiques vont capitaliser sur cette casserole lors de la prochaine joute électorale », indique-t-il.
Jocelyn Chan Low est néanmoins d’avis que Navin Ramgoolam est un atout pour le PTr. « C’est un fait, Navin Ramgoolam possède un charisme certain. De plus, dans un sens, il représente l’unité au sein du PTr, car dès qu’il se met en retrait, il y a une power struggle. »
Ramgoolam, un « liability » ?
Faizal Jeerooburkhan est, lui, d’un tout autre avis. « Le leader du PTr est un liability, non seulement sur le plan politique, mais également légalement et moralement. Sa position se complique davantage suivant la position du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) », estime l’observateur politique.
C’est très difficile, poursuit Faizal Jeerooburkhan, de prédire les choses. « Il est cependant clair que Navin Ramgoolam est une épine pour le PTr. Voir une autre personne à la tête du PTr est le souhait de tout le monde. Navin Ramgoolam, qui est affaibli par le poids de l’âge, n’est pas trop apprécié par la population pour des raisons morales. C’est la raison pour laquelle il doit se retirer et être remplacé par une personne de calibre », propose-t-il.
Lors de l’émission Au cœur de l’Info sur les ondes de Radio Plus vendredi, Rajen Narsinghen, Senior Lecturer en droit et nouveau membre du PTr, a avancé que deux options s’offrent au parti. Primo, une alliance avec le MMM, le PMSD et le Rassemblement mauricien (RM). Cette éventualité serait d’ailleurs en gestation. Secundo, une alliance avec les partis extra-parlementaires. Bruneau Laurette, de Linion Sitwayin Morisien, a d’ailleurs rencontré Arvin Boolell vendredi après-midi. « Il y a eu un véritable partage d’idées », a déclaré Bruneau Laurette à l’issue de la rencontre. Une alliance avec le PTr en vue ? « Il n’y a aucun rapprochement, voire aucune alliance avec le PTr », a-t-il fait comprendre.
« Il faut une vraie démocratie au PTr »
Dev Sunnasy, de Linion Pep Morisien (LPM), souligne que « s’allier à un parti politique traditionnel pour la prochaine joute électorale n’est pas sur notre radar ». Navin Ramgoolam est-il devenu un liability pour le PTr ? « Cela concerne le PTr. Au niveau de LPM, nous sommes d’avis qu’il faut une vraie démocratie au PTr », fait-il ressortir.
De son côté, Patrick Belcourt souligne que « c’est vrai qu’En Avant Moris est très courtisé ». « Cependant, nous ne sommes pas en campagne politique actuellement. Au bureau, nous n’avons aucun mal à recevoir les émissaires. Le pays est dans une impasse terrible au niveau social et économique. Nous ne pouvons pas alimenter et tolérer la paresse des parlementaires », déclare-t-il.
Avant d’ajouter ceci : « Navin Ramgoolam est le leader d’un grand parti, qui est empêtré dans ses affaires. Laissons la justice faire son travail. »
Arvin Boolell : «Il ne faut pas ‘narrow the issue to one person’»
Arvin Boolell est d’avis qu’il faut « séparer la chose juridique de la politique ». « Il s’agit d’un retrial. Navin Ramgoolam est en train de payer les conséquences d’un manque de rigueur. Nous sommes tous responsables. Le plus grand tort incombe à la classe politique. Il ne faut pas narrow the issue to one person », dit-il.
Et quel est le « mood » au sein du PTr ? « Nous sommes dans un fighting spirit, car il faut faire face à la réalité. L’heure est venue pour une disclosure. Ayons le courage de résoudre ce problème une fois pour toutes », poursuit Arvin Boolell.
Quid de la rencontre avec Bruneau Laurette ? « Elle s’est très bien passée. C’est ma façon de procéder. J’ai eu l’occasion de rencontrer Bruneau Laurette dans le passé, lorsque j’étais leader de l’opposition, et la dernière fois remonte à vendredi. J’en ai fait de même avec Patrick Belcourt. Vous savez, je pars du fait que tous les partis de l’opposition doivent se composer et se recomposer, car il faut pousser le gouvernement vers la porte de sortie », soutient Arvin Boolell.
« Aucune alliance »
Au sein du PMSD, on fait comprendre que l’opposition parlementaire soutient toujours Navin Ramgoolam. « Le nouveau procès dans l’affaire des coffres-forts ne change rien, car il n’y a aucune alliance pour le moment », indique un membre du parti.
Ce dernier souligne que le PMSD collaborera avec le PTr pour les prochaines élections municipales. « De toute façon, le travail de l’Entente de l’Espoir se poursuit. D’ailleurs, le vendredi 2 septembre, il y a eu un congrès à Quinze-Cantons, Vacoas, et d’autres suivront », déclare-t-il.
Dans le camp du gouvernement, on indique que Navin Ramgoolam est le cadet de leurs soucis. « Nous venons d’achever une série de congrès à travers le pays et on se concentre sur les autres activités à venir. D’ailleurs, les branches du parti sont en train d’être organisées », avance-t-on au bâtiment du Trésor. On souligne également que le maître mot du Premier ministre est de continuer le travail commencé en 2019.
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