C’est, par moments, dans un brouhaha indescriptible que le Premier ministre et Leader of the House, sir Anerood Jugnauth, a répondu à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Paul Bérenger, sur « l’affaire Dayal » ce mardi 29 mars. Le chef du gouvernement dit avoir été choqué en lisant la transcription de la bande-son d’une conversation entre l’homme d’affaires Patrick Soobhany et Raj Dayal.
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Dans sa PNQ, Paul Bérenger a voulu savoir pourquoi le Premier ministre a demandé à Raj Dayal de « step down ». Il a aussi demandé si sir Anerood Jugnauth est au courant que des « menaces et des pressions » avaient été exercées sur l’homme d’affaires Patrick Soobhany et sur un journaliste « involved » dans la diffusion de l'enregistrement d’une conversation entre l’homme d’affaires et Raj Dayal. Enfin, Paul Bérenger a voulu savoir si le Premier ministre prendrait des mesures pour empêcher tout « cover-up » dans cette affaire et si le commissaire de police (CP) l’avait informé avoir rejeté une requête de l’Independent Commission against Corruption (Icac) pour arrêter Raj Dayal. Le Premier ministre, répondant à la PNQ de Paul Bérenger, a affirmé que si l’ex-ministre de l’Environnement n’a pas été arrêté le vendredi 25 mars, ce n’est pas parce que le CP aurait donné des instructions en ce sens mais parce que le principal concerné n’avait pas encore complété sa déposition [à l’Icac]. Et si Raj Dayal n’a toujours pas été arrêté jusqu’à présent, c’est parce que les enquêteurs de l’Icac ne sont pas revenus vers le CP Mario Nobin. « J’estime que le CP a eu raison à 100 % », a ajouté le PM. Sir Anerood Jugnauth a aussi soutenu qu’il n’est pas au courant d’une quelconque tentative d’intimidation et de menaces à l’encontre de l’homme d’affaires Patrick Soobhany et du journaliste qui a diffusé la bande-son le mercredi 23 mars. D’ailleurs, a dit le chef du gouvernement, aucune déposition n’a été faite en ce sens. Le Premier ministre a aussi confié qu’il n'a pas écouté la bande sonore en question, mais qu’il en a lu une transcription. Transcription qui, a-t-il affirmé, l’a choqué, d’où sa décision de demander à Raj Dayal de « step down », le temps que l’Icac enquête. « Je tiens à donner l'assurance qu’il n’y aura aucun cover-up comme dans d’autres cas avec le précédent gouvernement », a précisé le Premier ministre. À Paul Bérenger qui voulait connaître l’identité de la personne responsable de l’enquête, sir Anerood Jugnauth a répondu qu’il n’en savait rien. Et il a répondu au député mauve Rajesh Bhagwan qu’il ne savait pas si de l’argent aurait été offert à l’homme d’affaires pour qu'il retire sa plainte. Est aussi intervenu lors de cette tranche le député rouge Shakeel Mohamed. Pour lui, la police fait manifestement preuve « d’une politique de deux poids deux mesures ». Sinon, dit-il, comment expliquer que dans d’autres cas impliquant des membres de l’opposition, celles-ci sont de facto arrêtées alors que Raj Dayal, lui, aurait subi un traitement plus flexible. Cette question a mis le feu aux poudres et provoqué des réactions très vives de la part du Premier ministre lui-même et des bouillants députés du MSM, dont le ministre Showkutally Soodhun et le Chief Whip Mahen Jugroo. Dans un moment d'énervement, sir Anerood Jugnauth aurait lancé un tonitruant « shut up » au chef de file des rouges. Commentaire que Maya Hanoomanjee n'aurait pas entendu. La Speaker a eu toutes les peines du monde à rétablir l'ordre pour permettre au PM de continuer sa réponse. Mieux comprendre l'affaire Raj Dayal fait l’objet d’une enquête de l’Icac après que l’homme d’affaires Patrick Soobhany a porté plainte contre lui le mardi 22 mars. Patrick Soobhany allègue que Raj Dayal a sollicité de sa part une contrepartie (dont les modalités restaient à être définies) pour ses activités politiques en marge de la fête Holi. Cela, en échange d’un feu vert pour un permis Environmental Impact Assessment (EIA) dans le cadre d’un projet immobilier à Gros-Cailloux. Patrick Soobhany a enregistré une conversation qu’il dit avoir eue avec Raj Dayal et a déposé la bande-son à l’Icac. L’ex-ministre de l’Environnement a été convoqué le vendredi 26 mars au siège de l’Icac, où il a été interrogé « under warning » sur les allégations de Patrick Soobhany. Au bout de quatre heures d’audition, Raj Dayal a pu quitter les locaux de l’Icac en homme libre. Or, les enquêteurs avaient transmis une requête auprès du bureau du CP pour procéder à l’arrestation de Raj Dayal pour délits potentiels tombant sous le Prevention of Corruption Act (PoCA). L’Icac étudie désormais l’éventualité d’une autre convocation avant de revenir à la charge. L’Icac a émis, le vendredi 25 mars, un communiqué pour préciser qu’elle se réserve le droit de convoquer Raj Dayal, qui a « step down » de son poste de ministre de l’Environnement le mercredi 23 mars.
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