La tension est montée d’un cran le mercredi 13 décembre en cour intermédiaire lors du procès du Dr Siddick Chady et de Prakash Maunthrooa. La magistrate Wendy Rangan a dû suspendre la séance temporairement après de vifs échanges entre Me Rashid Ahmine, de la poursuite et Me Siddarth Hawoldar, avocat de Prakash Maunthrooa.
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Àl’appel de l’affaire, Me Rashid Ahmine a informé la magistrate Wendy Rangan que la cour de Rotterdam a accepté de renouveler sa collaboration bien qu’elle ait affirmé le contraire lors de la séance précédente.
Toutefois, le Deputy Director of Public Prosecutions (DPP) a ajouté que ce n’est qu’au début de janvier 2018 que les autorités néerlandaises lui communiqueront la date à laquelle la cour de Rotterdam sera disposée à collaborer avec la cour à Maurice.
Me Rashid Ahmine a indiqué que c’est au terme d’intenses négociations que le bureau du DPP a pu convaincre la cour de Rotterdam de revenir sur sa décision de cesser toute collaboration avec Maurice.
L’adjoint du DPP a produit une lettre signée par un représentant du ministre de la Justice néerlandaise à cet effet. Il demande à la cour de lui accorder un renvoi, car la réputation de Maurice est en jeu, vu qu’un ancien ministre et un conseiller du Bureau du Premier ministre (PMO) sont au banc des accusés.
Renvoi
La magistrate Wendy Rangan a accepté de lui accorder un renvoi, mais elle a indiqué que la cour n’est pas disposée à attendre jusqu’à janvier. Elle a accordé cinq jours à Me Rashid Ahmine (18 décembre) pour obtenir une date de la cour de Rotterdam.
C’est à partir de là que la situation a dégénéré. Me Rashid Ahmine demande à la cour de s’assurer que les problèmes techniques ne perturberont pas le contre-interrogatoire du témoin Antonius Theodorus Johannes Wilhelmus de Goede par visioconférence, sinon il évoquera le problème avec le Master and Registrar de la Cour suprême.Une remarque qui provoqué l’intervention de la magistrate Wendy Rangan. « What will you take with the Master Mr Ahmine ? », demande-t-elle. « La cour intermédiaire n’y est pour rien. »
« Whose fault is it then ? », réplique Me Rashid Ahmine à la magistrate Rangan. Celle-ci n’apprécie guère le ton utilisé par l’adjoint au DPP. « I take objection to your tone », fait-elle ressortir. Et Me Ahmine de préciser que le bureau du DPP ne peut négocier avec la cour de Rotterdam et faire face à des problèmes techniques. « Il faut trouver une solution », avance-t-il.
Intervient alors Me Siddarth Howaldar. L’avocat de Prakash Maunthrooa souligne que les problèmes techniques survenus la séance précédente ont causé des inconvénients à la défense et que Me Rashid Ahmine n’avait rien trouvé à redire à ce moment-là.
Le représentant du DPP interrompt Me Siddarth Hawoldar et lance : « They want to kill the case. You have a duty to the court and not only to your client. »
La magistrate Wendy Rangan lève la séance d’urgence et convoque les deux avocats. Avant d’aller voir la magistrate, Me Rashid Ahmine déplore l’attitude de son confrère. « Shame on you. Shame on you », s’exclame-t-il.
Au bout de quelques minutes, la séance reprend. La magistrate affirme qu’elle fera le nécessaire concernant les problèmes techniques et portera l’affaire devant le Master and Registrar, si besoin est.Siddick Chady et Prakash Maunthrooa sont accusés de corruption et d’entente délictueuse dans l’allocation d’un contrat à Boskalis International BV. Cette société avait, en 2006, décroché un contrat estimé à Rs 439 M pour des travaux de dragage dans le port. Elle aurait offert des pots-de-vin de Rs 3 M à Siddick Chady avec la complicité présumée de Prakash Maunthrooa, selon l’accusation. Les deux plaident non coupables.
Prakash Maunthrooa était un Senior Advisor au PMO. Siddick Chady, lui, est défendu par Me Said Toorbuth et Antoine Domingue, Senior Counsel.
La poursuite s’intéresse aux voyages de Prakash Maunthrooa
Prakash Maunthrooa s’est-il rendu en Suisse durant ces quatre dernières années ? Cette question intéresse la poursuite. Une motion a été faite mercredi. Le conseiller au PMO fera connaître sa position sur cette motion de la poursuite le 18 décembre. Me Jean-Michel Ah Sen a indiqué que la poursuite souhaite avoir cette information, vu que la Suisse ne figure pas sur la liste des pays déposée par Prakash Maunthrooa à chaque fois qu’il a demandé l’autorisation de la cour pour voyager.
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