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Affaire Boskalis : cinq jours pour convaincre la cour intermédiaire

Siddick Chady et Prakash Maunthrooa plaident non coupable dans l’affaire.

Le procès intenté à Siddick Chady et Prakash Maunthrooa, pour corruption et entente délictueuse respectivement, tire à sa fin. Le lundi 5 août, la poursuite a débuté son réquisitoire. L’exercice se poursuivra ce mardi 6 août 2019. La défense entamera ensuite ses plaidoiries. Les parties disposent jusqu’au 9 août pour convaincre la cour intermédiaire du bien fondé de leurs arguments. 

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L’heure du jugement se rapproche pour Siddick Chady, ancien Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA) et Prakash Maunthrooa, ancien Senior Adviser au Bureau du Premier ministre (PM). Ils sont poursuivis respectivement devant la cour intermédiaire pour corruption et entente délictueuse. Cela dans l’allocation d’un contrat à la firme néerlandaise Boskalis International bv en 2006. Il s’agit d’un contrat pour des travaux de dragage dans le port. Travaux estimés à Rs 439 millions. La firme hollandaise aurait accordé des pots-de-vin de Rs 3 millions à l’ancien patron du port avec la complicité de l’ancien conseiller au bureau du PM. Les deux prévenus plaident non coupable. 

D’emblée, le lundi 5 août 2019, Me Rashid Ahmine, l’adjoint au Directeur des poursuites publiques (DPP), qui représente avec Me Jean Michel Ah Sen, Principal State Counsel, la poursuite dans le procès, a d’abord souligné quelques fautes de frappe dans le procès-verbal. Il a ensuite entamé son réquisitoire. Durant son exposé  de cinq heures et 30 minutes, l’avocat de la poursuite a récité les faits saillants. Il a dressé dans un premier temps, la chronologie des événements.

Cela depuis 2004, ou la MPA a décidé de mener les travaux de dragage dans le port, jusqu’à la parution d’un article de presse en date du 19 juillet 2008, faisant étant d’allégations de corruption contre Siddick Chady avec, à l’appui, la publication un fac-similé demandant de confirmer la réception de 25 000 dollars américains. Me Rashid Ahmine explique ainsi que suite à l’article de presse, l’Independent Commission Against Corruption (Icac) a initié une enquête dans l’affaire. Le dossier a ensuite été référé au bureau du DPP qui a recommandé à la police d’enquêter.

«Témoignage accablant»

S’agissant de la loi-cadre contre la corruption, à savoir la Prevention of Corruption Act, Me Rashid Ahmine s’est référé aux travaux du Select Committee sur l’Icac. Il a repris les commentaires dudit comité : « La corruption est un gros problème à Maurice, comme dans d’autres juridictions. Un fléau qui affecte les plus démunis ». L’avocat ajoute que son bureau est « résolu à combattre la corruption et poursuivre en justice les fautifs, même s’il y a parmi un ancien ministre ». 

Revenant au cas contre Siddick Chady et Prakash Maunthrooa, l’avocat de la poursuite a soutenu que ce sont les deux « cerveaux de l’affaire ». Il a ajouté que : « rarement ai-je vu une richesse de preuves dans une affaire. Que ce soit des preuves directes ou preuves circonstancielles ». Il se réfère à des e-mails et documents bancaires présentés dans le procès. Il ajoute que les prévenus dans cette affaire « ne s’attendaient pas à ce que la compagnie Boskalis International bv vienne plaider coupable à Maurice. Ils ont tout fait pour ne pas laisser de traces mais il n’y a pas de crime parfait ». 

Me Rashid Ahmine a soutenu que Siddick Chady a amené la firme hollandaise à régler ses dettes auprès de sociétés distributrices de films et auprès de Gilbert Philippe, ex-conseiller au bureau du Premier ministre entre 2006 et 2007.

L’avocat de la poursuite a ensuite ciblé les démarches entreprises par la défense. Notamment lorsque celle-ci a remis en cause l’immunité accordée à certains témoins de l’affaire et aussi la légitimité de la partie de l’enquête qui s’est déroulée à Genève.  « Ce sont des questions secondaires soulevées uniquement pour distraire le tribunal » a soutenu Me Rashid Ahmine. Celui-ci a ajouté que toutes ces questions ont été abordées par la magistrate, qui a rendu pas moins de 19 décisions en droit (rulings). « Accorder l’immunité à certains témoins est une pratique établie dans plusieurs pays. Des fois, il faut accorder l’immunité à des petits poissons en vue d’attraper les gros ». 

L’avocat de la poursuite a parlé de « témoignage accablant » de Gilbert Philippe contre Siddick Chady. L’affaire se poursuit ce mardi 6 août 2019.

 

 

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