Le litige entre liquidateur et administrateur spécial n’aura duré que trois jours. Après une demande d’injonction empêchant le transfert des actifs de la Bramer Banking Corporation, Gérald Lincoln a finalement décidé de démissionner comme liquidateur, laissant le champ libre à Yacoob Ramtoola.
En fin de compte, Gérald Lincoln, d’Ernst & Young (EY) a préféré céder la place à Yacoob Ramtoola de BDO pour gérer les actifs de la défunte Bramer Bank. Hier, les partenaires d’EY ont eu une session de travail avec leurs vis-à-vis de BDO, malgré l’absence de Gérald Lincoln, actuellement à l’étranger, pour effectuer le transfert des dossiers de la Bramer Banking Corporation vers BDO. Une réunion qui a fait suite à la démission de Gérard Lincoln comme Receiver Manager de Bramer dans la nuit de mercredi à jeudi. Yacoob Ramtoola pourra donc procéder à la réalisation des actifs de la Bramer pour rembourser les clients du plan Super Cash Back Gold (SCBG) de l’ex-BAI, conformément à la décision prise au Conseil des ministres, le 12 février dernier.
Gérald Lincoln se trouve actuellement à Madagascar et n’était pas disponible pour commenter l’affaire, mais Yacoob Ramtoola assure, de son côté, que tout se passe comme prévu. « On est en train de travailler sur le transfert de tous les dossiers », confie-t-il au Défi Quotidien. « Cela se passe très bien et nous recevons toute la collaboration de l’équipe de Gérald Lincoln. » Il affirme qu’après le transfert complet des dossiers, BDO pourra s’atteler à la vente des actifs de l’ex- Bramer et transférer les fonds au National Property Fund. L’argent sera alors utilisé pour rembourser les clients du SCBG.
La démission de Gérald Lincoln intervient trois jours à peine après les débuts de la confrontation entre BDO et lui autour des actifs de l’ex-Bramer. Ce lundi 29 février, il obtient un ordre intérimaire de la Cour interdisant à BDO de transférer les actifs de la Bramer vers le National Property Fund. La raison : en tant que liquidateur, nommé en novembre 2015 par la Banque de Maurice sous les provisions de la Banking Act, c’est à lui qu’il revient de gérer les actifs de l’ex-Bramer.
Or, Yacoob Ramtoola, nommé Special Administrator sous les provisions de l’Insurance Act, estime avoir préséance sur toutes les filiales de la BAI, dont la Bramer. D’ailleurs, dans l’affidavit juré par Ruben Mooneesawmy, manager d’EY, le lundi 29 février, BDO est accusée d’avoir eu recours à des « verbal threat to avail themselves of the assistance of the police force » afin d’avoir accès aux dossiers de la Bramer.
Un flou dans la loi
L’ordre intérimaire obtenu à travers l’affidavit a toutefois été levé, jeudi, après la démission de Gérald Lincoln comme liquidateur de la Bramer. Le communiqué de la Bramer émis dans le sillage précise que Gérald Lincoln a soumis sa démission, car il considère que « prolonging this legal imbroglio would not be conducive to the best interests of Mauritius as an International financial centre ». Dans un autre communiqué, BDO précise la situation : « Yacoob Ramtoola, en sa capacité de Special Administrator, agira pour la BAI Co. (Mtius) Ltd et de toutes ses filiales, incluant l’ex- BBCL. » Pourquoi se rétracter maintenant, alors que tout semblait parti pour une bataille juridique sur le rôle du liquidateur et celui de l’administrateur spécial? « Je crois que Gérald l’a bien expliqué dans le communiqué, déclare Yacoob Ramtoola. Il considère qu’il y a un flou dans la loi sur les responsabilités conférées par la Banque centrale. Pour nous, il n’y a jamais eu de flou. Mais dans l’intérêt national, il a décidé de se retirer. » À RadioPlus, Yacoob Ramtoola a également précisé qu’il avait eu une conversation avec Gérald Lincoln mercredi et que ce dernier envisageait déjà de démissionner.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !