La juridiction mauricienne est de nouveau citée dans un scandale lié au blanchiment d’argent. Hindenburg Research, qui a enquêté sur Adani Group, identifie Maurice comme un « paradis fiscal ».
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En quête de nouveaux investisseurs étrangers, le secteur financier mauricien se retrouve une nouvelle fois mentionné dans une affaire de fraude. Selon les enquêtes menées par Hindenburg Research, le groupe Adani « s’était engagé dans des transactions suspectes de plusieurs milliards de dollars américains. Cela, avec le frère de son président, Vinod Adani, qui compte un labyrinthe d’entités offshore, dont 38 à Maurice, ainsi que d’autres aux Émirats arabes unis, à Chypre, à Singapour et dans diverses îles des Caraïbes ».
En effet, le groupe Adani - deuxième plus grand conglomérat en Inde, dirigé par le quatrième homme le plus riche du monde, Gautam Adani - compte 38 entités et une dizaine de fonds installés à Maurice. Selon Dhanesswurnath Thakoor, Chief Executive Officer (CEO) de la Financial Services Commission (FSC), les entités sont principalement des Global Business Companies.
Quant aux fonds, ils ont été mis en place entre 1996 et 2012. Toutefois, les points de l’enquête d’Hindenburg Research dans laquelle Maurice est cité seront décortiqués au cas par cas par le régulateur des services financiers. La Financial Services Commission s’attèlera dans un premier temps à étudier les Compliance Reports de ces entités. « Nous solliciterons les Management Companies pour obtenir ces rapports. Il faut faire ressortir que la FSC a effectué des ‘normal inspections’ entre 2020 et 2021 sur les fonds liés à Adani Group. Il s’avère qu’ils sont en conformité avec la loi en termes de substance, disposant, par exemple, d’un directeur », explique Dhanesswurnath Thakoor.
Le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, soulignait sur les ondes de Radio Plus, le 30 janvier, que toutes les entités qui opèrent sous une licence de la FSC doivent montrer de la substance. « C’est faux de parler d’entité coquille, car il faut respecter les conditions à Maurice. Les autorités locales et indiennes partagent des informations depuis 2020. Celles-ci poursuivront leur enquête pour savoir de quoi il en est », a-t-il déclaré.
Le rapport d’Hindenburg Research comporte 88 questions adressées spécifiquement au groupe Adani. Toutefois, la firme spécialisée dans la recherche financière légale et fondée par Nate Anderson, reproche à Adani Group d’avoir répondu uniquement à 62 d’entre elles. Le groupe indien se dit, pour sa part, « choqué et profondément troublé » du contenu du rapport d’Hindenburg Research qu’il décrit comme étant « ni indépendant, ni objectif, ni bien documenté et une combinaison malveillante de désinformation sélective et de faits dissimulés relatifs à des allégations sans fondement et discréditées pour alimenter une arrière-pensée ».
La réputation mauricienne
Selon Hindenburg Research, Gardenia Trade and Investments est une entité basée à Maurice qui n’a pas de site Web, pas d’employés sur LinkedIn, pas de présence sur les médias sociaux et pas de présence apparente sur le Web. La firme demande des explications sur un prêt impliquant l’un de ses directeurs, Subir Mittra, le responsable du Family Office privé Adani et l’entité à hauteur de 692,5 millions de dollars.
Or, Adani Group estime « malheureux » que le rapport de Hindenburg « semble inclure une caractérisation de ce qui est un historique d’offres d’emploi d’individus sur LinkedIn en tant que revendeurs d’une relation étroite, ce qui découle d’un manque de compréhension des lois dans les juridictions concernées et de l’existence et du travail effectué par des entreprises indépendantes fournissant des services de secrétariat dans ces juridictions ».
Toujours est-il que le fait que la juridiction mauricienne soit incluse dans le rapport dans la catégorie de paradis fiscaux ne sera pas sans conséquences sur le secteur financier. Dhanesswurnath Thakoor est d’avis qu’il faudra un énorme travail de marketing afin de changer cette perception. Pour rappel, le ministre des Services financiers dirigera une délégation pour une mission de promotion en Inde, du 6 au 13 février. Le CEO de la FSC soutient que ce sera l’occasion de démystifier cette perception. « Maurice est conforme aux standards de Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concernant la taxation. Notre loi ne comporte pas de concept de société écran. Il nous faut redorer l’image de la juridiction à l’échelle internationale », a-t-il argué.
Que fait Adani Group ?
Organisation diversifiée en Inde, Adani Goup compe une capitalisation boursière de plus de sept sociétés cotées en bourse. Le groupe, qui a pour président Gautam Adani, opère dans quatre grands secteurs verticaux. Il s’agit d’activités du secteur des infrastructures, d’industries primaires ou encore de la vente directe au consommateur (Emerging B2C).
Atelier OACPS ; des réunions bilatérales en vue
L’atelier de travail par l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, qui a débuté le 26 janvier à Maurice, a pris fin le 30 janvier. Il était axé sur la fiscalité et lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Selon le président du groupe de contact ministériel ad hoc de l’OACPS sur la liste de l’UE des juridictions non coopératives à des fins fiscales et la liste des pays du tiers monde, Mahen Seeruttun, les échanges vont se poursuivre.
« Plusieurs pays ont déjà organisé des réunions bilatérales et ont exprimé leur intention de continuer à collaborer pour s’entraider, notamment dans le cadre du processus International Co-operation Review Group (ICRG) », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.
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