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Adrien Duval élu Speaker dans le tumulte : comportement des élus vs décorum à l’Assemblée nationale

L’élection d’Adrien Duval jeudi a donné lieu à un véritable chaos au sein de l’hémicycle.

L’élection d’Adrien Duval au poste de Speaker, jeudi, a transformé l’Assemblée nationale en un champ de bataille verbal. Des observateurs estiment qu’au-delà des fractures profondes entre les membres de l’opposition et la majorité, cette agitation révèle la nécessité d’une réflexion profonde sur le comportement de nos élus.  

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Cris, insultes, interruptions incessantes… L’Assemblée nationale a été le théâtre d’une scène houleuse, le jeudi 18 juillet 2024, lors de l’élection d’Adrien Duval au poste de Speaker. Les membres de l’opposition ont manifesté bruyamment leur mécontentement, transformant l’hémicycle en un véritable champ de bataille verbal, avec leurs critiques acerbes. 

Cette nomination contestée n’a pas seulement provoqué une levée de boucliers parmi les élus du Parti travailliste (PTr) et du Mouvement militant mauricien (MMM). Elle a également mis en exergue les divisions profondes qui minent l’Assemblée nationale. 

Certains observateurs estiment que cette agitation a terni la crédibilité du Parlement. Nita Deerpalsing, ancienne députée du PTr, ne mâche pas ses mots à l’égard de l’opposition pour son comportement au moment de la prestation de serment d’Adrien Duval. Une attitude qu’elle qualifie sans détour de « honteuse ». Elle souligne la gravité de la situation et la nécessité d’une réflexion profonde sur le comportement de nos élus. 

« Vinn braye kouma bann dernie vwayou… Li pa fer oner ditu a nou parlman. Ilegal ou non, an tan ki sitwayin, mo atann ki lopozision ena enn konportman pli elegan anver enn Institution kouma parlman », a-t-elle postée sur sa page Facebook en fin de semaine. 

Pour elle, autant les membres de l’opposition parlent d’institution, autant ils ne savent pas faire la différence entre une institution et « bann oranz ki finn fer antors a Constitution ». Nita Deerpalsing a aussi laissé entendre dans sa publication que ceux qui ont provoqué cette agitation dans l’enceinte du Parlement font désormais partie de la liste de ceux qui n’ont aucun respect pour cette institution qu’est l’Assemblée nationale. « Laont ! » a-t-elle conclu.

Décorum et dignité 

« L’opposition a franchi toutes les limites », a déclaré, pour sa part, le ministre du Light Rail et du Transport terrestre, Alan Ganoo, lors d’une conférence de presse jeudi soir. Pour lui, un tel comportement a engendré une atmosphère d’animosité et d’invectives entre les deux camps. Il a ajouté que ces « manifestations » sont « sans précédent » dans sa carrière parlementaire. 

Jocelyn Chan Low, observateur politique, est, lui, d’avis que ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale jeudi au moment de la prestation de serment d’Adrien Duval a desservi la cause de l’opposition, surtout parmi les indécis. « C’est la sobriété dans l’action et dans les paroles qui ramène les indécis », dit-il. 

Il souligne l’importance de distinguer le Parlement de ce qu’il appelle le « caisse savon ». « Le monde a les yeux braqués sur Maurice, car le pays est perçu comme exemplaire. Au sein de l’hémicycle, il y a un décorum à respecter. Il faut garder la dignité et la solennité de l’institution. Il doit également y avoir un niveau dans les débats », a ajouté l’observateur politique.

Arvin Boolell : « Nous ne ferons pas de demande d’injonction en Cour » 

L’opposition envisage-t-elle de déposer une demande d’injonction en Cour afin de contester la nomination d’Adrien Duval ? « Non. Il y a déjà trois cas devant la justice concernant la violation des droits constitutionnels. En sus de cela, il y a toujours une équipe constitutionnelle qui étudie les avenues légales possibles », fait-il comprendre. 

Le leader de l’opposition, qui a été parlementaire pendant environ 35 ans, insiste qu’il est important qu’il n’y ait pas de complicité entre le  Leader of the House et le President of the House. Ce dernier, dit-il, doit être « fiercely independant ». Il déplore également le fait que les Standing Orders de l’Assemblée nationale sont périmés. 

Sanjeev Teeluckdharry, ex-Deputy Speaker : « Le GM a fait fi de l’article 50 de la Constitution » 

Sanjeev Teeluckdharry avance que c’est le Deputy Speaker qui aurait dû présider la séance de jeudi en vertu de l’article 50 de la Constitution. Selon lui, si ce dernier est absent, c’est un membre élu de l’Assemblée qui est apte à présider la séance. 

« Je n’ai rien de personnel contre Adrien Duval. C’est un confrère du barreau. Mais le gouvernement a fait fi de l’article 50 de la Constitution. L’élection du nouveau Speaker pourrait être remise en question devant la Cour et ainsi être déclarée contraire à l’article 50 de la Constitution, et donc nulle et non avenue en vertu de celle-ci », précise-t-il. 

Intervenant en sa qualité d’ancien Deputy Speaker, il désapprouve toutefois l’agitation qui a prévalu dans l’enceinte de l’Assemblée nationale jeudi : « Pa deklar bouncer dan parlman. Les élus doivent se comporter correctement. Quand les choses ne marchent pas correctement, ils doivent se tourner vers la Cour suprême. » 

Selon lui, les parlementaires doivent être une source d’inspiration pour les générations à venir. « Le travail de parlementaire est prestigieux. Ils doivent faire honneur à leur titre d’honorables », souligne l’ex-Deputy Speaker.

 

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