Faits Divers

Admis à l’unité des grands brûlés : un quinquagénaire survit grâce à l’héroïsme de ses voisins

Un homme de 57 ans s’est retrouvé prisonnier des flammes dans l’incendie de sa maison à Baie-du-Tombeau, aux petites heures du dimanche 18 septembre. Ce poissonnier qui vit seul est sorti de ce brasier grâce à l’intervention courageuse d’un couple de voisins.

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«Si zot pas ti la, mo ti pou fini mor. Pa premye fwa zot tir mwa dan problem », nous confie péniblement Rajendra Kumar Prayag, plus connu comme Dhiraj. L’homme de 57 ans fait peine à voir sur son lit à l’unité des grands brûlés de l’hôpital Victoria, à Candos. Il est couvert de bandages et son visage a été gravement atteint. Les traces laissées sur sa bouche, ses mains, son bras, son dos et le haut de son corps témoignent du terrible incendie auquel, il a dû faire face lors de cette nuit fatidique.

Toutefois, si l’homme respire toujours, c’est grâce au couple Jérôme et Marie Ornella Ng, ses voisins, qui n’ont pas hésité à braver les flammes pour le sauver, ce, au péril de leur vie. « Je connais Dhiraj depuis l’enfance. C’est une personne attachante. Cependant, il lui arrive de prendre quelques verres de trop et de déraper. Je lui ai parlé à maintes reprises pour qu’il cesse. Il y a quelques mois de cela, il s’est fait tabasser par un proche. Personne n’est intervenu. Je me suis alors interposé pour le sortir des griffes de son agresseur », relate Jérôme.

Ayant toujours un œil sur son voisin, le couple n’hésite pas à lui porter secours une fois de plus, lorsqu’un incendie éclate chez Dhiraj. Jérôme dit qu’il n’a pas réfléchi une seule seconde. « Je recevais des invités ce soir-là. Nous avons veillé jusqu’à tard. Vers 1 heure, mon épouse m’a dit que la maison du voisin était en feu. J’ai tout de suite pensé à Dhiraj. J’étais sûr qu’il était encore à l’intérieur », indique le technicien. Sans perdre un instant, il se rue vers la maison en tôle.

«Sap mwa, sap mwa»

« Mo tann li kriye : sap mwa, sap mwa », poursuit le voisin. La porte étant verrouillée, il n’a pas d’autre choix que de l’enfoncer. Une fois à l’intérieur, Jérôme se retrouve dans un véritable four. Alors que la maison s’embrase, il tente de se frayer un chemin vers la chambre de son ami à travers d’épaisses fumées. Très vite, les poutres de bois et les feuilles de tôles commencent à céder un par un. « Il avait perdu connaissance à côté du lit », se souvient notre interlocuteur.

Mais à bout de souffle, Jérôme doit retourner sur ses pas. « Monn resorti pou respire », explique-t-il. Entre-temps, à l’extérieur de la maison, Sanjay, le frère de Dhiraj et d’autres proches préviennent la police et les sapeurs-pompiers. En attendant les secours, ils tentent tant bien que mal de circonscrire le feu. « Pa kapav koste ek lakaz la. Nou ti pe bizin avoy delo depi lwin mem », relate le frère de la victime.

Plus les secondes passaient, plus le feu gagnait en intensité. Mais pas question de laisser leur ami périr dans les flammes. Jérôme s’est à nouveau lancé dans cette fournaise. Une nouvelle fois, la fumée envahissante rend toute progression dans la maison difficile. À bout de souffle, il ressort prendre l’air et « mo rerentre. » Le courageux voisin se rend compte que son acte est certes brave mais périlleux. « Trwaziem fwa la enn poto inn tonbe. Mo resi al kot so lili. »

Jérôme tente alors de soulever la victime, mais dans de telles conditions, il se retrouve à nouveau à court de respiration. « Je me suis dit que c’en était fini pour moi également », raconte-t-il. En effet, se retrouvant en difficulté à son tour, Jérôme appelle à l’aide. « Monn kriye vinn sap nou », dit-il. Mais alors qu’il s’attendait à voir surgir un ami, « c’est mon épouse qui est apparue au milieu de ce brasier. Cela m’a donné plus de courage. Nous avons pu soulever Dhiraj pour le sortir des flammes. »

Trois inervention en trois semaines

Marie Ornella nous confie qu’elle voulait s’assurer que son époux et Dhiraj sortent de la maison en feu. « Ler monn trouv mo misie rant dan lakaz la monn swiv li. Monn mazine si gaz eklate ki pou arriver. Se a traver so kouraz ki monn gagn kouraz rant dan sa dife la mwa si », lâche la mère de famille, ajoutant n’avoir « pas vraiment pensé aux enfants. Il fallait juste les sortir de ce brasier. Même s’il s’agissait d’une autre personne, nous aurions agi de la même manière. »

À leur arrivée, les pompiers ont pu circonscrire l’incendie, mais le feu avait tout ravagé sur son passage. « Mon frère vit seul. Il a tout perdu. Quelques minutes de retard, c’en était fini de lui », lâche Sanjay. Depuis ce jour, les proches de Dhiraj ne cessent de remercier les Ng. « On nous félicite, mais nous ne sommes pas des héros, juste des gens simples. Tout bon citoyen aurait agi de la même façon », lâche modestement Jérôme.

Voilà plus de deux semaines que Dhiraj est admis à l’unité des soins intensifs. Même s’il a repris connaissance, il n’est pas hors de danger pour autant. Ses proches sont inquiets. « Quand il avait repris conscience, il pouvait parler mais après quelques jours son état s’est détérioré. Notre mère de 78 ans a tenu à venir lui rendre visite », lance le frère. Dhiraj a subi une troisième intervention le 4 octobre. C’est d’une voix à peine audible qu’il revient sur cette sombre soirée où il a failli perdre la vie.

Il confie vivre dans cette modeste bicoque depuis huit mois. Le jour de l’incendie, Dhiraj explique qu’il avait allumé une bougie. « Je l’avais placée devant une statuette de Saint-Antoine, avant de prendre sommeil. Enn kou monn leve, monn trouv lafime pe sorti lor mwa. Monn zet mo lekor ek roule anba pou tengn dife la. » La suite, dit le quinquagénaire, il s’en souvient vaguement. « Je dois remercier Jérôme. À sak fwa ena problem, li mem ki tir mwa. » L’homme dit espérer des jours meilleurs. « Prie bondie pou mwa », lance-t-il lorsque nous prenons congé de lui.

 

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