Adi Jhalsa Crew : déguisés en femmes, ils promeuvent le «geet gawai» et le «lalna»

Ils brisent les tabous tout en faisant la promotion de la culture et de la langue des ancêtres. Adi Jhalsa Crew existe depuis cinq ans. Le groupe fondé par Aditya Goorvadoo, 24 ans, est composé de six jeunes danseurs et trois musiciens. 

Aditya Goorvadoo est passionné par la danse tout comme son groupe de danseurs qui sont, comme lui, homosexuels. « Je les ai rencontrés quand je livrais des représentations des divinités comme Durga, Kali et Shiva dans le cadre de Maha Shivratri et Durga Pooja au Grand-Bassin. » Ces représentations lui permettent de raconter la mythologie indienne à la nouvelle génération et de préserver la culture. 

« Il y a quelques années, j’ai assisté à la soirée ‘geet gawai’ organisée avant le mariage de ma cousine. Un des danseurs s’était déguisé en femme. Sa chorégraphie m’a plu. L’idée m’est alors venue de perpétuer les rites et rituels légués par nos ancêtres dont le ‘geet gawai’ et le ‘lalna’ », raconte l’habitant de Saint-Paul qui exerce aussi comme maquilleur et coiffeur. 

Aditya Goorvadoo explique que le « lalna » est une cérémonie organisée en l’honneur d’un nouveau-né. « En Inde, les bénédictions des ‘kinnar’ ou les ‘hijra’ (transgenres) sont considérées comme étant précieuses. Les transgenres sont donc invités à livrer une prestation pour chaque heureux événement », dit le jeune homme, qui affirme avoir le soutien de son entourage et de son petit-ami. 

Cela leur prend deux heures et demie pour se déguiser. « Il nous faut nous assurer que notre maquillage nous confère des traits féminins pour bien incarner notre rôle. Nous choisissons aussi notre perruque et notre ‘lehenga’. J’ai une préférence pour le sari », indique Aditya Goorvadoo. 

Il avance que la forme d’art de l’Adi Jhalsa Crew est respectée et admirée là où ils se rendent. « Cela me fait chaud au cœur quand les gens nous respectent, par exemple quand les nouveaux mariés s’inclinent devant moi et demandent ma bénédiction. »