Activités nocturnes: la formule 24/7 fait toujours débat

L’affluence des Mauriciens à la capitale pendant le festival Porlwi by Light illustre le besoin d’activités nocturnes. Le débat sur l’introduction de la formule 24/7 à Maurice semble maintenir le statu quo. Est-elle vraiment réalisable ?

La nuit, est-elle seulement le contraire du jour ? Pendant des années la vie de nombre de nos concitoyens a été rythmée par le cycle répétitif des journées soit du lever du soleil à la tombée de la nuit. Mais aujourd’hui les choses changent. Le festival Porlwi by Light dans la capitale, du vendredi 4 au dimanche 6 décembre, a levé le voile sur une faiblesse de notre société. C’était l’effervescence dans les rues de Port- Louis. Les gens faisaient du shopping et profitaient pour dîner en famille dans les restaurants qui étaient ouverts jusqu’après minuit. C’est une preuve du manque d’activités nocturnes à Maurice. Pourquoi ne pas instaurer la formule 24/7 ? Telle est la question que se posent nombre de Mauriciens. Plusieurs facteurs doivent être pris en considération avant d’instaurer la formule 24/7. Ce projet a pendant longtemps fait débat. Mais il ne s’agit pas là qu’une question de changer des habitudes des Mauriciens. Plusieurs points élémentaires doivent être examinés au préalable.

La sécurité est un must

Parlons d’abord de la sécurité. Selon l’inspecteur Shiva Cooten, responsable du service de presse de la police la sécurité est un ‘must’ quand on parle d’activités nocturnes. Tout un système est appliqué par la force de l’ordre lors de telles activités. « Lors des grands événements tels que Porlwi by Light, la police déploie de nombreux effectifs pour assurer la sécurité. De plus, pendant la période des fêtes de fin d’année, les activités commerciales sont étendues jusqu’à fort tard la nuit. Nous avons déjà un plan de travail spécifique pour cette période », affirme l’inspecteur. La sécurité prend un autre aspect pendant la nuit, fait ressortir notre interlocuteur. C’est pour cette raison que plusieurs policiers sont postés dans les artères principales des villes et d’autres régions très fréquentées. Pour assurer la sécurité des membres du public lors des mouvements de masse la nuit, un système de ‘Stop and Search’ a été mis en place sur l’autoroute. Des officiers de la Special Mobile Force (SMF) interceptent des véhicules suspects avant leur entrée dans les régions fréquentées. « Cela nous permet de réduire au minimum les risques de problème. D’autres facteurs tels que le stationnement des véhicules et la circulation doivent être pris en considération avant d’instaurer la formule 24/7. Je suis d’avis qu’un travail doit être effectué de concert par toutes les autorités concernées. La sécurité doit être prise au sérieux», insiste l’inspecteur Shiva Cooten. Divers délits tels les vols à l’arraché et le picpoketing sont les plus fréquents au cours des activités nocturnes. « Il va falloir s’attarder sur la sensibilisation de la population. Il est important de savoir se comporter et d’avoir une bonne attitude. Il faut éviter les comportements à risques », explique-t-il. Tous ces facteurs doivent être pris en considération avant d’introduire le 24/7, insiste l’inspecteur Shiva Cooten.

Le système de transport doit être revu

Si le métro fonctionne 24 sur 24 et 7 sur 7 dans les grandes villes du monde, à Maurice les transports publics s’arrêtent bien avant minuit. Sur certaines lignes avant 19h. Pour que la formule 24/7 soit réalisable, les autorités doivent régler tout d’abord le problème du transport qui est un facteur important. Pour Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Bus Owners’ Association, il y a toute une réorganisation à faire au niveau du transport à Maurice. Il avance qu’il faut revoir le système et pallier au manque d’effectifs. « Beaucoup sont contre l’idée de faire des heures supplémentaires. Il faut alors avoir recours à des travailleurs étrangers. Il est aussi important d’assurer la sécurité du personnel durant le 24/7. On constate que les policiers eux-mêmes n’arrivent pas à contrôler des individus dans des centres urbains denses. Les passagers qui sont sous l’influence de l’alcool et qui se livrent à des actes de  vandalisme sont un sérieux problème », affirme Sunil Jeewoonarain.  

Qu’en pense le public ?

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Bhavna Ramkissoon, enseignante: « Les Mauriciens se lasseront…»

« Ce serait intéressant d’avoir des activités nocturnes à Maurice. Mais il faut bien réfléchir comment l’instaurer d’une façon permanente. Les Mauriciens se lasseront si les activités sont répétitives. Plusieurs facteurs doivent être pris en considération surtout les facilités de transport ».

David Huët, entrepreneur: « Les habitudes sont difficiles à changer »

« J’estime que la formule 24/7 à Maurice n’est pas et ne sera jamais pour les Mauriciens de la génération actuelle. Ces personnes ont leurs habitudes, très difficiles à changer. Il faut des activités vraiment attrayantes telles Porlwi by Light. À Maurice le souci principal c`est qu`il y a un manque de loisirs, et avec un concept de 24/7 la question que je me pose est : est-ce que cela ne va pas entraîner les Mauriciens à dépenser plus ? »

Nirvan Mahadeb, ingénieur: « C’est bon pour l’économie »

« La formule 24/7 ne peut qu’être bénéfique pour l’économie du pays. Je suis d’avis qu’elle sera un véritable coup de pouce pour les commerçants. Par ailleurs, les entreprises devront alors redoubler leur personnel et cela favorisera la création de l’emploi. À long terme, cela va permettre à développer plusieurs secteurs et attirer des investisseurs ».  

Ailleurs dans le monde: la vie ne s’arrête pas la nuit

Les fêtes nocturnes se multiplient au fil des années et l’activité urbaine se prolonge plus tard en soirée. L’économie se développe à la faveur de la consommation, les restaurants, les  bars, les casinos et autres commerces. Quatre sur 10 personnes sortent au moins une fois par semaine le soir. Or, selon un article paru dans l’Express.fr, la France paraît globalement en retard. Le métro s’arrête à une heure du matin à Paris, alors qu’à New York, il fonctionne toute la nuit. De plus, les supermarchés, les salons de coiffure, les salles de sport et les transports publics fonctionnent en permanence et cela même dans les petites villes américaines. Par ailleurs, au Japon, plusieurs magasins sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Même, si la nuit est un territoire de conflits et de dangers, ces pays offrent des activités nocturnes à leurs citoyens. En France, par exemple, le coût du travail est élevé le soir.