- Un présumé dealer giflé en direct sur Facebook
- Shiva Coothen : « Nou pa ankouraz person pran lalwa dan zot lame »
Scène surréaliste, le vendredi 12 janvier. Vallée-Pitot se révolte contre la drogue. Des religieux et des travailleurs sociaux bravent les dealers présumés du quartier et les affrontent dans la rue. Leur action citoyenne est filmée et diffusée en direct sur Facebook.
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Un habitant du quartier reçoit une gifle en direct sur Facebook après avoir avoué qu’il était dealer de drogue. Le coup est venu d’un groupe de citoyens en colère, qui ont décidé de faire justice eux-mêmes. Ils se rendent ensuite chez le suspect, qui finit par reconnaître qu’il vend de la drogue. « Mwa ki vann sa laba, pa isi, mwa ki vann sa, mwa ki vann sa », repète-t-il.
La vidéo capte ses aveux sans équivoque. Les membres du groupe lui intiment alors l’ordre d’arrêter son trafic et l’un d’eux lui assène une gifle. « To arete asterla. Arete ar sa, inn dir twa », lui lance-t-il. Le dealer est sévèrement averti de mettre un terme à ses activités concernant la drogue dans le quartier.
La police, alertée, intervient sur les lieux et met fin à la confrontation sans violence. Les organisateurs, eux, déclarent sur Facebook qu’ils vont continuer à se battre pour libérer Vallée-Pitot de l’emprise de la drogue.
« Si lapolis pa trouv nanye, omwin banla pe fer kitsoz », affirment des habitants du quartier que nous avons interrogés. Ils expliquent que plusieurs jeunes sont la proie des trafiquants de drogue et se sont retrouvés piégés dans l’addiction aux stupéfiants. Pour un enseignant, cette « action citoyenne » est un bon début : « Bizin pans lavenir nou zanfan, moem mo ena zanfan pe grandi isi. »
Pour lui, il est important d’éradiquer la drogue sous toutes ses formes dans le quartier. Il appelle au soutien des ONG et groupes sociaux de la localité. Une mère de famille dit, elle aussi, saluer cet acte : « Li bon vander pwazon gagn koreksion, zot finn tro fer. »
Les Casernes centrales : « Nul ne doit prendre la loi entre ses mains »
Sollicité par Le Dimanche/L’Hebdo, l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Public Relation Office (PPRO), affirme que la police est au courant de la situation dans cette partie de Vallée-Pitot. Les limiers, précise-t-il, travaillent sur la base des preuves, des pièces à conviction. Il explique que tout potentiel suspect peut être appréhendé si la police trouve de la drogue en sa possession.
Commentant la diffusion en direct sur Facebook à Vallée-Pitot vendredi, l’inspecteur Coothen rappelle que plusieurs opérations antidrogue ont eu lieu dans ce quartier, ainsi que dans d’autres endroits récemment. « Nous avons fait des opérations là-bas, mais pas dans la maison qui a été ciblée dans la vidéo. » Selon l’inspecteur Coothen, aucun objet incriminant n’avait été découvert lors de la descente de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), la maison étant inoccupée. Toutefois, les individus concernés restent sous surveillance.
l’inspecteur déconseille ce genre d’activité, où des citoyens se substituent aux forces de l’ordre : « Nous n’encourageons personne à prendre la loi entre ses mains. Il y a des conséquences, surtout s’il y a des blessés ou d’autres problèmes. » Il fait savoir qu’« il y aura des actions concrètes là-bas, mais aussi dans d’autres endroits similaires ».
Dans la foulée, il demande la collaboration des habitants de ces quartiers. « Avant que la police n’entre dans ces endroits, les gens du coin alertent déjà les trafiquants et ainsi la police ne trouve rien », regrette-t-il.
Selon Shiva Coothen, les Casernes centrales ont mis en place un système pour éviter les risques de fuites d’informations. « Les gens ont vu comment nous avons fait récemment l’opération à Pointe-aux-Piments. Le commissaire nous a rassurés et il n’est pas prêt à courber l’échine face aux différentes astuces que les trafiquants utilisent », conclut Shiva Coothen.
Un avocat : « C’est à la police de prendre les actions requises »
Aucun citoyen n’est apte à prendre la loi entre ses mains. Nos lois prévoient l’intervention des autorités, notamment la police, dans le cas de tels délits ou infractions à l’ordre public. Dans l’éventualité où un ou des individus disposent de renseignements fiables concernant un quelconque délit ou acte illégal, il est de leur devoir d’alerter la police. C’est ce qu’explique un homme de loi, sous couvert d’anonymat.
Selon lui, un citoyen disposant de preuves liées à une quelconque infraction, doit les remettre à la police. « Il faut laisser le soin à la police de prendre les actions requises. »
D’autre part, l’avocat fait savoir que l’individu giflé et malmené sur enregistrement vidéo peut porter l’affaire à la police par le biais d’une déposition. Dans ce cas précis, l’individu devrait être confronté aux allégations selon lesquelles il serait un dealer de drogue. « S’il y a des aveux lors de la déposition, après ses dires dans la vidéo, il devrait faire l’objet d’une enquête. Toutefois, si la police n’a pu mettre la main sur les pièces à conviction, notamment la drogue, dans ce cas, il ne pourra être poursuivi pour trafic de drogue. »
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