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Achetés par le ministère de la Santé : 1800 flacons de sirop expiré jetés dans la rue

18 cartons de sirop antitussif pour enfants périmé ont été déposés sur le trottoir à la rue D’Artois, à quelques encablures de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, Port-Louis. Sur les boîtes, on peut lire que ces médicament ont été achetés par le ministère de la Santé…

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Les habitants de la rue D’Artois et des rues avoisinantes n’en croyaient pas leurs yeux. Samedi matin, ils ont découvert sur le trottoir 18 cartons contenant chacun 100 flacons de sirop antitussif pour enfants. L’étiquette sur les boîtes indique qu’ils ont été achetés par le ministère de la Santé. De la marque Mix-Expectorant Pediatric, ce sirop, qui a été fabriqué en septembre 2009 en Inde, est arrivé à expiration en août 2011.

Mix-Expectorant Pediatric

Mix-Expectorant Pediatric est un sirop contre la toux pour les enfants âgés de moins de 12 ans. Le sirop contient du diphenhydramine, du chlorure d’ammonium, du citrate de sodium et du menthol. Il est fabriqué par la compagnie Swiss Parentreal PVT au Kerala dans le district d’Ahmedabad, en Inde. 

Pour les habitants du quartier, deux énigmes doivent être élucidées. Primo, comment ces flacons d’un médicament expiré se sont retrouvés dans la rue ? Secundo, pourquoi n’ont-ils pas encore été détruits quatre ans après la date de péremption ?

« Nous ne comprenons pas comment 1 800 fioles de sirop ont ainsi été jetées dans la rue. Il semblerait qu’il n’y ait pas de contrôle rigoureux des médicaments périmés. Une enquête doit être ouverte pour établir les responsabilités », estiment-ils.

Un haut cadre du secteur privé, qui habite à quelques pas, fait ressortir qu’il est facile de savoir de quel établissement hospitalier proviennent ces médicaments si la distribution a été faite selon les règles.

« Chaque boîte est référencée par un Carton No. À mon avis, au moment de  la livraison, le préposé au store doit inscrire dans un registre le nombre de boîtes par établissement et les numéros de référence. »

Tout indique que pour cette cargaison, la firme indienne Swiss Parenterals PVT Ltd a livré 1 200 cartons – soit 120 000 flacons – au ministère de la Santé, à travers, Anichem Pharmacy, son représentant à Maurice.

Selon un généraliste, ce sirop, composé de chlorure d’ammonium, de citrate de sodium et de menthol, représente des risques énormes à la santé, s’il tombe entre de mauvaises mains « Si une personne prend ce médicament périmé à fortes doses, il y aura des conséquences graves sur sa santé », explique-t-il. Le médecin estime que ce cas de négligence pourrait être une aubaine pour les toxicomanes. « Toutefois, si un toxicomane prenait ce sirop à fortes doses, il pourrait sombrer dans un profond sommeil. S’il faisait un mélange avec d'autres médicaments ou d’autres substances, il pourrait perdre la vie », poursuit-il.

Toutes nos tentatives pour avoir une déclaration du ministère de la Santé se sont révélées vaines.

L’irresponsabilité de ceux chargés de se débarraser de ces cartons de sirop expirés est décriée.

Siddicq Khodabaccus : «C’est scandaleux !»

Siddicq Khodabaccus, président du syndicat des pharmaciens, trouve scandaleux que du sirop antitussif périmé soit ainsi jeté dans la rue. « Exposé au soleil, le médicament dégage un gaz toxique qui est très dangereux pour les passants qui le respirent », dit-il.

Siddicq Khodabaccus milite pour un National policy of unused drug disposal. Il explique que le ministère de la Santé doit établir des guidelines pour réglementer la destruction des médicaments expirés.

À Maurice, il n’existe aucune réglementation concernant la manière de se débarrasser des médicaments périmés. Le public ignore ce qu’il faut faire quand un lot de médicaments qu'il a gardés ont dépassé la date de péremption. Siddicq Khodabaccus est d’avis qu’il faut mettre en place des points de collecte dans les hôpitaux, cliniques, dispensaires et pharmacies privées pour qu’on y dépose des médicaments inutilisés et périmés.

« Normalement quand un médicament arrive à expiration dans une pharmacie, le propriétaire du commerce doit en informer le ministère de la Santé pour lui demander de venir prendre les médicaments pour être détruits », explique le président du syndicat des pharmaciens.

 

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