À deux semaines de la fête du grand barbu qui fait rêver les enfants et illumine les yeux des adultes, centres commerciaux, magasins et rues débordent d’activité. Entre la féerie des décorations et les listes d’achats, chacun semble trouver une raison de célébrer ou de se recueillir. Car quand la lumière de Noël jaillit, tout brille, et nous avec…
Mardi 10 décembre 2024. L’ambiance festive flotte déjà dans l’air. On ressent l’élan de solidarité. Les uns se disent bonjour. On découvre des Mauriciens qui vivent comme des Mauriciens, avec de la joie au fond du cœur.
Nous ne sommes qu’à la mi-journée et Bagatelle est déjà bondé, vibrant d’une effervescence particulière. Les mamans, souvent désignées « babysitters » durant les vacances scolaires, se mêlent à la foule joyeuse. Les familles, couples et groupes d’amis se côtoient dans une ambiance bon enfant.
Aux tables du food court, les conversations, entre éclats de rire et effluves de plats variés, témoignent d’une envie partagée de savourer ce moment festif. Aurore, 32 ans, femme au foyer, célèbre son anniversaire avec son époux Christopher, 38 ans, Web Developer, et leur fils Romain, deux ans. « On est venus à Bagatelle pour déjeuner. Mon mari a pris un jour de congé.
On en profite pour faire du shopping. Ce ne sera pas la folie, mais un shopping réfléchi pour gâter nos nombreux neveux et nièces et, bien sûr, notre petit ange Romain », confie-t-elle.
Au menu de cette famille attablé dans ce restaurant connu et spécialisé en fruits de mer : riz safrané, poulet croustillant, crevettes, sushi, beignets, citron, huîtres cuites façon coquilles Saint-Jacques, le tout accompagné d’un pot de citronnade. Une pause gourmande avant d’affronter les allées bondées.
À quelques tables de là, l’ambiance est plus sobre. Géraldine, Lucinda et Kiara, 12 ans, parcourent les boutiques sans réel enthousiasme. « Cette année, Noël n’est pas à l’agenda. Nous sommes en deuil depuis que maman Benita nous a quittés en mars 2023 à l’âge de 56 ans. Elle était le pilier de notre famille. Faire la fête sans elle serait inconcevable », confie Géraldine, visiblement émue. Malgré tout, elles ont décidé de faire quelques achats, mêlant le poids du deuil à une envie timide de perpétuer certaines traditions.
Quelques tables plus loin, on croise un jeune couple, Urvashi, 29 ans, Health Care Assistant, et son mari Bintish, 35 ans, consultant. « Il est vrai que Noël trouve ses origines dans le christianisme, mais c’est aussi devenu une fête nationale voire mondiale. En réalité, chaque jour c’est Noël, car il y a toujours des ‘sales’. Nous on est là pour déjeuner et pour passer un petit moment en couple et faire du shopping », indique-t-elle.
À Tribecca, le shopping prend une tournure différente. Les caddies débordants ont laissé place à des achats plus réfléchis, notamment dans le rayon électroménager. Les « air fryers » cartonnent.
« C’est la tendance : manger bien sans huile, ni graisse. Les gens privilégient une alimentation saine, surtout les jeunes couples. La plupart des clients viennent pour cet appareil », explique Sharleen (prénom modifié à sa demande), une vendeuse. Elle ajoute que l’enseigne vend aussi beaucoup de petits équipements comme des croque-monsieur ou des shakers.
Dans le vaste food court, c’est un véritable festival culinaire. Les visiteurs se régalent de tandoori, de dim sum, de « wraps » à l’agneau, bryani, curry masala, ou encore paninis au fromage et jambon. Il y a de quoi satisfaire tous les appétits et toutes les envies.
Les malls deviennent le théâtre d’histoires diverses en cette période de fête. Mais au-delà des différences, une constante émerge : Noël reste un moment où l’on se rassemble, que ce soit pour acheter, manger ou simplement partager un instant avec ceux qu’on aime, où l’on partage et où la lumière, même timide, parvient à réchauffer les cœurs. La magie opère, à sa manière.
Coowar, le boucher du cerf
Les amateurs de viande de cerf savent combien il peut être difficile d’en trouver hors-saison. Mais à Curepipe, Feroz Coowar perpétue une tradition rare : offrir cette délicatesse tout au long de l’année.
Dans son échoppe au marché de Curepipe, le choix est généreux. Filet, entrecôte, cuisse avec ou sans os… chaque morceau est soigneusement préparé, reflet de l’expertise et de la passion de ce boucher exclusif. « Cela fera 40 ans que je fais ce métier, exclusivement avec de la viande de cerf », explique fièrement Feroz Coowar, un homme de 58 ans à la voix posée et au sourire accueillant.
Comment parvient-il à proposer du cerf en dehors de la période de chasse ? « Entre novembre et mai, des tueries réglementées sont organisées. Les carcasses sont ensuite transportées à la Mauritius Meat Authority pour un contrôle sanitaire strict. Chaque mardi et vendredi, je reçois du cerf frais que je mets à la disposition de mes clients », détaille-t-il avec précision.
Cependant, la qualité a un prix : il faut compter Rs 350 le demi-kilo hors-saison, tandis que durant la chasse, le tarif descend à Rs 250. « Mes clients savent qu’ils paient pour un produit d’exception », ajoute-t-il, sans cacher sa fierté pour ce qu’il considère presque comme une mission.
Curepipe : la foire des bonnes affaires
En mardi après-midi, Curepipe bourdonne d’une énergie peu commune. Le temps, souvent frisquet dans la région, s’est métamorphosé en une journée baignée de soleil. Sur les trottoirs animés, vendeurs et passants partagent une ambiance chaleureuse, où se mêlent éclats de voix et bonnes affaires.
Au cœur de ce tumulte, Moorghen lance ses promotions d’une voix enthousiaste : « 2 kalson ou gagn enn trwaziem kado ! » L’attrait irrésistible des offres comme le « buy one, get one free » ne laisse personne indifférent.
Un peu plus loin, Johnny, un habitué des lieux, expose ses savates pour femmes, soigneusement alignées sous le soleil. « Mo gagn mo lavi. Sa pou fer 35 an ki mo boss pou mo mem. Mo abit Allée Brillant ek mo savat ant Rs 100 ek Rs 125. Mo pa tir lavi. Mo kontan ki bann madam kapav met enn ti savat serye pou Nwel », confie le marchand qui opère en plein air, sous un soleil tapant.
À quelques mètres, Sowkshay Pargass fait résonner sa voix. « Rs 150 laliv, manze bon letsi, fek kase, mari dou tou. Goute avan aste ! Si pa bon, pa aste. » Avec son bagout et sa passion pour les produits de qualité, ce vendeur de rue est devenu une figure emblématique de la foire.
Cela fait cinq ans qu’il arpente la foire de rue de Curepipe, proposant des fruits de saison. « Ces letchis sortent de Montagne-Longue. La saison est courte. Il faut en profiter. ‘Nou pa gagn gro profi’, me dimounn kontan sa fri la, sirtou kan ou met li glase. Li mari bon apre enn repa masala for’ ! », raconte-t-il avec un sourire.
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