Si un patient a des symptômes légers ou modérés de la Covid-19, quels sont les médicaments de base et les appareils utiles lors de son isolement à domicile ? Arshad Saroar de la Pharmacie du Centre, sise à Port-Louis, fait le point sur ce qui est disponible dans les pharmacies.
Quelque Rs 10 000. C’est le montant qu’a récemment dépensé une personne pour acheter du Fabiflu. La boîte de 17 comprimés, qui doivent être pris selon un dosage précis pendant sept jours, coûte Rs 1 765. En pharmacie, le client a présenté une ordonnance d’un… dentiste.
Une situation qu’Arshad Saroar, pharmacien et membre de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), estime aberrante. Mais qui illustre le phénomène d’achats de panique (« panic buying ») qui a gagné les Mauriciens depuis que le nombre de cas de Covid-19 et, surtout, de décès a augmenté avec la présence du variant Delta.
« Chaque jour, nous renvoyons plusieurs personnes qui viennent acheter des médicaments anti-Covid en excès et sans ordonnance des médecins », confie Arshad Saroar de la Pharmacie du Centre, sise à Port-Louis. « Maintenant, si on permet à une personne qui en a les moyens d’acheter 10 boîtes, ça peut occasionner une rupture de stock en peu de temps. » Ce qui causera un problème si un patient en a besoin d’urgence, fait comprendre le pharmacien.
Outre le Fabiflu, quels sont les médicaments qui font l’objet du « panic buying » ? Arshad Saroar cite les tests rapides antigéniques, l’Ivermectin, l’Azitromycin et l’oxymètre de pouls, entre autres. Ces trois dernières semaines, observe d’ailleurs le pharmacien, ceux-ci ont été très en demande. Ce, en raison de la flambée des contaminations. Au début de la pandémie en 2020, dit-il, les gens se jetaient surtout sur gants, masques, gels hydroalcooliques, paracétamol, vitamines et la propolis.
Arshad Saroar concède que les achats de panique ont causé la rupture de stock de certains produits. Il cite le paracétamol (voir plus loin). « Mais nous nous assurons de fournir des alternatives et nous reconstituons nos stocks le plus souvent possible afin de répondre à la grande demande quotidienne. »
Il est d’avis que professionnels de la santé et pharmaciens doivent agir de façon éthique pour éviter tout abus dans l’achat des médicaments de base. « À la Pharmacie du Centre, notre équipe de pharmaciens vérifie constamment les ordonnances remises auprès des médecins concernés avant de les valider et remettre les médicaments aux clients », souligne-t-il
Car au-delà de la gestion des ordonnances des médecins du privé, les pharmaciens doivent s’assurer que les patients de la Covid-19 ayant des symptômes légers ou modérés puissent avoir des médicaments de base. « L’approvisionnement des médicaments revêt une grande importance dans le contexte d’une pandémie. » Pour lui, « Ceux qui sont en bonne santé ne doivent pas agir de façon égoïste. Il faut penser aux autres qui sont vraiment malades ».
Deux boîtes de Fabiflu autorisées par personne
À la Pharmacie du Centre, seulement deux boîtes de Fabiflu sont autorisées par personne. Au préalable, une ordonnance doit être présentée pour s’en procurer. Questionné sur le stock, Arshad Saroar déclare en avoir suffisamment. L’agence chargée de la distribution aux pharmacies fait provision de 40 000 boîtes. « Nous avons reçu notre commande de Fabiflu à 15 heures le jeudi 25 novembre. »
Le paracétamol sur ordonnance
Le doliprane est actuellement en rupture de stock en raison de la grande demande. « Nous proposons à la place des alternatives. » Toutefois, il faut présenter une ordonnance d’un médecin, surtout si le patient souffre de la Covid-19. « Nous vérifions aussi auprès des gens s’ils prennent tout autre médicament à base de paracétamol. Nous voulons éviter les surdosages, surtout en raison de la toxicité sur le foie. »
Arshad Saroar précise, dans la foulée, qu’une ordonnance d’un médecin est également requise pour acheter de l’Ivermectin et de l’Azitromycin en pharmacie. Les compléments multivitaminés peuvent, en revanche, être achetés directement au comptoir.
Oxygène médical
Quid de l’oxygène médical pour une utilisation à domicile ? La Pharmacie du Centre n’en vend pas. « Nous les dirigeons vers LGI Mauritius par exemple. » Les patients asthmatiques ou souffrant d’une bronchite peuvent néanmoins trouver des nébuliseurs en pharmacie. « C’est prescrit par les médecins et nous leur expliquons comment s’en servir. »
Contrôle des prix
Les produits pharmaceutiques sont contrôlés par le ministère du Commerce, rappelle le pharmacien. Arshad Saroar fait ressortir que les médicaments proviennent de l’agence avec des étiquettes bleues, ce qui fait que les pharmacies ne peuvent changer le prix de vente.
Toujours est-il, fait comprendre Arshad Saroar, que ces médicaments ne concernent que les symptômes légers et modérés de la Covid-19. « En cas de forme sévère de la maladie, les patients doivent se tourner vers les hôpitaux pour des traitements selon le protocole du ministère de la Santé », insiste-t-il, tout en déconseillant vivement l’automédication.
D’ailleurs, il rappelle que toute personne malade doit prendre l’avis d’un médecin ou demander des conseils à un pharmacien en cas de doute pour la prise de médicament ou sur le dosage, surtout si elle souffre de la Covid-19. « Les pharmaciens sont joignables par WhatsApp, courriel ou téléphone. Ne pratiquez pas l’automédication. Cela peut avoir des conséquences sur la santé. »
Maladies non-transmissibles : les médicaments disponibles
Concernant les médicaments pour les patients souffrant de maladies non-transmissibles, le pharmacien affirme que les stocks sont disponibles et que l’approvisionnement se fait de façon régulière. Il n’y a donc pas lieu, dit-il, d’en acheter en excès.
Pour Arshad Saroar, le plus important dans cette lutte contre la pandémie est d’agir de façon responsable en maintenant les gestes barrières tels que le port du masque, la distanciation physique et la désinfection des mains afin de se protéger ainsi que les autres.
Médicaments de base et produits utiles
- Paracétamol
- Vitamin D
- Vitamin C
- Zinc
- Ivermectin
- Propolis
- Fabiflu (antiviraux)
- Azitromycin (antibiotique)
- Tests antigéniques rapides (salivaire/nasal)
- Oxymètre de pouls
Les prix
- Paracétamol : Rs 3,50 l’unité et Rs 62 pour la boîte de 8 comprimés.
- Vitamin C& D : Rs 65 à Rs 457 la boîte.
- Multi vitamines (C, D & Zinc) : Rs 450 la boîte.
- Azidromycin (antibiotique) : Rs 100 à Rs 450 la boîte.
- Fabiflu (antiviraux) : Rs 1 765.
- Oxymètre de pouls : Rs 800 à Rs 2040 l’appareil.
- Test antigénique salivaire rapide : Rs 240 à Rs 310 le kit.
- Test antigénique nasal rapide : Rs 252 à Rs 300 le kit.
Oxymètre de pouls : ce qu’il faut retenir
Plusieurs personnes souffrant d’une forme sévère de la Covid-19 sont sous oxygène dans les centres hospitaliers ou en réanimation au New ENT Hospital. Parmi, ceux qui étaient en auto-isolement et qui ne savaient pas que leur taux de saturation en oxygène était en baisse.
Pourtant, l’oxymètre de pouls est un petit appareil utile qui aide à surveiller ce taux. Et permet ainsi d’anticiper une détérioration de l’état du patient qui est souvent précédée par une baisse de l’oxygénation du sang.
Comment ça marche ? Il s’agit d’un petit boîtier dans lequel on se pince le doigt – celui-ci ne doit pas être froid et il ne faut pas avoir de vernis sur l’ongle – et qui fait ensuite passer à travers un faisceau lumineux indiquant en quelques secondes le taux d’oxygène des globules rouges après leur passage dans le poumon. La fréquence cardiaque est exprimée en bpm et le taux de saturation du sang en oxygène en pourcentage de SPO2.
En général, ce taux se situe entre 95-100 % chez une personne qui n’a pas de problème de santé. S’il descend en dessous de 90 %, il faut alors appeler la Domiciliary Monitoring Unit sur le 8924. Ou un médecin privé. Cela peut s’avérer utile pour avoir des soins à temps et éviter d’arriver au centre de traitement dans un état critique. Il est donc conseillé d’avoir au moins un oxymètre de pouls par famille.
Cet appareil est actuellement en vente libre sur Internet à partir de Rs 200. Et coûte entre Rs 800 et Rs 2040 dans les pharmacies.
Positif à la Covid-19 - Sanjay : « Je n’ai pas voulu aller à l’hôpital »
Il a fait ses deux doses de vaccin. Sanjay (prénom d’emprunt), 63 ans, contracte malgré tout la Covid-19. « Au début, je ressentais une grosse fatigue. J’ai acheté un test antigénique rapide en pharmacie et c’était positif. »
Lorsqu’il a commencé à faire de la fièvre, il a pris du doliprane. Son état de santé se détériore toutefois très vite. « J’avais des difficultés respiratoires et je ne pouvais même pas marcher. »
Se pose alors un dilemme, aller ou non dans un centre de traitement. « Ma femme craignait que si j’allais à l’hôpital, je n’en reviendrais pas vivant… » La famille opte finalement pour la venue d’un médecin à domicile. « Il m’a ausculté et m’a administré des soins par rapport à mes symptômes. Comme j’avais des difficultés respiratoires, mes proches ont pu s’arranger pour que je puisse avoir de l’oxygène médical. »
Le sexagénaire souligne qu’il a pris du temps à s’en remettre. « Dieu merci, j’en suis sorti vivant. » Son épouse, elle se dit soulagée. Concédant qu’elle savait que c’était un risque de ne pas l’emmener à l’hôpital.
« Les médias rapportent tous les jours le nombre de décès liés à la Covid-19. Tout cela fait peur. Pour moi, il n’était pas question qu’il aille à l’hôpital, ça allait être pire, je pense. »
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