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Achat controversé d’un terrain pour Rs 116 M : le Board du SIFB serait suspendu en attendant le rapport du FFC

Xavier-Luc Duval a demandé au ministre Mahen Seeruttun  de ne pas « défendre l’indéfendable ». Xavier-Luc Duval a demandé au ministre Mahen Seeruttun de ne pas « défendre l’indéfendable ».

Une suspension pend au nez de la direction du Sugar Insurance Fund Board. C’est ce qu’a indiqué le ministre Mahen Seeruttun mis sur le gril par le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval, lors de la Private Notice Question le mardi 4 décembre. Ce dernier a ciblé l’achat d’un terrain pour Rs 115,9 millions à Ébène. Un prix trop élevé, selon lui.

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Cette affaire est pour le moins truffée d’éléments troublants. Le 28 février 2018, le conseil d’administration du Sugar Insurance Fund Board (SIFB) donne son feu vert pour acheter un terrain de six arpents à Ébène. Prix : Rs 115,9 millions, incluant les frais associés. Sans frais, c’est Rs 18 millions l’arpent.

Pourtant, des terrains ont été achetés récemment dans les environs immédiats pour un tiers du prix. Fait tout aussi étonnant : le SIFB a demandé l’avis d’un évaluateur indépendant quand la décision d’acheter avait déjà été prise. De plus, la décision d’achat a été prise par le conseil d’administration à partir de fausses informations.

Des faits suffisamment surprenants pour que le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, décide de demander au Fact-Finding Committee (FFC), mis sur pied il y a deux semaines suivant des allégations de fraudes au sein du SIFB, d’enquêter également sur l’achat de ce terrain. Documents en main, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, s’est insurgé, lors de la Private Notice Question, contre cette transaction qui est, selon lui, « truffée de maldonnes ».

En février dernier, le SIFB décide d’investir dans l’acquisition d’un terrain dans la région d’Ébène et Trianon. La proposition d’acheter un terrain de six arpents situé à environ 110 mètres de la route Terre-Rouge/Verdun et appartenant à la Société de Glasgow à travers Elova Properties Ltd tombe donc à pic. La compagnie propose un prix de Rs 18 millions par arpent. Un évaluateur employé par le SIFB estime le terrain à Rs 19 millions par arpent.

Dans le decision paper déposé par Xavier-Luc Duval sur la table de l’Assemblée nationale, on peut lire que l’évaluateur-maison indique que R.K. Knits a acheté 7,16 arpents en mars 2015 pour Rs 18 millions l’arpent et qu’un certain Patrick How Kin Sang a acquis 2,5 arpents pour Rs 18 millions par arpent. Les terrains en question se situent également dans la même région. Pour le SIFB, la proposition de la Société de Glasgow est donc « une bonne opportunité d’investissement ». La direction recommande donc au board d’aller de l’avant.

« Évaluateur indépendant »

Or, le leader de l’opposition a mené son enquête. « R.K. Knits n’existe pas. Aucun Patrick How n’a pas acheté de terrain dans cette région », soutient-il. Il révèle aussi que l’épouse du ministre de la Santé, Anwar Husnoo, a acheté « il y a trois semaines, un terrain qui se trouve juste à côté de celui du SIFB, pour Rs 5 millions l’arpent ».

Mahen Seeruttun tente de défendre le SIFB en avançant que le 5 novembre 2013, la State Bank of Mauritius a acheté un terrain de 1,83 arpent dans les environs pour Rs 57 millions, soit Rs 31 millions l’arpent.

« Ces dernières années, le prix de la terre a dévalué dans cette région », soutient Xavier-Luc Duval, soulignant qu’une autre firme, Hermes Properties Ltd, a acheté un lopin au bord de l’autoroute à Ébène pour Rs 13 millions seulement par arpent. « Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’évaluateur indépendant ? » demande-t-il, précisant que le SIFB aurait aussi pu faire appel au Government Valuer pour estimer le prix du terrain qu’il voulait acquérir.

Le ministre Seeruttun affirme que cela a été fait, mais le 22 mars dernier cet évaluateur indépendant a estimé le terrain à Rs 20 millions. « Le conseil d’administration décide d’acheter en février, alors que l’avis d’un évaluateur indépendant est recherché le mois d’après », dit Xavier-Luc Duval. « Il y a eu une énorme maldonne », renchérit-il tout en demandant au ministre de ne pas venir « défendre l’indéfendable ».

Le leader de l’opposition insiste pour que Mahen Seeruttun suspende la direction du SIFB, en attendant les conclusions du FFC. Le ministre finit par concéder : « Nous examinons la possibilité de suspendre la direction. »

 

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