
Une manne annuelle de Rs 5 à 10 milliards pour Maurice, selon la presse britannique
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Alors que la rétrocession des Chagos à Maurice semble imminente, des incertitudes persistent sur le package financier en discussion. Montant, répartition des fonds et conditions du bail de Diego Garcia : de nombreuses questions restent en suspens malgré les négociations avancées.
Alors qu’un « breakthrough » décisif pourrait avoir lieu concernant la rétrocession des Chagos à Maurice, avec une possible confirmation de Londres ce mardi, de nombreuses spéculations circulent sur le « package » financier dont pourrait bénéficier Maurice. Dans la presse britannique, malgré des démentis, un premier montant de 9 milliards de livres sterling (Rs 533 milliards, selon le taux de change actuel) avait initialement été évoqué. Ce chiffre correspond à une durée de 99 ans pour la location de Diego Garcia, où la base militaire américaine pourra continuer à opérer quoi qu’il arrive. Cela représenterait environ Rs 5,3 milliards par an.
Cependant, à la suite de nouvelles négociations, la presse britannique évoque désormais un doublement du coût de l’accord, atteignant 18 milliards de livres sterling (Rs 1 066 milliards), soit un peu plus de
Rs 10 milliards par an. Le gouvernement britannique a toutefois officiellement démenti ces chiffres, les qualifiant d’« entièrement inexacts ». De son côté, Maurice ne les confirme pas non plus.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que Maurice a obtenu un « front loading », c’est-à-dire qu’une somme plus conséquente sera versée soit la première année, soit au cours des premières années. Cette avance sera ensuite déduite des montants que le Royaume-Uni devra verser lors des dernières années du bail. À noter également que l’accord prévoirait un bail de 99 ans, renouvelable avec l’accord de Maurice, pour une période supplémentaire de 40 ans.
L’une des inconnues de cet accord, s’il se concrétise, est de savoir si le montant annoncé inclut l’ensemble du package financier ou s’il concerne uniquement la location de Diego Garcia. En effet, cet accord repose sur trois aspects principaux : le bail, le financement de projets de développement par le Royaume-Uni, et un fonds de soutien aux Chagossiens. Les récentes négociations ont permis d’apporter un quatrième aspect : le soutien actif du Royaume-Uni pour permettre à Maurice d’accéder à des fonds internationaux de plusieurs milliards d’euros afin de lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences.
Opposition persistante des conservateurs
Selon une source haut placée citée par The Telegraph dimanche soir, mardi pourrait être une journée clé pour cet accord. « Mardi est le jour J », a affirmé cette source, précisant que Maurice attendait une confirmation officielle du Royaume-Uni avant de soumettre l’accord à son Conseil des ministres. Le Parti conservateur britannique, sous la direction de Kemi Badenoch, maintient son opposition à la restitution des îles Chagos à Maurice, malgré un accueil favorable de l’accord par le président américain Donald Trump.
L’accord proposé prévoit la rétrocession de l’archipel à Maurice, qui revendique sa souveraineté sur ces territoires, tout en maintenant la base militaire américano-britannique sous un système de bail. Interrogée par la BBC dans l’émission « Sunday with Laura Kuenssberg », Kemi Badenoch a déclaré : « Il n’est pas dans notre intérêt national de les céder et de payer pour ce privilège. » Elle a également dénoncé l’usage de fonds publics pour financer l’accord, déclarant que « cet argent provient de l’augmentation du budget de la défense annoncée par le Premier ministre. C’est terrible ».
Un porte-parole de Downing Street a néanmoins souligné que Donald Trump avait reconnu « la solidité de cet accord ». Les négociations entre le Royaume-Uni et Maurice avaient débuté en 2022 sous un gouvernement conservateur, mais l’annonce de l’accord a été faite en octobre 2024 par le gouvernement travailliste de Sir Keir Starmer. Depuis, le projet suscite de nombreuses critiques au Royaume-Uni, notamment en raison des paiements annuels prévus pour Maurice dans le cadre de la restitution des îles.
Certaines préoccupations portent également sur la sécurité nationale. L’ancien secrétaire d’État américain Marco Rubio a exprimé ses craintes concernant les liens croissants entre Maurice et la Chine, estimant que la rétrocession des îles constituerait une menace « sérieuse ».
Lors de la visite de Sir Keir Starmer à la Maison-Blanche, Washington, la semaine dernière, le président Donald Trump a toutefois indiqué être « enclin » à approuver l’accord, ajoutant qu’il avait « le sentiment que cela allait bien se passer ». Il a précisé que celui-ci prévoirait « un bail de très longue durée, environ 140 ans », incluant une première période de 99 ans avec une option d’extension de 40 ans.
Le gouvernement britannique justifie l’accord par la nécessité de garantir l’avenir de la base militaire de Diego Garcia, tout en mettant un terme au différend juridique sur la souveraineté de l’archipel.

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