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Accidents fatals : quand la route déchire encore cinq familles

Keshava Appadoo, Mervin Lutchmanah, Sunil Jowata et Ronald Perrine.

Les événements tragiques se succèdent sur nos routes. En l’espace d’une semaine, cinq personnes y ont trouvé la mort. Peine, rage, désespoir sont les sentiments qui animent leurs proches.

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Veer Luchoomun avait 63 microgrammes d’alcool dans son haleine.

Tanuja Appadoo, 50 ans, est anéantie. Son fils, Keshava Appadoo, 27 ans, a été mortellement renversé par une Jaguar aux petites heures du dimanche 3 décembre à Forbach, Cottage. Elle est envahie par un sentiment de révolte et de tristesse. Entourée de ses proches, elle ne cache pas sa colère contre le conducteur qui a ôté la vie à son fils. Il s’agit de Veer Luchoomun, frère de la députée Sandhya Boygah. Celui-ci avait 63 microgrammes d’alcool dans son haleine. « Les excuses de ce chauffard ne suffisent pas, car mon fils ne retournera jamais. Keshava a connu une mort atroce et notre malheur est dû à un chauffeur ivre qui lui a brutalement arraché la vie », dit-elle.

« Si Keshava nous avait accompagnés au mariage auquel nous avons assisté samedi, il serait peut-être encore en vie aujourd’hui. Cette épreuve est doublement douloureuse, car Keshava est le deuxième fils que je perds. Il avait des projets plein la tête et tout restera du domaine de rêve », poursuit Tanuja avec regrets.

Ses proches également ne cachent pas leur mécontentement. « Il y a une justice à deux vitesses dans ce pays. Ce conducteur, qui était ivre, a passé la nuit dans une clinique et le lendemain, il a été libéré sous caution. Est-ce en raison de ses liens de parenté avec une personnalité politique ? On apprend à travers les journaux que dans la plupart des cas où des chauffeurs sont testés positifs à l’alcootest et qu'il y a mort d’homme, le chauffeur reste un minimum de trois jours en détention… Kouma pou apel sa ? » fulminent les oncles et cousins de Keshava.

Keshava était à moto au moment de l’accident. Son  ami Natraj B. qui pilotait le deux-roues est, lui, toujours hospitalisé. Il se remet lentement de ses blessures.  

À plusieurs kilomètres de là, à Cité La Caverne, Vacoas,  la même tristesse a envahi une autre famille. Celle de Mervin Lutchmanah. Ce jeune homme de 23 ans qui a fait ses études en journalisme, était au volant de sa voiture à bord de laquelle se trouvaient deux autres personnes, lorsque l’accident s’est produit. Son véhicule est entré en collision avec une voiture à Mont-Roches, soit à la jonction de St-Martin Road et d’Arianne Street, avant de terminer sa course contre un pylône électrique. Mervin Lutchmanah a succombé à ses blessures. C’était dans la nuit du 3 décembre.

Radha, la mère de Mervin Lutchmanah.

Sa mère Radha, 51 ans, est terrassée par une immense tristesse. « Mervin laisse un grand vide dans le cœur de tous ceux qui l’aimaient. Il croquait la vie à pleine dents. Il me comblait de joie. Avant de quitter la maison dimanche, il m’a serrée fort dans ses bras. Et je ne sais pour quelle raison, ce soir là, il occupait mes pensées... Et quand on m’a informée qu’il est mort dans un accident, la douleur était insoutenable. C’est une grande perte pour nous tous. Il va beaucoup nous manquer », soupire-t-elle.

Pour Radha, Mervin était un fils exemplaire. « Mervin était toujours à mes côtés et quand j’étais dans la détresse, il faisait tout pour m’arracher un sourire. Et maintenant qu’il a tragiquement quitté ce monde, je ne sais pas qui sera là pour me remonter le moral. Mo la vi finn vinn nwar », ajoute Radha les larmes aux yeux.

Autre drame, même détresse… Les proches de Sunil Jowata, Arjun pour les intimes, pleurent sa disparition. Ce menuisier qui habitait à St-Julien Village, était âgé de 39 ans. Il a été retrouvé, le dimanche 3 décembre, dans une gouttière sur la rue principale de Riche-Fond, à Lallmatie. Sa motocyclette était à ses côtés. Arjun a rendu son dernier souffle jeudi. Sa sœur Suchita n’arrive pas à croire que son frère a quitté ce monde pour toujours. « Ma mère ne parle plus depuis cet accident. C’est une expérience traumatisante pour nous », dit-elle.

Selon Suchita, Arjun a toujours été un soutien pour leur mère. « Son état de santé a empiré depuis que mon frère a perdu la vie. Il l’accompagnait partout où elle allait. Et maintenant, je suis inquiète pour elle. Mo mama ti bien atase avek Arjun », explique Suchita.

Autre accident fatal vendredi 8 décembre, cette fois à Port-Louis. José Mandarin, un habitant de Henrietta âgé de 53 ans a perdu la vie vendredi soir alors qu’il traversait l’autoroute à la hauteur du front de mer du Caudan. Il a été renversé par une voiture. Le piéton est mort sur le coup. Le chauffeur de la voiture, un habitant de Cottage, a subi un alcootest qui s'est révélé négatif. Il a été relâché sur parole après son interrogatoire.


Fauché mortellement à Bois-Marchand : Ronald Perrine ne verra pas grandir sa fille de 4 ans

Ronald Perrine.

Fin tragique pour Jean Ronald Perrine, 33 ans. Cet habitant de Baie-du-Tombeau vient s’ajouter au nombre inquiétant de victimes de la route noté depuis le début de l’année.

Mardi, ce père de famille d’origine rodriguaise traversait l’autoroute à Bois-Marchand quand il a été fauché par une voiture. Il est mort sur le coup. Il ne verra pas grandir sa fille de 4 ans qu’il chérissait tant.

Marie Louise Henriette, 34 ans, l’ex-compagne de la victime, n’en revient pas. Les deux se sont connus il y a quatre ans et de leur relation, est née une fille qui est aujourd’hui âgée de quatre ans. Ronald Perrine tenait à la petite comme à la prunelle de ses yeux. Le couple s’est séparé il y a un an, mais cela ne l’empêchait pas de saisir la moindre occasion pour aller rendre visite à sa fille qui vit auprès de sa mère. « Il venait la voir presque tout les jours », explique Marie Louise. « Ronald travaillait comme maçon. Ce qui lui permettait de subvenir aux besoins de notre fille. Il s’assurait qu’elle ne manque jamais de rien. Il était père de deux autres enfants nés d’une précédente union, mais ces derniers ne vivaient pas avec lui. »

Le jour fatidique Jean Ronald était passé voir sa fille vers 11 heures. « Linn vinn get so tifi, me li pann rest lontan », explique Marie Louise. C’est vers  17 h 30 qu’elle apprendra la nouvelle de son décès. Son ex-compagnon était en route pour revoir la petite quand s’est produit l’accident. « Je pense qu’il lui apportait un petit quelque chose comme à son habitude », ajoute-t-elle.

Alors qu’il traversait l’autoroute, une  voiture qui se dirigeait vers le Nord l’a percuté. Ronald Perrine a été projeté violemment sur l’asphalte. La mort a été instantanée. L’autopsie a révélé que la victime a succombé à des blessures multiples.

Le conducteur de la voiture s’est soumis à un alcotest qui s’est révélé négatif. Il a expliqué aux policiers du poste de Terre-Rouge que le piéton a surgi de nulle part. « Monn aplik frin, me mo pann kapav evit li », a-t-il indiqué. L’homme  a comparu devant la cour de Pamplemousses mercredi sous une charge provisoire d’homicide involontaire.

Les proches de Ronald Perrine gardent de lui le souvenir d’un père dévoué. D’ailleurs, pour mieux s’occuper de ses enfants, le trentenaire projetait de rentrer à Rodrigues pour travailler. Toutefois, le sort en a décidé autrement. Il laisse derrière lui trois enfants. Et cela à quelques jours de la fête de Noël.

  • defimoteur

     

 

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