Accidents de la route : le bilan s’alourdit

85 morts à déplorer sur nos routes depuis le début de l’année. Cela malgré le fait que les autorités concernées ont enclenché une série d’actions en vue de rendre nos routes plus sûres.  Mais pourquoi ces actions ne semblent-elles pas porter leurs fruits ? Le compteur de victimes continuant à s’affoler.

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L’hécatombe. De janvier de cette année au 8 juin, 85 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la route. L’année dernière, le chiffre à la même période s’élevait à 65. Ce qui fait 20 morts de plus.

Selon Alain Jeannot, président de Prévention Routière Avant Tout (Prat), plusieurs facteurs sont à l’origine de cette hausse. Il cite notamment le nombre de véhicules qui augmente sur nos routes. « Il y a également une lacune au niveau des infrastructures destinées aux usagers, surtout les plus vulnérables », souligne-t-il. Alain Jeannot soutient aussi que les personnes âgées de 60 ans ou plus sont en grand nombre sur la liste des victimes d’accidents de la route. « La plupart sont des piétons. Il faut souligner que le nombre de deux-roues motorisés est aussi en hausse. Le risque est proportionnel », lance Alain Jeannot. Pour lui, le stress, la vitesse, l’indiscipline en sont les principales causes de ces accidents. Il déplore le fait que ces obstacles à la sécurité routière ont la peau dure et préconise  l’éducation et la formation.

Quant à Manoj Rajkoomar, secrétaire de l'association des moniteurs d'auto-école, le problème aujourd’hui est le « mindset ». « Les gens sont pressés et stressés. Certains ont de mauvais comportements sur nos routes. Les accidents sont souvent liés à l’état d’esprit des personnes », estime Manoj Rajkoomar.

Certes, les autorités ont pris le taureau par les cornes. Mais le secrétaire de l’association des moniteurs d’auto-école estime que les actions prises ne sont pas forcément les bonnes. « Il faut des mesures à court, moyen et long termes. Par exemple, dans un premier temps, il faudra durcir la loi pour dissuader les gens de prendre le volant après avoir consommé de l’alcool ou encore d’utiliser le téléphone au volant. Il faut que les usagers soient plus prudents au volant ».  

Selon Daniel Raymond, conseiller du gouvernement en matière de sécurité routière, le gouvernement fait de son mieux pour diminuer le nombre d’accidents de la route. « On applique plusieurs mesures. Il n’existe pas de lien entre ce qui est fait et le nombre d’accidents. Vous avez un système qui a pris beaucoup de retard dans la prise en charge de la sécurité routière », dit le conseiller.

Daniel Raymond souligne que le manque de formation et l’absence d’auto-écoles et de moto-écoles a grandement contribué à la situation actuelle. « C’est maintenant que les autorités mettent en place les infrastructures nécessaires, dont l’ouverture de deux moto-écoles. Nous travaillons sur un système pour changer la manière de conduire. Nous essayons de rattraper ce retard systémique », dit-il.

L’infrastructure routier à Maurice, dit le conseiller, est de moins de 10 % du territoire. Le fait que la circulation ne cesse de se densifier, les risques ou la probabilité qu’un accident se produise augmentent. Pour expliquer le nombre grandissant d’accidents, Daniel Raymond précise qu’il existe une succession d’erreurs que commettent des usagers de la route. « Il faut apprendre aux gens à utiliser les routes. La circulation routière est la 3e activité la plus dangereuse et la 5e cause de décès. Il faut comprendre que la moindre erreur est lourdement sanctionnée », lâche-t-il.

Daniel Raymond précise que « le permis de conduire n’est pas une attestation de compétence ». « On autorise que papa apprend à conduire à son fils ou à sa fille. Ce qui n’est pas le cas ailleurs. À l’étranger, il faut au moins 650 heures avec un formateur », indique-t-il. De ce fait, il croit fermement que la formation est nécessaire. « Si les règles sont respectées, la situation va s’améliorer. On ne peut prendre la route avec un minimum de compétence. Le système ne supporte plus les erreurs des uns et des autres ».