La série noire sur nos routes continue. Cinq personnes ont perdu la vie de manière tragique en une semaine. Il s’agit de Munish Maton, Divesh Pitumbur, Nazhrool Peerbux, Jean Pascal Fréderic Revat et Louis Roland Babet. Tant de vies brisées, tant de familles anéanties. Retour sur ces tristes événements.
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Dimanche 18 septembre
Munish Maton tué dans une collision à Riche-Fond - Sa mère : « Li ti pe retourn lakaz, me li pa finn resi revini »
Fin tragique pour Munish Maton, 27 ans, un habitant de Riche-Fond, à Camp-de-Masque, le dimanche 18 septembre. Ce motocycliste n’a pas survécu à ses blessures, après avoir été percuté de plein fouet par la voiture d’un habitant de New-Grove.
Saraswatee, sa mère, confie que ce jour-là, la famille avait décidé d’organiser un Get together à Médine. Après le dîner, Munish Maton a pris le 4x4 de son beau-frère pour se rendre à Laventure. Après l’avoir déposé, il a décidé de récupérer sa motocyclette. C’est durant le trajet du retour, sur la route principale du village, que l’accident est survenu.
Saraswatee est inconsolable. « Li pa fasil, touletan mo ti panse li pou fer mo lanterman. » Jeune professionnel en informatique, son fils, dit-elle, avait pour ambition d’améliorer le niveau de vie de la famille.
Rivesh, son ami d’enfance, est aussi accablé. « Nou ti plan pou zwen pou mo laniverser le 1er oktob, me mo ti gagn enn presantiman ki nou pa ti pou resi fer sa », indique-t-il.
Selon l’enquête menée par la police de Flacq, Munish Maton circulait à vive allure. D’ailleurs, l’impact a été d’une rare violence.
Mardi 20 septembre
Deux morts dans un accident à Union-Ducray : «Abhinav ne méritait pas une mort aussi atroce»
Passionné de cuisine Abhinav (Divesh) Pitumbur, 21 ans, voulait devenir chef. Hélas, cet habitant de Surinam a perdu la vie dans la soirée du mardi 20 septembre. La voiture qu’il conduisait et à bord de laquelle se trouvaient son ami Nasveer Peerbux, 20 ans, et le frère de ce dernier, Nazhrool, 29 ans, a fini sa course contre un arbre à Union-Ducray. Divesh et Nazhrool sont morts sur le coup.
Davesh Pitumbur, le frère aîné d’Abhinav, regrette ce départ brusque. « Mon frère conduisait depuis tout jeune. À 18 ans, il avait déjà obtenu son permis. Il était prudent sur la route. S’il était tombé malade, j’aurais compris, mais il ne méritait pas de mourir de cette façon », pleure-t-il.
Depuis son enfance, Divesh s’intéressait à la cuisine, dit-il. « Notre père s’occupait du snack familial. Après ses études secondaires au collège Keats, il l’a rejoint pour s’occuper du restaurant. Par la suite, notre père est mort d’une crise cardiaque. » Divesh avait pris la relève et était devenu très populaire grâce à sa cuisine.
Nazhrool Peerbux, 29 ans, sur le siège passager, succombe : «Mon neveu avait dit à son ami de ralentir», dit un proche
Nazhrool Peerbux, 29 ans, s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce père d’une fillette de 3 ans se rendait à son domicile dans la soirée du mardi 20 septembre. Il avait bénéficié de la gentillesse de Divesh, qui est l’ami de son jeune frère Nasveer. « Nazhrool ne conduisait pas. Il n’avait pas de permis et n’aimait pas quand un conducteur roulait vite », explique son oncle.
Quant à Nasveer, le seul rescapé de cet accident mortel, il est encore sous le choc, confie l’oncle. « Il aurait pu y avoir trois morts ce soir-là. Après cet accident, mon neveu m’a raconté que son frère était sur la banquette arrière en train d’écouter des chansons sur son portable. Son ami roulait vite. À quelques reprises, il lui a dit de lever le pied. Il a entendu un grand bruit, puis s’est évanoui et a repris connaissance à l’arrière d’une ambulance, alors qu’on le transportait à l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle », relate l’oncle.
Jeudi 22 septembre
Sortie de route à Belle-Rose : Frédéric Revat, un passionné de musique parti trop tôt
Jeudi matin, Jean Pascal Fréderic Revat, 34 ans, était à motocyclette quand il a fait une sortie de route sur la route principale de Belle-Rose. Il a fait une lourde chute. La police de Rose-Hill et une ambulance se sont rendues sur place, mais il était trop tard.
La disparition de ce père de famille de deux enfants, dont un petit de trois ans, afflige ses proches. « Il était passionné de musique depuis tout jeune. C’est terrible ce qu’il s’est passé », confie un proche, qui indique que son épouse s’était rendue à l’hôpital après l’accident. « Elle était très bouleversée. »
Ses funérailles ont eu lieu vendredi au domicile de ses parents à Henrietta. La police a ouvert une enquête afin de connaître les circonstances exactes de ce drame.
La Marie
Roland Babet fauché sur sa bicyclette
Louis Roland Babet, 65 ans, était à vélo à La Marie, dans la soirée du jeudi 22 septembre, quand il a été heurté de plein fouet par un tout-terrain. L’habitant de La Caverne, Vacoas, a été projeté plusieurs mètres plus loin. Il est mort sur le coup. La vidéo de son accident, en provenance d’une caméra de surveillance, donne froid dans le dos. L’autopsie a attribué le décès du cycliste à des blessures multiples.
Le conducteur d’une Mazda noire, un habitant de La Marie âgé de 27 ans, a été placé en état d’arrestation durant la même soirée. Bien que l’alcootest pratiqué sur lui se soit révélé négatif, il a été placé en détention policière.
Le samedi 24 septembre, il a été traduit devant la cour de Curepipe et inculpé provisoirement d’homicide involontaire. Il a dû fournir une caution de Rs 20 000 pour recouvrer la liberté. L’enquête suit son cours.
75 morts sur nos routes depuis janvier
De janvier au samedi 24 septembre, 75 morts ont été enregistrés sur nos routes pour 71 accidents mortels.
Les chiffres détaillés : | |
---|---|
Piétons | 23 |
Conducteurs | 4 |
Passagers (véhicule) | 6 |
Motocyclistes | 33 |
Passagers (motocyclette) | 5 |
Cyclistes | 4 |
DCP Muktar Din Taujoo : «L’alcool au volant et la vitesse, principales causes des accidents mortels»
Selon des études menées par la Traffic Branch de la police, les principales causes des accidents de la route sont « l’alcool au volant et la vitesse ». à cela, il faut ajouter « l’utilisation du téléphone portable au volant. Une seconde d’inattention peut avoir de lourdes conséquences », souligne Muktar Din Taujoo, Deputy Commissioner of Police (DCP) à la Traffic Branch. Il fait valoir que les motocyclistes sont les plus touchés.
Pour diminuer le nombre d’accidents, de nouvelles lois et stratégies ont été mises en place. « Outre l’entrée en vigueur des tests de dépistage de drogue en sus des alcootests, il y a le positionnement des radars de vitesse fixes, sans oublier le pistolet-radar dans les zones les plus dangereuses », dit-il.
De plus, indique le DCP Muktar Din Taujoo, la police effectue des contrôles routiers aux points stratégiques de l’île régulièrement. « On mise aussi sur la sensibilisation. »
L’incivisme des usagers de la route
Alain Jeannot : « Le plus grand miroir de la société, c’est la route »
À Maurice, le nombre de contraventions émises annuellement tourne autour de 200 000 en moyenne, pour 600 000 à 700 000 véhicules sur la route, fait ressortir Alain Jeannot. Il est le président du National Road Safety Council (NRSC) et œuvre aussi auprès de l’ONG Prévention routière avant tout (Prat). « Cela donne une idée de la proportion de ceux qui font fi du code de la route et de la loi. Le plus grand miroir de la société, c’est la route », souligne-t-il.
Patience et vigilance
Déplorant l’incivisme des usagers de la route, il constate que rien n’est fait à la maison ou dans les institutions éducatives en ce sens. Il lance un appel aux conducteurs. « Il faut avoir une certaine capacité psychologique et une compréhension des choses lorsqu’on est conducteur. Il faut avoir de la patience et de la vigilance. Passer un examen n’est pas suffisant. »
Les trois piliers pour combattre les accidents sont :
- « Safe road users » : ceux qui ont à cœur un bon partage et comportement sur la route.
- « Safe vehicule » : un véhicule en bon état.
- « Safe road » : l’infrastructure de nos routes. Certes, à Maurice, si la plupart des routes sont en bon état, force est de constater que leur entretien fait défaut. Par exemple, après l’asphaltage d’une route, il y a des travaux de tuyauterie ou câblage à effectuer et c’est dangereux pour les automobilistes.
Propositions
Alain Jeannot propose d’encourager la participation des citoyens dans l’entretien des routes de leur localité. « Il ne faut pas les encourager à se plaindre, mais à participer, en synchronisation avec les instances, pour l’entretien. » Il suggère aussi la création d’une unité spécifique pour l’entretien de nos routes dans chaque division.
Najette Toorab / Nasif Joomaratty/ Kendy Antoine
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