Accident mortel à Bel-Air : la dernière sortie de Keshav Ramputh et de Thaleswarsing Coomhar

• Inséparables dans la vie, et unis dans la mort

Keshav Ramputh, 32 ans, et Thaleswarsing Coomhar, 33 ans, avaient tout pour réussir : la jeunesse, la joie de vivre, une famille soudée, de l’ambition et des passions. Tous deux étaient des fils uniques. Ayant grandi à la rue Indira Gandhi, Caroline, à Bel-Air Rivière Sèche, et résidant à seulement deux maisons l’un de l’autre, leur amitié était sans faille. Plus que de simples voisins, ils vivaient comme des frères, inséparables dans tout ce qu’ils faisaient.

Puis, en quelques secondes, tout a pris fin. Ces deux êtres, qui apportaient tant d’amour à leur entourage, ont connu un destin tragique. En rentrant d’une sortie entre amis proches dimanche soir, la voiture de Thaleswarsingh Coomhar, aussi appelé Bond, a quitté la route et s’est encastrée dans un mur sur la route principale de Saint-Michel. Ils étaient quatre à bord du véhicule. Ce violent impact n’a laissé aucune chance à Keshav et à Bond. Ils ont poussé leur dernier souffle sur place. Quant à leurs deux autres amis, l’un a été placé en observation, tandis que l’autre se trouve actuellement aux soins intensifs.

Dévastés, effondrés, bouleversés… les mots pour décrire l’horrible peine de ces familles ne suffisent pas. Rita, une des sœurs de Keshav Ramputh, peine à prendre conscience qu’après dimanche, rien ne sera plus jamais comme avant. « Nous étions quatre enfants, trois sœurs et un seul frère », dit-elle, la voix nouée par l’émotion.

Keshav était choyé par tous. « Noun okip li depi bebe », ajoute-t-elle. Ses sœurs l’ont vu grandir et devenir ce jeune frère responsable et ce fils exemplaire. Issu d’une famille modeste, Keshav était ambitieux et voulait ce qu’il y avait de mieux pour ses proches. « Notre père était laboureur et notre mère, femme au foyer, s’occupait de nous. Mes sœurs et moi sommes mariées et nous avons chacune notre propre famille. Keshav était toujours présent pour nos parents. Il a commencé à travailler dans une compagnie de sécurité comme vigile », explique sa sœur.

Un fils dévoué 

Il voulait avancer dans la vie et, pour cela, il avait poursuivi des études en comptabilité. « Li ti pe travay dan sekirite et en mem tan linn all swiv kour ACCA », ajoute-t-elle. Ses efforts et sa détermination ont fini par payer. Il y a quelque temps, il est passé d’agent de sécurité à comptable, offrant ses services dans un hôtel. Un accomplissement et une fierté pour le jeune homme. Il avait même entrepris des rénovations dans la maison familiale.

« Li ti byen debrouyar », confie Rita. Ses parents avaient aussi une place très importante dans sa vie. « Mo mama ena 74 an ek papa 76 an, zot ena komplikasion lasante. Ce Keshav mem ki ti pe okip zot : amenn rendez-vou lopital, donn komprime. So mama ti so best friend. Tou zafer li ti pe rakonte mama. Li ti enn lerwa dan lakaz », ajoute notre interlocutrice.

Lorsqu’il n’était pas au travail ou avec ses proches, c’est auprès de ses amis que Keshav passait beaucoup de temps. « C’était une joyeuse bande de camarades. Ils sortaient souvent », nous dit-elle. Mais alors que tout lui réussissait, le malheur a surgi. « Dimanche, avec ses amis, ils sont partis assister à un match de football à Quatre-Sœurs. Puis, sur le chemin du retour, dans la soirée, ils ont eu ce terrible accident », se souvient douloureusement Rita.

Par ailleurs, elle souligne que certains effets personnels de Keshav ont disparu après l’accident. « Il y a quelques mois, il avait acheté un iPhone 16 Pro Max, qui fait partie des effets manquants parmi ceux qui nous ont été remis. Idem pour son portefeuille, ainsi que d’autres effets personnels, notamment la clé d’un coffre familial et de sa voiture. Il y a des documents importants à récupérer dans ces affaires. Nous avons alerté la police à ce sujet », dit-elle.

Le pilier de sa famille

Thaleswarsingh Coomhar devait célébrer son 34e anniversaire mercredi prochain. Pour cette occasion, sa famille avait prévu de fêter l’évènement, mais désormais, il ne reste que les souvenirs des années précédentes. Bond, comme l’appelaient ses proches, était un jeune marié et père de deux enfants, dont un bébé de six mois. Un de ses amis explique : « Li ti pe travay pou li-mem. Li ti pe al install la paille lor bann twatire ».

Il était aussi issu d’une famille où il n’avait que sa sœur et lui. « Il y a deux ans, il a perdu son père, emporté par la maladie. Il s’est occupé de sa maman et de sa petite famille. Li ti enn kolonn dan la fami. Li ti enn gran soutien. Ce enn gro sok », confie sa nièce Samita, au bord des larmes.

« Bond était entrepreneur et passionné par la mécanique. Il formait un duo très connu avec Keshav dans la localité. Il s’était occupé de la modification de la voiture de son ami. De nombreuses personnes venaient le voir pour que Bond s’occupe de leur véhicule », nous dit un cousin de la victime.

Dimanche, au moment de sortir, c’est justement dans sa voiture que les quatre amis sont montés pour se rendre au match de football. Une dernière sortie pour les deux hommes, qui ne sont jamais rentrés chez eux, après l’horrible impact de la voiture avec un mur. « C’est triste de le perdre de cette façon. Il ne verra pas ses enfants grandir. Son épouse est dévastée par sa mort », nous dit Samita, au bord des larmes. Ils avaient tant de projets à réaliser.

Leurs funérailles ont eu lieu lundi après-midi. Ils étaient nombreux à se réunir autour de leurs proches pour apporter leur soutien et rendre un dernier hommage à ces deux « frères » que rien ne pouvait séparer.