L’accident de la route qui s’est produit à Beau-Plan mercredi a suscité l’émoi. Clara Manuel, 35 ans, son fils Angel Jeanette, qui avait 14 ans, sa tante Catherine Armoogum, 50 ans, et son petit ami Fred Barret, 50 ans, sont décédés. Ils laissent derrière eux des proches meurtris pour qui la fin de l’année ravivera à tout jamais de douloureux souvenirs…
Clara Manuel, âgée de 35 ans, était sur un petit nuage. Elle était en compagnie de gens qu’elle aime. Mais tout s’est brusquement arrêté le temps d’une sortie en famille qui a viré au drame le mercredi 28 décembre 202. La voiture dans laquelle elle se trouvait, avec son fils Angel Jeanette qui avait tout juste 14 ans, sa fille Daniella âgée de 16 ans, sa tante Catherine Armoogum, 50 ans, et son compagnon Fred Barret, 50 ans, a fait une sortie de route.
Le véhicule a terminé sa course contre un arbre, ne laissant aucune chance de survie à quatre d’entre eux, Clara incluse. Elle qui avait tant de projets pour elle et ses enfants. « Linn deza al la France ek la Réunion. Li ti kontan vwayaze. Touletan li ti dir ki li pa pou res Moris li. Li ti pou amenn so de zanfan ek li pou al viv a letranze », raconte Natacha, la nièce de la trentenaire.
Depuis mercredi, ils vivent un véritable cauchemar. Clara était une jeune femme toujours souriante et aimable. Elle était issue d’une fratrie de neuf enfants, dont deux frères, Michael et François. Pour les proches des victimes, les rencontres familiales en cette période de l’année ne seront plus jamais les mêmes.
« Nous sommes nombreux. Bien que nous ne puissions pas nous voir tous les jours, nous gardons contact à travers notre groupe WhatsApp », explique Michael. Rien ne sera plus pareil. « Le Nouvel An était un moment de partage inoubliable avec nos parents. Ce sera difficile désormais. Je pense à ma maman. En un instant, elle a perdu sa fille, sa sœur et son petit-fils », lâche-t-il avec regret.
Clara, qui habitait à Résidence Chebel, était caissière. Elle avait connu Daniel Jeanette très jeune avant de l’épouser. Ils ont eu deux enfants : Daniella et Angel. Le couple a toutefois fini par se séparer. Mais les ex-époux étaient toujours en contact pour le bien de leurs enfants.
Après s’être séparée du père de ses enfants, Clara voulait refaire sa vie. Daniella et Angel étaient sa raison de vivre. « Ils formaient un trio. Mère, fils et fille étaient toujours ensemble », confie Natacha. La trentenaire voulait offrir ce qu’il y a de mieux à ses enfants.
Il y a environ un an, elle a fait la rencontre de Fred Barret, un Réunionnais. « Ma sœur s’était rendue à l’île sœur en deux occasions pour passer des vacances avec son petit ami », relate Michael. Cette année, c’est Fred qui avait fait le déplacement à Maurice pour être auprès de Clara. Il
était arrivé trois jours avant l’accident. Il était prévu que toute la famille le rencontre.
Tout allait pour le mieux. Clara profitait des vacances avec son petit ami en compagnie de ses enfants et de sa tante Catherine Armoogum. Cette dernière, qui habitait Albion, était la sœur de la maman de Clara. La vie souriait à la famille. Des jours heureux étaient encore à venir.
Mais le 28 décembre a sonné le glas pour certains d’entre eux. « Ma sœur m’avait demandé de les accompagner. Je lui avais dit que je travaillais. Ils s’étaient ainsi tournés vers mon ami Jean Claude. C’est un ami de la famille qui n’hésite pas à rendre service. Il les a conduits où ils souhaitaient », explique François.
Toute la journée, Clara a posté sur sa page Facebook des photos d’elle, de son compagnon et de ses enfants. « Ils se sont d’abord rendus à Casela. Ils ont pu entrer, mais il y avait beaucoup de visiteurs. Ils n’ont pas pu essayer certaines attractions. Ils sont donc partis », explique Michael. La joyeuse famille a pris la direction du Nord de l’île.
« Clara m’a dit de lui envoyer une carte téléphonique. Je l’ai fait, puis je l’ai appelée pour confirmer si elle l’avait bien reçue », dit François, qui ne se doutait guère que c’était la dernière fois qu’il parlait à sa sœur. « Je regardais les photos qu’elle envoyait. Ils étaient heureux », ajoute Michael.
Tout a basculé en quelques minutes. « Ler monn fini koz ar li, kinz ou trant minit apre, mo gagn enn lapel telefonn ki dir mwa finn ena aksidan », raconte François, la gorge nouée.
Funérailles émouvantes
Clara, Angel, Fred et Catherine ont connu une fin tragique. Le Réunionnais, dont la dépouille se trouve à la morgue, sera rapatrié vers l’île sœur. Ses proches sont à Maurice pour faire les démarches en ce sens.
Le jeudi 29 décembre, proches et amis étaient nombreux à se rendre à la chapelle ardente de Moura, à Petite-Rivière, pour dire adieu à Clara, à son fils Angel et à sa tante Catherine. La dépouille de l’adolescent, qui se trouvait dans une limousine blanche, a ouvert le cortège funèbre, suivi de sa mère et de sa tante. Les cercueils ont été transportés à l’église Sacré Cœur de Beau-Bassin à 15 heures et de là au cimetière St-Jean.
Le conducteur sera interrogé dès qu’il se rétablira
Jean Claude Cateaux, 72 ans, était au volant de la voiture impliquée dans ce terrible accident qui a coûté la vie à quatre personnes. Cet habitant d’Albion a été hospitalisé. Il s’agit d’un ami proche de la famille. « C’est quelqu’un d’aimable. Il a toujours été présent pour la famille. Cela me peine de le voir dans cette situation », confie François, le frère de Clara Manuel. La police de Pamplemousses attende que le septuagénaire se rétablisse et obtienne son autorisation de sortie pour l’interroger. Il sera inculpé d’homicide involontaire.
Le papa d’Angel : « Monn fini pran so bann zafer lekol »
Daniel Jeanette, l’ex-époux de Clara mais aussi le père d’Angel et de Daniella, est anéanti. « Pour Noël, Angel était avec moi. Il avait bien travaillé pour la Form III. ‘Monn fini pran so bann zafer pou lekol. Lindi so mama telefonn li pou dir li vini. Merkredi, Angel inn telefonn mwa pou dir mwa ki zot pe al promne Casela. Me zot pann resi fer atraksion. Zot finn al La Croisette. Li ti ena tou so lavi devan li’ », lâche-t-il en larmes.
Sa fille de 16 ans, blessée dans l’accident, est toujours hospitalisée. « Li demann mwa kot so mama ek so frer ete. Mo dir li ki bann-la dan ICU. Mo pa kone kouma mo pou anons li sa. Li pa fasil », confie ce père meurtri.
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