Faits Divers

Accident de Beau-Vallon - Ravin, Ibrahim et Nathanaël: trois amis arrachés à la vie

Ils avaient l’avenir devant eux. Ravin, Ibrahim et Nathanaël partageaient la même passion pour la mécanique... ils ont péri ensemble dans un terrible accident à Beau-Vallon. « Gone  too soon… » Le village de Beau-Vallon, près de Mahébourg, pleure trois de ses enfants. Partis tragiquement après que leur voiture a fait une sortie de route et fini sa course contre un arbre. Le drame s’est joué dans la soirée du dimanche 6 mars. Ibrahim Hoota, 23 ans, son cousin Ravin Kenooa, 20 ans, et Nathanaël Favori, 18 ans, n’ont pas survécu à la violence de l’impact. Leurs proches sont dans une profonde détresse. Chez les Hoota et les Kenooa, c’est un double drame. Les cousins Ibrahim et Ravin habitaient la même cour. Zohra, 22 ans, l’épouse d’Ibrahim, est inconsolable. « J’ai perdu mon amour d’enfance », pleure-t-elle. Ibrahim était le benjamin d’une fratrie de sept frères et six sœurs. Il a fréquenté l’école du gouvernement de la localité, avant de compléter sa scolarité  au collège Hamilton à Mahébourg. « Le père d’Ibrahim venait souvent à Mahébourg, où j’habitais. C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés », explique la jeune veuve, qui se rappelle avoir très vite succombé au charme d’Ibrahim. Malgré cette attirance, ce n’est après quelque temps qu’ils se sont mis ensemble. « Il était timide, dit Zohra. C’est moi qui ai fait le premier pas. » Pour elle, il ne fait aucun doute : c’est l’homme de sa vie. « Je savais ce que je voulais. Et c’était passer le reste de mon existence à ses côtés. Ibrahim était attentionné, honnête et franc. C’était un homme qui respectait les femmes. » Ibrahim est mort à trois jours de leur anniversaire de mariage. « Le 9 mars, nous aurions fêté notre 3e anniversaire de mariage. Même si nous n’avions rien prévu, il savait toujours me surprendre. D’ailleurs, c’était toujours Ibrahim qui se rappelait des dates importantes… Il se souvenait même de nos premiers textos. Pour notre anniversaire, nous sortions parfois en amoureux et des fois, il m’offrait des cadeaux. Il était très câlin. Je ne m’attendais pas à une tournure aussi tragique à la veille de notre anniversaire », sanglote la jeune femme.  
   

Les trois amours d’Ibrahim

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/div> Selon Zohra, son époux s’est intéressé à la mécanique, car tous ses amis possédaient une moto ou une voiture. « Il a contribué à hauteur de Rs 5 000 tous les mois dans un cycle (sit). Il voulait s’acheter une moto et grâce à cet argent, il a pu le faire. Il s’est offert un deux-roues noir et a refait la peinture », dit-elle.  Puis, l’idée d’avoir une voiture a germé. C’est avec l’aide de son épouse et de son frère qu’Ibrahim s’est offert une Honda l’année dernière. « Il était très content de cette acquisition. Nous avions obtenu la voiture à un très bon prix. Il me disait que j’étais son premier amour, que la motocyclette était son second et la voiture son troisième. » Le couple, qui habitait chez les parents d’Ibrahim, caressait le rêve d’avoir son nid douillet pour y passer des jours heureux. « Nous voulions avoir une maison dans la région. Nous voulions être proches de nos familles », explique la veuve. D’ailleurs, Ibrahim et Zohra avaient entamé des démarches auprès de la Mauritius Housing Company en ce sens. « Mais nous n’aurons plus la chance de voir ce rêve se concrétiser », lâche-t-elle. Ils voulaient également avoir des enfants. Mais pour la jeune femme, ce n’était pas pour l’immédiat. « Nous en parlions souvent », relate-t-elle. Dimanche, le couple a eu une petite dispute avant qu’Ibrahim ne sorte. Zohra ne se doutait pas une seconde que c’était la dernière fois qu’elle le voyait vivant. Abdool, le père d’Ibrahim, est un homme dévasté. Pour lui, son fils était un jeune sans histoire, dévoué à sa famille et adorant jouer à la pétanque. « Il y a au moins trois boulodromes dans notre localité.  Après les heures de classes, Ibrahim venait sur l’aire de jeu. C’est ainsi qu’il s’y est intéressé. Il a participé à plusieurs compétitions et remporté plusieurs tournois à travers le pays », explique-t-il. Le jour de l’accident, Ibrahim était sorti pour un match de foot. « Je l’ai aperçu vers 14 heures. Je suis sorti vers 15 heures et je ne l’ai plus revu ». C’est vers 21 h 30 que sa bru lui a annoncé que son fils avait eu un accident. Abdool s’est rué sur les lieux du drame. « Pa kapav diboute gete. Mo pann resi trouv li ditou. Sa pu res enn regre. Mo leker fermal », pleure-t-il. Ibrahim aidait aussi son frère Noor depuis un certain temps. « Je suis entrepreneur et Ibrahim travaillait avec moi. Nous effectuons des travaux de menuiserie dans des hôtels », dit-il. Selon les proches d’Ibrahim, le soir fatidique, il revenait de Plaine-Magnien, où il s’était rendu pour le boulot.
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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12950","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-21289","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Ibrahim Hoota"}}]] ...et la moto du jeune homme.

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Ravin projetait de se marier

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12946","attributes":{"class":"media-image wp-image-21285","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"426","alt":"Ravin Kenooa"}}]] Ravin avec sa petite amie
Vidisha.

Chez les Kenooa, qui vivent dans la même cour que les Hoota, c’est aussi la détresse. À l’étage où habite Ravin (Mevin pour ses proches), le temps s’est aussi figé. Ravin allait souffler ses 21 bougies le 19 mars. Cet ancien barman venait de présenter sa petite amie Vidisha à sa famille. La jeune femme s’est confiée à Le Dimanche-L’Hebdo : « Nous nous sommes connus, il y a six ans, sur Facebook. En décembre, il m’a présentée à sa famille. Nous voulions prendre notre temps. Mevin voulait bien faire les choses pour que nous ne manquions de rien. Nous avions prévu de nous marier en 2018, mais il est parti », pleure-t-elle. Ravin, l’aîné des trois frères Kenooa, a fréquenté l’école gouvernementale de Beau-Vallon, comme Ibrahim, avant de poursuivre ses études secondaires au Curepipe College. « Mon fils a étudié jusqu’au School Certificate avant de se lancer dans l’hôtellerie », explique Deepak. Une fois ses cours complétés, il a pris de l’emploi dans un hôtel du Sud. « Il était barman », poursuit le père de Ravin. Il y a peu, il a quitté son job à l’hôtel et travaillait avec son cousin Ibrahim. Jeune homme pieux, Ravin participait régulièrement aux célébrations du Cavadee. Il aimait aussi la pétanque. « Ibrahim et lui étaient inséparables. Ils jouaient à la pétanque ensemble. Mon fils a aussi gagné quelques tournois. D’ailleurs, il y a une vitrine où je garde ses trophées », ajoute Deepak. Autre passion que son fils partageait avec son cousin : la mécanique. Il ne ratait jamais une occasion de poster la photo de sa motocyclette sur les réseaux sociaux. « Cela fait deux ans qu’il s’est offert cette moto. Depuis qu’il a eu un accident, la moto est restée chez son oncle », explique Sheeka, une tante de Ravin. Les funérailles des deux cousins ont eu lieu lundi après-midi. C’est escorté d’une bande de motards que le cortège funèbre a quitté le domicile d’Ibrahim Hoota.  
   

Nathanaël voulait aider sa famille

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À 18 ans, Nathanaël Favori était le benjamin de la bande. Désiré Marcelino, le père du jeune homme, le décrit comme un jeune homme débrouillard. « J’ai eu cinq fils et Nathan était le quatrième », explique-t-il. L’ado a quitté les bancs de l’école il y a quelque temps déjà. « Il voulait aider à faire bouillir la marmite. Li al trase », poursuit son père. Résidant à quelques mètres de ses compagnons d’infortune, le jeune homme passait le plus claire de son temps avec eux. « Ils étaient souvent ensemble. Nathan a commencé  à travailler avec eux », relate Marcelino. Le jeune Nathan était fan du ballon rond. « Adolescents, nous avons été ensemble au centre technique de football. Il était gardien de but et était doué », confie un jeune de la localité. D’ailleurs, le soir du 6 mars, peu avant le drame, il jouait au ballon avec ses amis sur le terrain du quartier. « Je revenais du boulot quand j’ai aperçu mon fils jouant au football vers 18 heures », pleure Marcelino. Pour Daniella, la mère de Nathanaël, c’est le choc. « Nathan était serviable et toujours à l’écoute. Le soir de sa mort, après le match de foot, il est rentré à la maison, s’est douché et est sorti sans nous dire où il se rendait », confie-t-elle. Elle dit ne pas avoir eu le courage de voir son fils une dernière fois. « C’est trop dur. Je veux conserver les bons souvenirs », dit Daniella. Les funérailles du jeune homme ont eu lieu mardi matin.  
   

Tragique sortie de route

Ce terrible accident a secoué le village de Beau-Vallon, dimanche aux alentours de 21 h 30. La Honda d’Ibrahim Hoota, avec à son bord Ravin Kenooa et Nathanaël Favori, fait une violente sortie de route. Dans sa course folle, elle s’encastre dans un arbre. La violence de l’impact est telle que le véhicule est réduit en un amas de ferraille. La police de Blue-Bay est informée de cet accident. Les sapeurs-pompiers ont dû avoir recours à la scie électrique pour découper la voiture et extirper les corps des trois jeunes qui ont, selon les rapports d’autopsie, succombé à de multiples blessures. Selon les premiers éléments de l’enquête, la vitesse serait à l’origine de l’accident. Des analyses toxicologiques ont été effectuées sur les victimes. [row custom_class=""][/row]

Les proches : « Il y a des zones d’ombre…  »

« Nous demandons à ce qu’une enquête plus approfondie soit initiée. Il y a des zones d’ombre », lâche Noor Hoota, le frère d’Ibrahim Hoota. Selon des proches, des rumeurs circulent à l’effet que la voiture était pourchassée. « Quelqu’un m’a confié qu’un tout-terrain suivait la voiture de mon frère. Il s’agirait d’un véhicule de l’Adsu. Je connais bien cette route. Toute preuve a été enlevée. Je connais mon frère, mon cousin et leur ami. Banela zame inn gagn zafer la polis », poursuit Noor Hoota.
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