« Les Mauriciens ont un droit d’accès à toutes les plages.» Pour réaliser cela, Mahen Jhugroo, ministre du Logement et des Terres, compte acquérir des terrains se trouvant sur des espaces loués à bail. Or, cela n’enchante pas les 1 600 détenteurs de baux. Ils envisagent des actions.
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Rouvrir les passages vers les plages. C’est l’ordre qu’a reçu le Conseil de district de Rivière-du-Rempart du ministre du Logement et des Terres, mardi. Cette mesure concerne l’ensemble du pays a fait comprendre Mahen Jhugroo, lors d’une descente entre Grand-Baie et Cap-Malheureux.
Lors des descentes par les inspecteurs dudit ministère, des relevés ont été effectués. Le but : rouvrir des passages pour donner accès à la plage au public. Mahen Jhugroo affirme que s’il le faut, l’État fera l’acquisition obligatoire des terrains. Cela fait bientôt 20 ans que les Collectivités locales tentent d’ouvrir des passages pour donner l’accès aux plages du pays. Le Conseil de district de Rivière-du-Rempart est en possession d’un rapport sur des voies d’accès situées sur un intervalle de 500 mètres. Un responsable du Conseil affirme que depuis 20 ans, les inspecteurs tentent d’ouvrir des passages, mais se heurtent aux contestations des détenteurs de baux. Le souci : pour rouvrir les passages, il faut empiéter sur des terrains. Cela implique la modification des baux et l’acquisition obligatoire des terrains. D’ailleurs, plusieurs passages existants ont été obstrués et certains ont été annexés aux baux.
Pas question de se laisser faire. L’Association of Campement Owners and Users (Acou), menée par Armand Maudave, engage une campagne contre la décision du ministre Jhugroo. Un communiqué a été publié dans la presse par l’Acou: « Accéder à la plage pour faire quoi ? » se demande l’association. Les membres affirment qu’ils ne contestent pas le fait que les gens doivent accéder à la plage. Le communiqué souligne que l’espace entre la marée haute et la marée basse est libre pour que les gens puissent circuler uniquement.
« Les riverains, qu’ils soient de Pointe-d’Esny ou d’ailleurs, comme à Grand-Baie et Pereybère, n’ont jamais émis de griefs sur ces droits d’accès et de passage. Ils s’attendent toutefois à ce que cette obligation de « circuler uniquement » soit bien comprise et respectée par les vacanciers. Quand ceux-là s’installent sur la plage devant les campements, y passent une partie de la journée avec tout un attirail de cuisine et une stéréo tonitruante, jouent au ballon en hurlant, et laissent en partant un amas graisseux d’immondices, ils bafouent ce droit de passage et perturbent la tranquillité de ceux qui habitent les lieux », fait ressortir l’Acou.
L’Association définit aussi le terme « campement ». Il s’agit, premièrement d’un site loué à bail par l’État. La zone louée est selon la Pas Géometriques Act, sous la responsabilité du locataire et « il peut interdire l’accès à la plage », explique l’Acou. « Un club privé, légalement détenteur d’un bail de l’État, a bien le droit d’indiquer qu’une partie de la plage au-delà du high water mark est réservée à ses membres. Le club n’a nullement besoin de clearance pour poser cette affiche et ainsi protéger la tranquillité de ses membres ».
Jhugroo : « Je fais mon travail »
Cependant, le ministre est clair. « Je n’ai pas à savoir ce qu’ils pensent, je fais mon travail et essaie de voir comment accorder le privilège d’utiliser une plage aux Mauriciens qui n’ont pas la chance de posséder un campement pieds dans l’eau », réplique Mahen Jhugroo face aux protestations de l’Acou. Le ministre a donné l’instruction aux inspecteurs d’engager les procédures nécessaires pour acquérir les terrains et rouvrir les passages.
Dans certaines zones, c’est déjà le cas. Les procédures ont été entamées pour ouvrir et élargir deux passages à Grand-Baie et à Pointe-d’Azur. Les responsables du ministère soulignent, toutefois, que pour ouvrir des passages, il faut prendre en compte la distance entre ces passages et les plages publiques. Cet aspect pèse lors des acquisitions obligatoires et la modification des baux. C’est pour cette raison que le State Law Office (SLO) sera consulté avant de finaliser les démarches.
Pour rappel, en 2015, le gouvernement a résilié des baux octroyés entre 2005 et 2014 à des promoteurs à Trou-aux-Biches et Mon-Choisy.
La Beach Authority change de ministère
Mahen Jhugroo le confirme. Il a formulé une demande au Premier ministre pour que la Beach Authority change de ministère. Il passera du ministère de l’Environnement au ministère du Logement et des Terres. « Nous proclamons les plages, pourquoi nous ne nous en occupons pas ? Cette demande est logique, le fonctionnement de la Beach Authority sera plus efficace », fait comprendre le ministre.
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