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Académies : difficile adaptation

2 094. C’est le nombre d’élèves ayant obtenu une place dans une académie pour la rentrée de 2023. C’est la deuxième année que 12 établissements secondaires du public accueillent ces élèves, qui sont considérés comme l’« élite ».

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Reaz, dont la fille Myriam fréquente le Sir Abdool Raman Osman State College (SARO) de Phoenix depuis l’année dernière, est satisfait. Il affirme que, si au début il y avait certains problèmes d’adaptation, maintenant tout va pour le mieux. « Au tout début, les filles étaient réprimandées par certains enseignants pendant la récréation, parce qu’elles jouaient aux cartes. Toutefois, par la suite, les choses se sont améliorées. »

N’empêche, des éducateurs se plaignent d’un manque de discipline depuis l’entrée en vigueur des académies et notamment la mixité. Qu’en est-il au juste ? Pour Manoj Sunassee, membre exécutif de l’association des recteurs et assistants recteurs des collèges d’État, il s’agit tout simplement d’un nouveau phénomène engendré par le système de coéducation. 

« Ce n’est pas une forme d’indiscipline, mais plutôt une situation qui fait appel à une nouvelle manière de gérer. C’est un nouveau défi, mais la situation n’est pas ingérable. Nous sommes bien équipés pour affronter ce nouveau système d’enseignement », rassure-t-il. 

Du reste, certains enseignants soulignent que, tout comme dans les autres collèges, les cas d’indiscipline sont aussi présents, mais pas alarmants. « Dans le budget dédié à l’éducation en 2020, il était question de recruter 33 discipline masters, mais il n’y en a eu aucun. Si c’était le cas, il y aurait moins de problèmes », avancent-ils. 

Pour sa part, Vikash Ramdonee, secrétaire de l’United Deputy Rectors and Rectors Union, fait ressortir que « certains défis étaient plus au moins attendus, dans le sens où nos collèges, à l’instar du Collège Royal de Curepipe, du Queen Elizabeth College ou encore du collège Dr Maurice Curé parmi tant d’autres convertis en académies, n’étaient pas familiers au système de coéducation ». S’ajoutent à cela, poursuit-il, la période de découverte chez les adolescents et la Covid-19, qui avaient engendré certaines situations, dont des actes d’indiscipline sous forme de consommation d’alcool et de cigarettes. 

« C’était une culture que les élèves ont ramenée de leurs collèges respectifs. C’était donc un défi de trouver une culture commune », fait-il comprendre. Il s’agissait de proposer des solutions rapides et efficaces.

Chose qu’il dit avoir réussie avec brio au niveau de son établissement. Il assure qu’aujourd’hui, la situation est sous contrôle, grâce à une étroite collaboration entre l’administration, le corps enseignant et non enseignant. De même que la communication entre la direction et les parents d’élèves. « Au Collège Royal de Curepipe, nous sommes connus pour notre excellence. De ce fait, nous avons développé des stratégies pour inculquer cette culture aux nouveaux élèves. Aujourd’hui, je suis satisfait, car nous avons pu très rapidement contenir les actes d’indiscipline. »

Reste que toutes les académies ne s’adaptent pas au même rythme. « Certaines académies sont très prisées, elles reçoivent la crème de la crème. Le reste part dans d’autres collèges. nous ne pouvons donc pas nous attendre au même résultat et au même comportement. Ce qui fait appel à un autre style de gestion, notamment le leadership situationnel selon la spécificité du collège et son niveau », analyse Vikash Ramdonee.

Des recteurs concèdent que les élèves qui sont admis dans environ neuf académies n’ont pas le niveau d’excellence requis. D’ailleurs, plusieurs élèves n’ont pas obtenu le minimum requis de 5 credits, sur les huit matières étudiées, à la fin de la Grade 10.

Dans la pratique, certains élèves choisissent leurs matières optionnelles après avoir été admis. Ce qui fait que parfois des classes spécialisées ne sont pas encore prêtes, alors que la première promotion a été admise en 2021.

Les améliorations à apporter 

Vikash Ramdonee attire l’attention sur l’importance d’accorder aux académies leur autonomie pour une meilleure gestion. « Dans le Draft Report du Nine-Year Schooling, il est dit que les collèges, surtout les académies, auront plus d’autonomie. Or ce n’est pas le cas. Nous n’avons pas encore eu le degré d’autonomie auquel nous nous attendions », déplore-t-il. 

Il fait ressortir que les recteurs sont appelés à gérer les académies avec perspicacité et efficacité. « Mais avec ce manque d’autonomie, nos mains sont parfois liées, tant que le ministère n’intervient pas. »

Le secrétaire de l’United Deputy Rectors and Rectors Union plaide, d’autre part, pour que la mixité soit instaurée dans les collèges dès la Grade 7, comme c’est le cas dans les écoles primaires. Et pourquoi donc ? « Cela évitera cette rupture brusque de 3 ans, soit de la Grade 7 à la Grade 10, pour ensuite réintroduire la coéducation à l’adolescence. Selon nos observations, c’est la source du problème. Continuer la coéducation du primaire au collège facilitera la transition. »

Les éducateurs, eux aussi, doivent s’adapter, fait valoir Manoj Sunassee. « Avec la coéducation, les éducateurs sont appelés à faire face à de nouveaux défis. Ils doivent être plus prudents sur les exemples qu’ils prennent lors des explications. Deuxièmement, il y a des tâches pédagogiques effectuées dans les écoles qui sont réservées aux garçons. maintenant, nous devons prendre cela en considération, car nous vivons dans un monde où les garçons et les filles sont sur un pied d’égalité. »

 

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