À 66 ans, Sylvio Valapinee, un homme autrefois paisible et discret, se retrouve démuni et désemparé. Sa vie a été bouleversée par la trahison d’un individu qu’il considérait comme un ami. Ce dernier a abusé de sa confiance pour prendre le contrôle de ses finances. Le retraité erre aujourd’hui dans les rues, en faisant les poubelles pour manger. Tout ce qu’il espère, c’est retrouver la dignité qui lui a été dérobée.
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Si quelqu’un lui avait dit qu’il aurait fini à la rue, Marie Amédée Sylvio Valapinee, 66 ans, ne l’aurait sans doute jamais cru. Pourtant, c’est ce qui lui est arrivé. Il en est réduit à faire les poubelles pour trouver de quoi manger. C’est dire à quel point cet homme sans histoire, qui menait autrefois une vie paisible, a été frappé par la cruauté et l’injustice. La personne qu’il considérait comme un ami et qu’il a accueillie chez lui a abusé de sa confiance. Une trahison qui lui a coûté très cher.
Il faut remonter à 2020 pour mieux comprendre le parcours de Sylvio. Jusqu’à cette année-là, il mène une existence paisible dans sa maison à Elizabethville, Baie-du-Tombeau. Puis, il fait la connaissance de l’homme qui deviendra son pire cauchemar.
Sous les dehors de la bienveillance, cet individu, âgé d’une trentaine d’années, s’immisce peu à peu dans sa vie, en prétendant être son ami. Au début, il semble être une lueur d’espoir dans la routine de Sylvio, mais derrière cette apparente camaraderie se cache une trahison aux effets on ne peut plus dévastateurs. Le retraité lui accorde sa confiance.
Peu à peu, le jeune homme prend le contrôle de sa vie. Il commence par s’installer chez lui. Il utilise l’espace comme bon lui semble. En quelques mois, la maison du retraité, autrefois un lieu de réconfort, prend des allures de dépotoir. Elle est envahie par la crasse et le chaos.
Cela ne s’arrête pas là. Prenant la gentillesse du retraité pour de la faiblesse, le pseudo-ami exploite sa vulnérabilité. Il accède rapidement à ses finances, volant systématiquement sa pension de vieillesse. Quant aux factures d’eau et d’électricité, elles ne sont plus payées. Ce qui entraîne inévitablement la coupure de ces services essentiels.
Le véritable calvaire de Sylvio débute lorsque le jeune homme contracte des crédits en son nom sans pour autant s’en acquitter. Ce qui génère une montagne de dettes. Les impayés atteignent des montants astronomiques : Rs 33 000 pour les factures (électricité et eau) et Rs 125 000 voire plus auprès de Cim Finance, où cinq crédits ont été contractés en son nom, notamment pour l’achat d’appareils électroniques audio, dont un subwoofer.
Dignité
Sans ressources et criblé de dettes bien malgré lui, Sylvio voit son monde s’effondrer. Sa maison, autrefois un havre de paix, est méconnaissable. Les dettes ne font qu’augmenter, alors que le jeune homme qui a ruiné sa vie continue à vivre à ses dépens.
En novembre 2023, le retraité atteint le point de non-retour. Totalement démuni, il erre seul dans la rue. Il dort à même le sol sur la plage de Baie-du-Tombeau. Un ami de longue date, un vrai celui-ci, le reconnaît et décide de l’aider.
« Sylvio était un homme tranquille et sans histoire. Il a travaillé comme maçon et menait une vie correcte. C’est déchirant de le voir fouiller dans les poubelles pour trouver de quoi manger », raconte cet habitant de Baie-du-Tombeau. Ce dernier, touché par le sort du retraité, lui offre nourriture et vêtements.
« Nous avons alerté les autorités, car ce jeune homme revenait chaque fin de mois le harceler pour lui soutirer sa pension. Nous lançons un appel à l’Elderly Protection Unit et à la Police Community de Baie-du-Tombeau pour qu’elles viennent en aide à cet homme, car il court un grand danger », explique ce bienfaiteur.
Aujourd’hui, Sylvio est profondément marqué par cette expérience. Il a du mal à s’exprimer. Il porte les cicatrices d’un traumatisme profond. La peur et l’incertitude rythment désormais son quotidien, parce qu’il a eu le malheur de faire entrer la mauvaise personne chez lui.
Malgré toute cette souffrance, un désir continue de vivre en lui : celui de retrouver, un jour, sa famille, surtout sa mère qui vit en Angleterre. Né le 25 mai 1958, à Barkly Crownland Rivalland, Beau-Bassin, il n’a que peu de souvenirs de son enfance et de ses proches.
Ses parents, Marie Daisy Valapinee (née Pitois) et Joseph Simon Valapinee, ont quitté Maurice en 1960 pour s’installer en Angleterre. Son père est décédé en 2009. Certains membres de la famille de Sylvio ont conservé leur nationalité mauricienne. D’autres, en revanche, se sont établis définitivement en Angleterre.
C’est le cas de son frère Gérard Michel Valapinee ainsi que de leur mère, aujourd’hui âgée de 85 ans, qui continue de vivre avec ce dernier à Londres. En 2015, tous deux lui ont même envoyé une lettre d’hébergement pour qu’il puisse séjourner chez eux à Londres.
Mais Sylvio n’y est pas allé. Aujourd’hui, il se retrouve seul, avec des souvenirs flous de son passé. Il ne sait pas combien de frères ni de sœurs il a. Il ignore aussi où ils se trouvent exactement. Malgré toute cette incertitude, il continue d’espérer qu’un jour, il retrouvera ce lien familial qui a été jadis brisé. Mais ce qu’il souhaite surtout, c’est de retrouver, comme tout être humain, une once de dignité, celle qu’il a perdue au fil des années pour avoir fait confiance à la mauvaise personne…
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