Pantalon, chemises, vestes, robes T-shirts. Les vêtements importés coûteront désormais moins cher après la suppression des droits de douane annoncée dans le Budget. Si c’est une bonne nouvelle pour les consommateurs, les entreprises locales craignent toutefois des fermetures.
L’avenir s’annonce sombre pour les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur textile. C’est l’avis de Maxime Koon, directeur de la compagnie Le Dauphin et président de la Textile Apparels Manufacturers’ Association. Il est d’avis que l’abolition des droits de douane sur les vêtements va affecter directement quelque 300 PME. « Si ces 300 entreprises mettent la clé sous le paillasson, plus de 8 000 personnes vont se retrouver au chômage », affirme-t-il. Il est d’avis que si le gouvernement est en train, d’une part, d’encourager l’entrepreneuriat, il introduit aussi, d’autre part, des mesures qui risquent d’affecter les entreprises existantes.
Veena Sadaful, directrice de Quench Collection Company Ltd, ne cache pas son inquiétude. Sa compagnie, spécialisée dans la fabrication de vêtements, produit entre 3 000 et 4 000 pièces par mois. « Nous exportons 50 % de notre production vers l’île de la Réunion et le reste est écoulé sur le marché local. Avec l’abolition des droits de douane sur les vêtements importés, c’est évident que nous ne pourrons pas faire face à la concurrence », déplore-t-elle.
Les opérateurs locaux sont désormais dans une situation d’attente et comptent revoir leurs stratégies de production. «Nous faisons déjà face à une compétition féroce avec les autres opérateurs locaux. Maintenant, avec les vêtements importés qui coûteront moins chers, la situation va s’empirer », déplore un autre entrepreneur.
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Pas d’impact pour les gros opérateurs
Selon le président de la Mauritius Export Association, Yogesh Singh, l’abolition des droits de douane sur les vêtements ne représente pas une menace pour le secteur textile en général. « Pour la majorité des entreprises textiles à Maurice, les principaux clients sont à l’international. Puisque leurs produits sont exportés, il n’y aura pas de grand impact négatif sur leurs activités », explique-t-il. Toutefois, il ne nie pas la menace qui devrait se présenter pour les PME. « Les entreprises qui écoulent leurs produits sur le marché local uniquement pourraient être menacées », admet-il.
Le président du Front commun des commerçants (FCC) de Maurice, Raj Appadu est, lui, d’avis que cette mesure ne résoudra pas le problème des commerçants qui font face à la morosité. « D’abord, les vêtements ne sont pas la priorité des Mauriciens. Ils n’achètent pas ces produits sur une base régulière. Ainsi, les baisses de prix n’auront pas un impact important sur la vente », affirme-t-il. Cette mesure peut par contre encourager les marchands illégaux à importer des vêtements en plus grand nombre, dit-il. « Les marchands illégaux vont profiter de cette situation. D’ailleurs, au FCC, nous avons déjà demandé à la Mauritius Revenue Authority d’ouvrir une enquête sur les transactions des importateurs », souligne Raj Appadu.
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