Abolition des cigarettes en milieu carcéral : l’or blanc de la prison est la source de tous les vices

La cigarette a été, pendant des décennies, la source de tous les vices en prison. Pour une cigarette commercialisée autour de Rs 200, des détenus (es) n’hésitent pas à vendre leurs habits, produits de consommation, à accepter la sodomie collective et des règlements de compte. Selon des recoupements, la cigarette circulerait toujours en prison, mais uniquement entre « gros bonnets ».

Un prisonnier ferait tout pour une bouffée de tabac ! « En prison, la cigarette est non seulement utilisée comme antidépresseur, mais aussi comme mode de paiement pour les divers trafics entre détenus. Un vaste trafic de cigarette perdurait en milieu carcéral. Les ‘barons’ de la drogue et ‘bane ti condané’, qu’ils soient fumeurs ou non, alimentaient ce trafic », explique un haut gradé de la prison centrale de Beau-Bassin.

« Un paquet de 20 cigarettes se vendait entre Rs 2 000 et Rs 3 000 en prison, soit plus de dix fois le prix ».

Eshan, ex-détenu et fondateur de l’ONG ‘Group Resolution’ visant à réhabiliter les ex-prisonniers, avance que la cigarette est une véritable mine d’or en prison. « Le trafic de cigarettes repose sur plusieurs facteurs : la qualité du produit, le coût de la vie, mais elle dépend aussi de la prison où elle est commercialisée », ajoute-t-il. Selon l’ex-détenu, le prix d’une cigarette est équivalent à celle d’un paquet de friandises et les corvées (ex. la lessive) sont « rémunérées » par deux cigarettes.

Depuis le 1er février, l’administration pénitentiaire a aboli la consommation de cigarette. Cette mesure est l’une des recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue. Depuis lundi, des incidents éclatent dans diverses prisons.

Dans une déclaration au Défi Quotidien, le Dr Siddick Maudarbocus, directeur de la Clinique les Mariannes, affirme que l’abolition de la cigarette « n’est pas juste et humaine ». « Tout est artificiel en prison. Il y a beaucoup de frustration. Le mieux serait d’introduire une mesure permettant aux détenus de réduire graduellement leur consommation de tabac, permettant au corps de s’adapter », dit-il. Ensuite, le tabac en prison est « une grande échappatoire » et un « énorme ‘reliever’ » pour les détenus.

Sollicitée, l’administration carcérale avance que des discussions sont en cours avec des médecins pour la distribution de ‘Nicotine patch’. Une réunion a eu lieu mercredi à ce propos.