Abandonnée par son conjoint : Nazmeen confie deux de ses trois enfants à la CDU

La vie n’a pas fait de cadeau ni à Nazmeen ni à sa fille. Toutes les deux se sont mariées avec deux hommes qu’elles qualifient de « brutes et sans considération » qui les ont

abandonnées. Récit.

Nazmeen, 44 ans (elle paraît plus âgée, apparemment écrasée par le poids des soucis), a connu une vie conjugale des plus malheureuses. Après leur mariage (arrangé quand elle avait 17 ans), son mari est venu habiter chez elle, à Camp Chapelon. Après quelques années, le couple a eu cinq enfants, aujourd’hui âgés de 21, 19, 8 et 5 ans respectivement. Les deux premières sont des jumelles, le cadet et l’avant-dernier sont des garçons. Le mari de Nazmeen (d’origine rodriguaise) était loin d’être un mari et un père modèle. « Il était constamment dans un état d’ébriété et se disputait avec ma mère. Il la battait aussi », raconte Bibi Nabeeha, l’une des jumelles.

Excédé par le comportement du mari de Nazmeen, le propriétaire de la maison qu’ils louaient les a mis à la porte. Ils sont allés habiter dans une bicoque sous le pont de Grande-Rivière-Nord-Est, dépourvue d’eau et d’électricité. Le mari n’aurait pas changé ses habitudes. Puis un jour, il a déserté le toit conjugal. Cela fait six ans. N’ayant pas suffisamment de moyens pour nourrir ses enfants, Nazmeen a contacté la Child Development Unit (CDU) et les deux derniers ont été placés dans un « shelter ». Ils y sont toujours.

Aujourd’hui, les trois premiers enfants de Nazmeen travaillent. Les jumelles, qui bossent ensemble, touchent chacune Rs 1 500 par semaine. Son fils de 19 ans travaille, lui, pour un promoteur spécialisé dans l’installation des tentes pour mariages et autres réceptions.

Logement précaire

Bibi Nabeeha s’est mariée. Mais elle n’a pas eu plus de chance que sa mère. Elle aussi a été battue par son mari. Puis, il l’a mise à la porte, alors qu’elle était enceinte d’un mois et demi. Elle affirme que son mari (ils ne sont mariés que religieusement) n’a jamais pris des nouvelles de leur enfant et n’est jamais venu la voir.

Le lieu où Nazmeen habite actuellement avec ses trois enfants est très précaire, surtout pour deux jeunes filles. Il n’y a pas de lit et aucun meuble. Nazmeen dort sur un affreux matelas avec l’une des jumelles tandis que l’autre dort dans une pièce à côté. Son frère dort dans la même pièce. Leurs vêtements sont dans des sacs accrochés au mur.
La cuisson dans la pièce qui sert de cuisine se fait sur un foyer alimenté par du bois, comme il y a quarante ans de cela.

Si ce logement protège tant bien que mal la famille contre le soleil et la pluie, elle ne la protège pas pour autant des inondations. Comme elle a été bâtie au bout d’une pente, la bicoque est inondée à chaque averse. En trois occasions, Nazmeen et ses enfants ont dû aller se réfugier dans le centre communautaire.

En plus, quelle sécurité pour une mère et ses jeunes enfants dans une telle bicoque ?