Aarav, 4 ans, décédé dans un accident - Son père : «Il était fasciné par Spiderman»

La mort d’un enfant est peut-être la plus cruelle de toutes. Il y a des parents qui ne s’en remettent jamais. D’autres apprennent durement à faire le deuil.  Submergé par la douleur, le couple Bundhooa revient sur l’accident qui a coûté la vie à son fils Aarav.

C’est une explosion qui a frappé la famille Bundhooa. Leur fils Aarav (Namish Kumar Bundhooa) est décédé après un accident rue Choisy, la rue même où ils habitent, à Poste-de-Flacq. Le drame a eu lieu le dimanche 22 avril. Les larmes aux yeux, Rakesh Bundhooa (38 ans) trouve quand même la force d’en parler. Comme un exutoire. Comme s’il avait besoin de mettre des mots sur les maux de sa petite famille.

Ce superviseur des espaces verts dans un hôtel de l’Est se dit meurtri par cette tragédie. Son épouse et lui avaient tellement de rêves pour leur p’tit bout de chou. Des rêves à jamais brisés. « Aarav était notre fils unique.Nous l’aimons énormément et cela nous fend le cœur de ne plus l’entendre, confie Rakesh. Il n’avait que quatre ans et sa mort nous a transformés à jamais. »

Un accident peut arriver à tout le monde, ajoute ce père effondré. Il doit tant bien que mal surmonter cette douloureuse épreuve. « Je n’ai pas le choix. Je dois être fort pour ma femme Sounayna (29 ans) et notre fille Pari (11 ans). » Il égrène ses souvenirs. « Aarav était fasciné par Spiderman, il grimpait les murs de la maison, muni de son nounours et de sa cape, avec une petite couverture que sa mère lui nouait soigneusement au cou, raconte Rakesh tout ému. Ses super pouvoirs, comme il disait, n’ont pu le sauver de son tragique destin. Il est parti chercher son volant de badminton, mais il est parti pour toujours. »

Flashback. Le 22 avril à 12 h 30, la famille Bundhooa est à table pour le repas dominical. Après le déjeuner, le petit Aarav fait des câlins à son père qui regarde la télé. Ensuite, il atterrit sur les genoux de sa mère avant de lancer : « Ma, mo pe al zwe ek Didi deor. » Il file pour aller rejoindre Pari et son cousin Kubair (8 ans), qui jouent au badminton dans le garage à l’arrière-cour. à 14 h 30, Pari accourt dans la cuisine. Toute tremblante, elle hurle : « Ma, Aarav inn fer aksydan. »

Pieds nus, Rakesh court hors de la maison. Dans la rue, il voit ses voisins, Steeve et son frère Sylvestre. Dans leurs mains, le corps de son enfant. Aarav porte de multiples égratignures et blessures. Sans perdre de temps, son beau-frère Ram, Soonayna et lui démarrent en trombe en direction l’hôpital de Flacq. « Ses yeux se fermaient et il me mordait à l’épaule. » Il ajoute que sous le choc, il n’a pas pensé à emmener son fils dans une clinique et que peut-être il aurait pu être sauvé.

À l’hôpital, une flopée de médecins et d’infirmiers s’occupent d’Aarav. Il a des douleurs aiguës et son pouls est presque impalpable. On lui fait des injections et le petit blessé recommence à respirer. Il est envoyé au département X-Ray. « Ma, mo vant pe fer mal, mo swaf. Donn mwa delo, aste ju pou mwa », lâche l’enfant.
Rakesh demande s’il peut donner à son fils à boire, mais un médecin le lui interdit formellement. Le cœur déchiré, dit-il, il essaie de faire patienter Aarav. Revenu sur son lit d’hôpital, Aarav fait un petit besoin et son urine est tachée de sang.

L’inimaginable

Entretemps, les résultats de l’X-Ray arrivent. « Sa mem nou ti pe atann. Tou korek, li pa grav », affirme le docteur. Rakesh et Sounayna sont soulagés. « Mon épouse est repartie à la maison pour aller chercher du linge et autre objets pour les ramener à l’hôpital. » Aarav a toujours soif et son père lui fait boire trois gouttes d’eau versées dans un bouchon. Il lui demande : « Papa to kontan mwa ? » Rakesh a juste le temps de lui répondre, avant que son fils ne commence à saigner abondamment. Il panique.

Le médecin décide de placer Aarav à l’unité de soins intensifs. Dévasté, Rakesh est rejoint par des proches. Il est aux aguets et il entend le médecin dire que le cœur d’Aarav bat doucement. Une demi-heure plus tard, c’est un coup de tonnerre qui foudroie la famille Bundhooa. C’est l’inimaginable pour tous les proches présents. Le médecin affirme que cela a été fait pour réanimer Aarav, mais peine perdue. « Ounn perdi ou zanfan. »

Il est 18 heures passées. Rakesh et Sounayna ne peuvent détacher leurs regards d’Aarav, inerte et saignant du nez et de la bouche. Des policiers les informent qu’il faut pratiquer une autopsie. Sounayna, la mère, ne veut rien entendre. Rakesh la raisonne, avant de se rendre à l’hôpital Victoria de Candos. Puis ils sont appelés à faire une déposition au poste de police. L’enquête pour déterminer les circonstances de l’accident se poursuit alors que Steeve Brick, qui avait heurté Aarav, est placé en détention policière. Sollicitée, une proche de Steeve Brick n’a pas souhaité faire de commentaires. « Ni nous ni les parents d’Aarav n’étions présents lors de l’accident. On ne peut se prononcer là-dessus. »

À 21 heures, le couple Bandhooa prend possession du corps d’Aarav. Le rapport de l’autopsie, pratiquée par le Dr A. Sunnassee, fait état de multiples blessures à la tête, l’abdomen et aux genoux. Des ecchymoses sur le flanc gauche de la hanche et des fractures aux côtes, entre autres, ont aussi été relevées. Vers 22 heures, le couple Bundhooa regagne le toit familial où proches, amis et voisins sont rassemblés pour le soutenir. Les funérailles du petit Aarav ont eu lieu le lundi 23 avril.

La détresse d’une mère

Sounayna Bundhooa dit ne pas comprendre. « Mo leker dir mo zanfan ti bizin reste ek mo anvi kone ki finn arive vreman. Avan li rant dan swin intansif, inn dir nou tou korek. Apre noun perdi nou zanfan. » Après les jours de prières pour Aarav, elle s’est rendue à l’hôpital de Flacq, le jeudi 26 avril, pour faire une demande du rapport médical d’Aarav. Elle dit soupçonner une négligence lors du passage de son fils des urgences aux soins intensifs. « Je lutterai pour connaître les circonstances dans lesquelles mon fils est décédé, confie la mère. C’est très dur d’avoir perdu Aarav, d’autant qu’avant lui, j’avais déjà perdu un enfant. »