
Menacée au couteau, volée dans sa propre chambre, agressée par son propre sang... Aisha (prénom fictif), 90 ans, est une arrière-grand-mère brisée par le fléau de la drogue. À Vallée Pitot, c’est la peur qui règne, quand Reza, son petit-fils de 53 ans, débarque les yeux injectés et les mains tremblantes.
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Le lundi 23 juin 2025 restera gravé dans la mémoire d’Aisha. Aux alentours de 13 heures, dans la quiétude de son modeste domicile à l’Impasse Edouard, un cauchemar qu’elle connaît trop bien refait surface. Reza R., 53 ans, toxicomane connu de la région et son petit-fils, surgit comme une tempête.
Il brandit un couteau, exige Rs 10 000, hurle, tremble, insulte. Aisha refuse. Sous le choc, elle est prise d’un malaise et s’évanouit, s’écroulant sur le sol. Dans sa chute, elle se cogne violemment le front et se fait une bosse. Son petit-fils, dans un geste qui tient plus de l'opportunisme que de la compassion, la soulève, l’installe sur un canapé et tente de la réanimer... non pas pour vérifier son état de santé, mais pour continuer à lui extorquer de l’argent. « Mo finn kontinie ferm mo lizie, li ti pe bouz mwa pou fer mwa leve. Mo kone li pa ti pou ale tan li pa gagn larzan », raconte Aisha.
Alors qu'elle reste figée, simulant l'inconscience, Reza se rue dans sa chambre, fouille, retourne tout. Elle est restée là, le cœur battant, la gorge nouée, priant que cela finisse. À 90 ans, elle trouve le courage de s'échapper. Désespérée, elle prend ses savates et s'enfuit chez l'une de ses filles qui habite non loin, pour demander de l’aide.
Pendant ce temps, Reza, dans un vieux sac, déniche Rs 3 000, les arrache et disparaît. Ce n’est pas la première fois. « Reza inn deza kokin mwa Rs 10 000 enn lot fwa... », avoue-t-elle aux policiers de Vallée Pitot.
Une terreur familiale
Reza n’en est pas à sa première crise. Selon les proches, il aurait également menacé sa propre mère, âgée de 73 ans, ainsi que d’autres membres de la famille. Le scénario est toujours le même : il réclame des grosses sommes, souvent Rs 10 000 ou plus. Quand il essuie un refus, la violence explose. Il frappe, casse, hurle, et n’hésite pas à pointer son couteau sur ceux qu’il considère encore comme sa famille. « Li ena enn barem : li pa dimann Rs 100 ou Rs 500... Li rod Rs 10 000 minimum », déplore sa mère.
Mère de quatre enfants, elle avoue que Reza est tombé dans la spirale infernale de la drogue depuis longtemps. Elle n’espère plus aucun changement. Reza est un récidiviste bien connu des services de police, avec une trentaine de délits à son actif, allant du vol à l’agression. « Kouma mo garson, boukou pli zenn pe fini tom dan ladrog sintetik dan landrwa. Sak fami pe soufer », dit-elle en larmes.
Selon elle, la drogue se vend en toute impunité à Vallée Pitot, notamment dans la rue Alma : « Pa bizin al lwin pou gagn ladrog, dealer la partou. La polis konn sa, me zot pa fer nanye. Kan li pa gagn nanien avek nou, li al kot mo mama ki tousel kot li, li kone ki li pou gagne laba. »
Ce n’est pas un cas isolé. Pas plus tard que le jour même de la fête de l’Aïd al-Adha, le 8 juin, Reza s’est présenté chez sa mère, armé d’un couteau, exigeant de l’argent. Il savait que ses proches venaient de toucher leur pension. Il n’a pas hésité à menacer sa nièce, présente sur les lieux. « Li finn telman revolte, mo niess inn bizin donn li Rs 10 000 pou li ale ek less nou an pe », relate-t-elle.
Derrière ces épisodes de terreur : la drogue synthétique. Selon sa mère, Reza consomme un cocktail explosif de drogues dures disponibles à bas prix dans son quartier. Les effets sont dévastateurs : hallucinations, crises de violence, perte totale de lucidité. « Li pa mem kone ki li pe fer... Me nou, nou bizin viv ek sa toulezour », lâche-t-elle.
Un appel à l’aide ignoré
Reza était sous traitement à la méthadone. Il a même été admis pendant sept jours à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard. Il en est sorti le mercredi 18 juin. Cinq jours plus tard, il s’en prenait à sa grand-mère.
Malgré la plainte déposée par Aisha, Reza continuait à se balader librement autour de la maison. La psychose était totale.
Il a fallu l’intervention personnelle de l’ASP Rajesh Moorghen et de son équipe le mardi 24 juin pour que Reza soit finalement interpellé. Il a été placé en détention sous une charge provisoire de « Demanding money by threat ». Une nouvelle charge pourrait s’ajouter : « Illtreatment against Elderly Persons ». L’ASP Rajesh Moorghen a objecté à sa remise en liberté conditionnelle, craignant pour la sécurité de la victime et de ses proches.
Les ravages silencieux
Derrière ces drames familiaux, il y a le cri silencieux de milliers de familles mauriciennes qui vivent chaque jour sous la terreur imposée par un proche toxicomane. Chaque coup de couteau, chaque menace, chaque vol n’est pas qu'un crime : c’est une blessure à vie. « Zot dir zot pe lager kont ladrog... Me ki zot pe fer pou bann gran-mer kouma mwa ? » lance Aisha, les yeux embués.

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