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9-Year Schooling : forces et faiblesses

Faizal Jeerooburkhan

Vers la fin du dernier millénaire, le CPE était quasiment un produit périmé que tout le monde voulaient voir disparaître à tout prix. Le curriculum était rigide et figé dans le passé; l’accent était mis sur les savoirs livresques et les examens (le fameux A+). Cela  encourageait les leçons particulières et le bourrage de crâne. 25 % à 30 % des jeunes à l’âge de 12 ans se voyaient rejeter par le système et beaucoup d’autres voyaient leur enfance gâchée avec la complicité des parents et des enseignants. Avec l’absence d’une éducation à visage humain basée sur les valeurs, la citoyenneté, les sports, les activités extrascolaires  et avec l’absence d’autonomie au niveau des écoles et les manquements dans la formation des enseignants, des nombreux problèmes ont fait surface. Ainsi on a vu apparaître les problématiques d’indiscipline, d’absentéisme, de la violence, de l’alcool et de la drogue synthétique. Il fallait alors impérativement revoir tout le système.

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Pourtant le besoin pour remplacer le CPE s’était fait sentir depuis longtemps (The master plan on education, Unesco, 1991 ; Le rapport Dulloo, 1995 ; le Master Plan de Pillay, 1998 ; Ending the rat race de S. Obeegadoo, 2003) et était devenu évident. Le contexte avait évolué avec des changements profonds dans la société au niveau sociale, économique  et environnementale (changement climatique). La globalisation  et la libéralisation du commerce nous projetaient dans l’arène de la bataille des idées, des cerveaux et des nouvelles technologies; notre survie dépendait de notre capacité à être plus productif, compétitif et innovant. L’explosion des connaissances associée au progrès sur le fonctionnement du cerveau humain (intelligences multiples, pédagogies nouvelles) et la révolution dans les TIC mettaient à rude épreuve notre système éducatif.

Les forces du PSAC

Les premières tentatives pour remplacer le CPE s’étaient soldées par des échecs en raison des multiples lobbies. Il a fallu attendre l’élection de ce présent gouvernement pour enfin remplacer le CPE par le PSAC. La volonté politique y était et les intentions étaient a priori bonnes, mais la façon de procéder était mauvaise. Un changement de cette envergure ne se fait pas en quelques mois en brulant les étapes, entre les murs d’une institution conçue pour une autre vocation, sans consultations élargies avec tous les acteurs de la société et en l’absence d’une institution spécialisée et bien équipée qui aurait entrepris des travaux de recherches appropriés pour une meilleur planification et en passant par un projet pilote pour éviter des complications durant la phase de l’implémentation.

Le PSAC comporte des nombreuses qualités sur papier. Le temps nous dévoilera si ces qualités seront effectivement traduites dans la réalité sur le terrain dans les années qui suivent. Parmi les forces, notons la régionalisation et  la mixité de l’éducation, le dépistage précoce au début du primaire, le système de rattrapage, le suivi psychologique pour les enfants en difficulté, l’introduction des cores et des non-core subjects, l’emphase sur les filières techniques et préprofessionnelles, le modular system  et l’évaluation continue pour certaines matières, la valorisation des activités extracurriculaires, la réduction du ratio élève-enseignant et la possibilité pour les enfants qui ont des talents autres qu’académique de réussir leurs parcours scolaires tout en favorisant un certain élitisme à travers les académies.

Les faiblesses du PSAC

L’empressement, le manque de consultation élargie, de préparation et de planification restera le talon d’Achille de cette réforme éducative. Les carences en termes d’infrastructures appropriées (piscines, gymnases, outils informatiques, institutions pour l’éducation techniques et vocationnelle etc.) illustrent bien cette absence de planification. Avec les examens utilisés pour le classement - le PSAC en grade 6 et la NCE en grade 9 - la compétition sera bien plus forte surtout que les collèges régionaux seront de différents niveaux; les leçons particulières, système d’éducation parallèle qui brasse Rs 3-4 milliards annuellement,  régneront en maître tandis que l’équité sera toujours bafouée avec comme victimes les enfants des familles pauvres. Le développement holistique, la pensée critique et créative, l’esprit d’entrepreneuriat et d’innovation ne seront que des vœux pieux. L’absence d’une institution spécialisée et bien équipée pour travailler sur le développement du cursus scolaire basé sur la recherche, l’évaluation et la révision périodique est une faiblesse majeure. L’absence de provision pour auditer le système régulièrement et systématiquement laisse planer des doutes sur l’efficacité de cette réforme. Le manque d’engagement de la part de certains enseignants et administrateurs scolaires ainsi que l’attitude des parents ne sont pas pour arranger les choses.

Conclusion

Pour réussir cette réforme, il faut d’abord une volonté politique à toute épreuve pour combattre les différents lobbies politiques. Il faut ensuite un changement de mentalité générale chez les parents, les enseignants, les directeurs, les employeurs etc. Cela peut se faire à travers une campagne de sensibilisation et d’éducation. Un document élaboré et détaillé (blue print) doit être produit pour servir de base. Une description des types de citoyens qu’on aura besoin en 2020-30 pourrait servir de fil conducteur à cette réforme. Une consultation plus large avec tous les acteurs du système (parents, enseignants, employeurs, forces vives, professionnelles dans différents disciplines) aiderait à parvenir à un consensus générale. Il faut revoir la formation des enseignants tout en essayant de mettre les collèges secondaires sur le même pied d’égalité autant que possible. Le plus important c’est que cette réforme soit entreprise par une institution spécialisée et bien équipée en termes d’expertise, de financement, d’infrastructure et de logistiques.

Faizal Jeerooburkhan

 

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