5 448 dénonciations de maltraitance d’enfants ont été enregistrées en 2022 contre 4 746 en 2021. Ce sujet a été abordé dans l’émission « Au cœur de l’Info » après la diffusion d’une vidéo montrant une mère qui frappait son enfant en début de semaine.
La vidéo d’une mère frappant sa fille a choqué de nombreux Mauriciens en début de semaine. Elle a été diffusée sur les réseaux sociaux et a suscité de nombreuses réactions. Qu’en est-il des cas qui ont été dénoncés ? Comment lutter contre la maltraitance et la violence envers les enfants ? Pour répondre à ces questions, la journaliste Jane Lutchmaya a reçu Edley Maurer, de l’ONG Safire, et Rattan Jhoree, un préposé de la Child Development Unit (CDU), dans l’émission « Au cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus, le mercredi 5 juillet 2023. L’Ombudsperson pour les enfants, Rita Venkatasawmy, la psychologue et membre du Collectif Drwa Zanfan, Astrid Koeing, et la députée Karen Foo Kune-Bacha sont intervenues par téléphone.
Rattan Jhoree indique que la CDU et la brigade de la famille sont intervenues promptement après la diffusion de la vidéo. « Il faut dénoncer. Selon la nouvelle loi, une personne qui ne dénonce pas un cas est complice et risque jusqu’à cinq ans de prison et une amende de Rs 200 000. Ce sont les mêmes sentences qu’une personne reconnue coupable de maltraitance. Les campagnes portent leurs fruits. La majorité des Mauriciens connaissent la hotline de la CDU, le 113. La hotline est gratuite et opère 24 heures sur 24. La confidentialité de l’identité du dénonciateur est garantie. Il vaut mieux prévenir que guérir », explique-t-il.
5 448 dénonciations ont été enregistrées en 2022 contre 4 746 en 2021. Il précise qu’une cinquantaine d’enfants ont été placés dans des familles d’accueil. Rattan Jhoree encourage plus de familles à accueillir des enfants.
Selon Edley Maurer, dans de nombreux cas, il s’agit de jeunes parents qui ne sont pas encore responsables et qui ne connaissent pas la loi. « Les cas de violence familiale concernent souvent des familles avec un manque d’éducation. Le défi est de faire connaître la loi aux personnes qui en ont le plus besoin », commente-t-il. Edley Maurer préconise donc un accompagnement des parents.
Rita Venkatasawmy annonce que pour la première fois, il y a eu, le même jour, plus de 20 signalements pour le même cas au bureau de l’Ombudsperson pour les enfants après la diffusion de la vidéo. Parmi ces personnes, il y avait un groupe de jeunes qui demandaient comment faire pour aider. Elle salue la réaction de la population.
La violence est encore ancrée dans la culture mauricienne. Beaucoup de personnes pensent qu’en le frappant, on corrige un enfant. Mais beaucoup d’autres ont évolué. La loi seule ne peut pas résoudre le problème. Il faut sensibiliser les gens. Il faut surtout éduquer les enfants. Il manque une synergie entre les différents partenaires, indique-t-elle.
Pour Astrid Koeing, la sensibilisation pêche sur de nombreux points. « On manque de moyens, il y a beaucoup de bénéficiaires. Il ne faut pas juste former les parents, mais aussi les futures mamans. Il y a beaucoup à faire. De nombreux enfants ne connaissent pas la loi, notamment au niveau de la violence. Il faut les sensibiliser et ils doivent se confier à des adultes de confiance comme un membre de la famille ou un enseignant. Le nombre de cas rapportés m’interpelle, mais beaucoup de cas ne sont pas rapportés. Il n’y a pas de petites claques ou de petites violences. Elles ont toutes des impacts notamment sur le cerveau et la confiance en soi. […] Les enfants doivent être accompagnés, car la violence se transmet de génération en génération », confie-t-elle.
Karen Foo Kune-Bacha estime que la violence corporelle est tolérée dans la culture mauricienne. « Il y a beaucoup d’efforts à faire pour changer la mentalité. Des parents pensent bien faire en battant leurs enfants, mais ils leur font du tort sans le savoir. Cette sensibilisation doit toucher toutes les générations. Comme on explique à un enfant qu’il a mal agi, on doit expliquer aux parents que la violence a des conséquences. Il faut un changement de fond », insiste-t-elle.
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