De l’essence et du Jet A1 contaminés qui ont atterri dans les cuves de trois compagnies pétrolières à Maurice ont été repompés dans les cuves du navire-citerne Analipsi Lady. Si la State Trading Corporation (STC) se veut rassurante concernant la situation, Arvin Boolell et Xavier-Luc Duval fustigent le gouvernement sur ce dossier.
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Le directeur général de la State Trading Corporation (STC), Jonathan Ramasamy, avance que les produits contaminés n’ont pas atterri dans les cuves des stations-service à travers le pays. « Des procédures très strictes ont été respectées », dit-il. Il indique que 3 800 tonnes de carburants contaminées ont été repompées dans les cuves de l’Analipsi Lady.
Selon nos recoupements, le navire Analipsi Lady, qui a accosté le 5 décembre dans la rade de Port-Louis, avait dans ses cuves 3 800 tonnes de carburant destinées au marché local. Il est à noter que cette situation a causé de gros inconvénients aux compagnies pétrolières mauriciennes, mais aussi à la STC, qui a subi des pertes de Rs 50 millions. Toutes les cuves et autres tuyaux par lesquels les carburants contaminés sont passés ont dû être nettoyés afin d’éviter tout risque de contamination. Des experts sont sur place pour s’assurer que tout se passe dans les meilleures conditions.
Jonathan Ramasamy tient à préciser que les tests effectués avant que les carburants ne soient acheminés vers Maurice n’avait rien révélé d’anormal. « Le 5 décembre, à Port-Louis, les tests effectués sur le navire ont été concluants. Mais quand le déchargement a été effectué, c’est à ce moment qu’il y a eu des anomalies. Tout a été stoppé et une certaine quantité de l’essence contaminée et du Jet A 1 ont atterri dans les cuves de trois compagnies pétrolières au pays. Tout a été fait d’après les règles établies », explique-t-il.
Le navire a quitté le port de Port-Louis le mardi 24 décembre et il est en route pour le port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, et arrivera à sa destination le vendredi 3 janvier 2020.
Les produits du Mt Sunray respectent les normes
Le directeur général de la STC balaie d’un revers de main ce qui se dit sur la qualité des carburants importés par le navire Mt Sunray. Il réitère et explique qu’il y a une procédure très stricte à respecter avant d’importer un produit au pays. « Avant que le déchargement des produits pétroliers ne se fasse d’un navire-citerne, il y a des tests effectués. C’est uniquement si le produit répond aux normes que le déchargement se fait. Une fois que les produits importés sont au pays, d’autres tests sont effectués. Ce n’est après cela que les produits pétroliers sont acheminés vers les cuves des compagnies pétrolières mauriciennes », explique-t-il.
Dans ce cas précis, le navire Mt Sunray est arrivé au pays le jeudi 26 décembre et la procédure établie a été suivie au pays de l’embarquement, fait-il comprendre. « À Maurice, des tests ont été effectués par la STC, de même que des inspecteurs indépendants de la Grande-Bretagne, qui sont au pays en ce moment. Une fois toutes les clearances obtenues, le déchargement a été fait. Les produits répondent aux normes », affirme-t-il.
Yogida Sawmynaden explique que toutes les procédures ont été respectées
Le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Yogida Sawmynaden, donne la réplique à Xavier-Luc Duval concernant la cargaison de produits pétroliers dans la rade en ce moment. Il accuse le leader des bleus de vouloir tirer un « capital politique » de cette situation. Le ministre affirme que toutes les procédures sont respectées. Des tests de qualité sont effectués, avant que la cargaison ne soit autorisée à être débarquée, dit-il. Concernant un communiqué d’un concessionnaire de voitures, qui évoque la mauvaise qualité des produits pétroliers et le fort taux de MMT dans les carburants, le ministre se demande si le concessionnaire a importé des véhicules qui sont adaptés au marché mauricien.
Taux de manganèse peu acceptable
Dans un communiqué émis par le directeur général d’Axess, Antoine d’Unienville souligne que la compagnie est en mesure aujourd’hui de confirmer que le taux de manganèse (MMT) ajouté à l’essence dépasse très largement le taux acceptable dans la cargaison reçue fin octobre. En effet, les résultats des tests effectués démontrent un taux de 31 mg/l (pour rappel 0 en UE). Il est important de savoir que cet élément est commercialisé comme un additif de carburant améliorant l’octane pour l’essence. Comme le plomb, le MMT dans le carburant réduit irréversiblement l’efficacité des systèmes de contrôle des émissions d’échappement. Il est également signalé qu’il augmente la fréquence des cliquetis à bas régime dans les moteurs turbocompressés. Les dégâts causés par le MMT sont néfastes et même irréversibles pour les véhicules concernés.
Xavier-Luc Duval demande aux automobilistes de se faire rembourser par la STC
Le leader du Parti mauricien social démocrate (PMSD), Xavier-Luc Duval, demande aux automobilistes de se faire rembourser par la STC. « Des véhicules ont été endommagés par la mauvaise qualité des carburants mis en vente récemment. Il a été prouvé que cette essence contenait jusqu’à trente fois plus de manganèse qu’autorisé », allègue-t-il. Il demande donc aux automobilistes concernés d’exiger un remboursement immédiat de la STC.
Arvin Boolell accuse la STC et le ministre de tutelle
Le leader de l’opposition, Arvin Boolell, indique que les pannes et les dégâts subis par les automobilistes sont liés à la mauvaise qualité du carburant. Selon lui, la mauvaise qualité du carburant est due à la faible importation de fioul blanc et à l’additif métallique ajouté pour tenter d’atteindre un seuil d’octane de 95. « C’est le résultat de l’attribution d’un contrat dans le cadre d’un approvisionnement d’urgence. La STC et le ministre sont coupables et fuient devant leurs responsabilités. Ils devraient être sanctionnés. C’est inacceptable », fulmine-t-il.
200 véhicules ont eu des ennuis mécaniques
La Motor Vehicles Dealers Association (MVDA) tire la sonnette d’alarme sur la qualité de l’essence depuis mi-novembre. La raison : environ 200 véhicules ont eu des ennuis mécaniques depuis la fin du mois d’octobre. Les véhicules font face à deux problèmes. Primo, la voiture enclenche le limp mode. Ceci est une fonction de sécurité qui s’active lorsque l’unité de commande du moteur ou de la transmission détecte un défaut. Une fois le problème détecté, ce mode affectera les fonctions secondaires de la voiture, telles que la climatisation. Secundo, les véhicules affectés peinent à démarrer.
L’affaire révélé par le Défi Quotidien : une cargaison de carburant contaminée interdite d’entrée
Les produits pétroliers sont stockés dans la périphérie de la rade de Port-Louis en ce moment, car les produits sont contaminés. Le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Yogida Sawmynaden, avait botté en touche lorsque cette affaire a fait grand bruit.
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