Dans le Jardin de la Compagnie ou au Village Hall de Belle-Vue-Maurel, des ex-souscripteurs au plan Super Cash Back Gold (SCBG) et à Bramer Assets Management font une grève de la faim. Est-ce le dernier recours pour faire plier les autorités et obtenir le remboursement de leurs investissements le 30 juin prochain ?
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Swokwandee Gobin : «J’ai besoin de mon argent pour une opération des yeux»
Mère de cinq enfants, elle est l’une des six grévistes de la faim qui ont investi le Village Hall de Belle-Vue-Maurel jeudi matin. Le regard perdu, Swokwandee Gobin, veuve de 74 ans, nous confie les projets qu’elle voulait réaliser avec ses investissements : marier son arrière-petite-fille et se faire opérer à l’œil droit.
« Jamais je n’aurais pensé devoir faire une grève de la faim pour réclamer mes Rs 350 000. C’est le fruit de 60 ans de dur labeur dans les champs de cannes et dans l’élevage d’animaux. J’ai besoin de cet argent pour mon opération. Les frais s’élèvent à Rs 50 000. Mon arrière-petite-fille, la prunelle de mes yeux, se marie en août prochain. Comment faire sans argent ? » dit-elle.
La veuve est l’une des 1 136 membres de la société coopérative de Belle-Vue-Maurel à avoir investi dans les plans SCBG et Bramer Assets Management la somme de Rs 72 millions. Selon Sree Kissoon Gobin, secrétaire de la coopérative, « c’est la National Property Fund Ltd qui nous a appris que notre capital ne serait pas remboursé ».
« Je suis anéantie, mais je garde espoir. Je supplie les autorités de se pencher sur notre dossier. Nous, retraités et ex-employés du secteur agricole, avons investi toutes nos économies dans le SCBG », ajoute Swokwandee Gobin.
Depuis jeudi, l’une des six grévistes est tombée malade et a dû être hospitalisée. À vendredi soir, il ne restait que quatre hommes et une femme grévistes.
Jayen Chellum : «Ce n’est que le début…»
Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association pour la protection des consommateurs de l’île Maurice (Acim), s’est rasé la tête et a entamé une grève de la faim de trois jours depuis vendredi midi. « C’est en signe de protestation contre le projet Metro Express et contre d’autres promesses non tenues par le gouvernement », a-t-il expliqué.
Rencontré vendredi après-midi, dans les locaux de l’Acim à Bell-Village, Jayen Chellum avance que ce geste d’abstinence « est un signal fort lancé au gouvernement quant aux engagements pris envers le peuple et qui n’ont pas été respectés ». « Il y aussi l’utilisation abusive de la Mauritius Broadcasting Corporation pour mener une campagne de désinformation. Le pays fait face à des problèmes graves et on donne priorité au Metro Express », a-t-il ajouté.
Pourquoi trois jours de grève ? « Au départ, elle devait être illimitée. C’est après mûre réflexion avec les membres de l’Acim que je l’ai ramenée à trois jours. Ce n’est qu’un début. Nous lancerons aussi une campagne de sensibilisation nationale », a expliqué Jayen Chellum.
Salim Muthy, porte-parole des grévistes : «La grève de la faim était l’ultime recours»
Le porte-parole des souscripteurs au plan Super Cash Back Gold (SCBG) et à Bramer Assets Management (BAM), Salim Muthy, semble à bout de force après cinq jours de grève de la faim. Il s’est livré à Le Dimanche/L’Hebdo.
Pourquoi vous embarquer dans cette grève de la faim, sachant que vous n’avez rien à y gagner ?
Je n’ai rien à y gagner. J’ai laissé ma pâtisserie, ma famille, mes enfants et ma mère amputée des jambes et sous dialyse pour être auprès des grévistes de la faim. Je le devais en tant que porte-parole des ex-souscripteurs au plan SCBG et à Bramer Assets Management. Ces ex-clients de la BAI m’ont fait confiance.
Pensez-vous tenir jusqu’au bout de cette grève illimitée ?
Je n’ai plus la fougue de la jeunesse. Mais je me ferai un devoir de tenir jusqu’à la fin. C’est ma quatrième grève de la faim. La dernière remonte à 2009.
Votre avis sur la situation des ex-souscripteurs de la BAI ?
La grève de la faim était l’ultime recours pour faire bouger les choses. Sans cette action, les autorités n’auraient jamais réagi. Pourquoi font-elles la sourde oreille aux malheurs de ces gens ? Une négociation n’est-elle pas mieux que cette grève de la faim ? On attend que nos propositions au ministre de la Bonne gouvernance et des Services financiers, Sudhir Sesungkur, adoptées jeudi soient couchées par écrit.
Jean-Éric : «Je ne peux rester dans mon confort quand d’autres souffrent»
Jean Éric, ex-souscripteur à un plan d’assurance de la BAI, a rejoint les grévistes de la faim au Jardin de la Compagnie. « Je veux donner espoir aux souscripteurs dans l’attente de leur remboursement », explique-t-il.
« Je veux soutenir Salim Muthy et les autres grévistes, qui se battent pour une justice sociale. Je ne peux rester dans mon confort quand d’autres souffrent. J’ai été souscripteur à l’un des plans de la BAI. On m’a remboursé une partie de mes investissements en 2015, en 2016 et la dernière tranche est prévue le 30 juin prochain », dit Jean-Éric, de Flic-en-Flac.
Depuis jeudi, sa femme Anoushka et son fils Sean, trois ans, le soutiennent. Vendredi, Jean-Éric présentait des signes d’extrême faiblesse. « Je ressens des maux de tête et des douleurs à l’estomac. On m’a dit que c’était normal pour une première grève de la faim. Je veux aller jusqu’au bout… Tout porte à croire que l’effondrement de la BAI n’est autre qu’une vengeance politique. Les autorités auraient dû gérer la situation autrement et rassurer les clients bernés au lieu de les laisser dans le désaroi. C’est inhumain. Le ministre Sudhir Sesungkur doit entendre la prière des ex-souscripteurs au plan SCBG et à BAM. »
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