Fraîchement assermentée, Emily Lam Chiou Yee se démarque par un parcours exemplaire. Après plusieurs passages à l’étranger, elle entame sa carrière avec une vision tournée vers l’avenir. Portrait d’une jeune femme, incarnant la nouvelle génération d’avouées.
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À26 ans, Emily Lam Chiou Yee s’apprête à accueillir ses premiers clients. Le sourire décontracté, le visage accueillant, la jeune femme se lance avec enthousiasme dans sa carrière d’avouée qu’elle a débutée officiellement le 10 janvier. Elle a prêté serment le 17 décembre 2024 après s’être distinguée en terminant à la deuxième place aux Vocational Examinations 2023 pour les avoués, menés sous l’égide du Council for Vocational Legal Education.
Quelle est la clé de son succès ? D’autant que le taux de réussite est très faible, chaque année. Les examens d’avoués seraient-ils élitistes à Maurice ? Emily Lam Chiou Yee répond : « Je ne crois pas au système de quotas dans les examens. Ce n’est qu’une question d’assiduité et de rigueur dans les études. C’est une question de patience et de persévérance. Moi, je connais des étudiants issus de milieux modestes qui ont brillé aux examens. »
Fille aînée d’un ancien diplomate mauricien aujourd’hui à la retraite, Emily Lam Chiou Yee est née en Suisse, où son père, Ahyao, était en mission. La jeune Emily vivait alors au rythme des affectations de son père, passant en moyenne trois ans dans un pays étranger, suivis d’une année à Maurice. C’est ainsi que l’avouée a pu visiter la Belgique, l’Éthiopie, la Chine, l’Allemagne et l’Amérique. Sa maîtrise parfaite de l’anglais et du français, ainsi que ses notions de mandarin et d’allemand, témoignent de son ouverture au monde.
« Mon père a fait beaucoup de sacrifices pour moi. Il est convaincu que l’éducation demeure la clé du succès. Quant à ma mère, je dois dire que c’est elle qui a fait le plus dur. Elle s’est occupée de nous au quotidien, nous emmenait à l’école et préparait nos sandwichs pour la journée. »
Emily Lam Chiou Yee a effectué ses études primaires à l’école Lorette de Curepipe avant de fréquenter Le Bocage International School, où elle a obtenu son baccalauréat international en 2016.
Il faut dire que très jeune, elle s’est distinguée par ses talents en recherche, débat et négociation. En 2015, elle a remporté le prix de meilleure déléguée lors du Model United Nations (MUN). Quelques années plus tard, alors qu’elle étudiait le droit à l’Université de Bristol, elle a participé à la Human Rights Law Clinic, contribuant à un rapport utilisé par une ONG gambienne en justice.
Elle a décroché son LLB (Deuxième classe supérieure) en 2020. Au préalable, elle a effectué un stage chez sir Hamid Moollan, Queen’s Counsel, en juillet 2018, suivi d’un stage chez Mackrell Turner Garrett, au Royaume-Uni, en juin 2019.
De retour à Maurice, elle a fait son « pupillage » à l’étude Ng Wong Hing d’octobre 2023 à juin 2024, puis chez Sewraj Solicitors de juin 2024 à octobre 2024. Lors de ses divers stages, elle a participé à des recherches sur le droit des sociétés, des procédures de caution en appel et d’exequatur de sentences arbitrales. Elle s’est également familiarisée avec la rédaction de pétitions de divorce, d’actes liés à la faillite, d’injonctions et de recours judiciaires. Elle a aussi assisté aux audiences devant les cours de district, intermédiaire et suprême, notamment lors de l’audience de condamnation dans l’affaire Bernard Maigrot.
Elle a appris les rudiments du droit familial, commercial et administratif, et apporté son assistance sur des litiges immobiliers concernant des loyers impayés. De plus, elle a entrepris des recherches juridiques sur les testaments, entre autres. Ces stages lui ont aussi permis de découvrir l’arbitrage dans des affaires de construction et de participer à des recherches sur des thématiques variées comme l’anticorruption et la discrimination au travail, utilisées en contre-interrogatoire devant les tribunaux commerciaux. Sa connaissance des outils juridiques comme LexisNexis et Westlaw complète son arsenal technique.
Emily Lam Chiou Yee, qui est passionnée de randonnées en nature et de natation, réfléchit à la possibilité de se spécialiser dans un aspect particulier de son métier. Toutefois, elle souhaite se donner le temps de choisir la filière, consciente que l’expérience l’aidera à faire ce choix.
Comment voit-elle l’évolution de son rôle dans le système juridique mauricien ? « Bien qu’il y ait statistiquement plus de femmes que d’hommes dans le domaine juridique à l’île Maurice, par exemple, le nombre de femmes juges dépasse celui des hommes, il y a toujours une perception selon laquelle les hommes seraient plus qualifiés. J’espère qu’un jour, les gens ne se préoccuperont plus du genre de leur représentant légal, mais se concentreront uniquement sur les compétences de la personne ».
Ce qui est certain, en tout cas, c’est qu’Emily Lam Chiou Yee incarne la nouvelle génération d’avouées : ambitieuse, déterminée et tournée vers l’avenir.
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