Scène de détresse à Cité Longère, Baie-du-Tombeau, mercredi. Un violent incendie s’est déclaré et a ravagé douze maisons et endommagé douze autres faites de feuilles de tôle et de bois. Ces familles, qui comptent au moins une centaine de personnes et qui vivent dans la précarité, ont tout perdu lors de ce sinistre. Hommes, femmes, enfants ont dû être évacués. Un bébé a reçu des soins dans un dispensaire alors qu’un second a été ausculté sur place.
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Pour la plupart de ces habitants, cela fait tout juste un an qu’ils sont venus s’installer dans ces maisons avec le strict minimum. Au total, il y a 96 maisons, soit huit rangées de douze maisons, où résident plusieurs familles. Le feu s’est déclaré peu après 9 heures mercredi dans une des rangées. L’incendie s’est vite propagé dans les autres maisons. Certains ont été surpris par ce feu, car ils dormaient encore. Ils ont été réveillés grâce à l’alerte donnée par les autres voisins. Pour l’heure, l’origine de cet incendie n’a pas encore été déterminée.
La police de Baie-du-Tombeau, les sapeurs-pompiers de Port-Louis, de Coromandel et de Quatre-Bornes ont été mandés sur les lieux. L’incendie s’est vite intensifié. Des ouvriers bangladais qui travaillaient sur un chantier à quelques mètres plus loin n’ont pas hésité à venir aider les gens à évacuer leur maison. Ceux qui pouvaient, ont pris meubles, téléviseurs, appareils électroménagers et bonbonnes de gaz pour éviter plus de dommages.
La tâche n’a pas été facile pour les secouristes. Après avoir eu un problème d’eau, les pompiers ont dû braver le feu. Au bout d’un moment, certains des sinistrés ont fait entendre leur voix, car ils avaient tout perdu. La situation est devenue tendue. Les éléments de la Special Supporting Unit ont été mandés en renfort. Munis de leurs boucliers, ils n’ont cependant pas mis du temps à repartir. Les gens sur place leur ont fait comprendre qu’ils ne voulaient pas d’affrontement.
Les sapeurs-pompiers, pendant ce temps, effectuaient leur avancée dans les maisons. Dans certains cas, ils ont dû faire un passage dans les toilettes et autres pièces de la maison pour aider les gens à fuir des flammes menaçantes. Ils ont dû grimper sur les toits des autres maisons afin de combattre cet incendie. Entre-temps, c’est à travers d’épaisses fumées que l’évacuation s’est faite.
Ce n’est qu’au bout de deux heures que l’incendie a pu être maitrisé. Les quelques effets que les sinistrés ont pu sauver sont entreposés à même le sol, au milieu d’un terrain boisé.
Des centres communautaires pour reloger les sinistrés
En attendant de leur trouver un autre logement, les autorités les ont placés dans des centres. Le député de la circonscription no 5 (Triolet/Pamplemousses), Sharvanand Ramkaun, qui s’est rendu sur place, souligne que ces gens doivent être relogés. « Ils pourraient être placés temporairement dans les centres communautaires de Saint-Malo et d’Elizabethville jusqu’à ce qu’une solution à long terme soit trouvée. Nous ferons le nécessaire pour leur offrir de la nourriture », a-t-il ajouté.
Un rapport attendu pour déterminer si c’est un acte criminel
Le terrible incendie survenu à Cité Longère serait-il un acte criminel ? C’est ce que tente de savoir la police. Un rapport est attendu de la Fire Investigation Unit et de la Scene of Crime Office.
Les sinistrés de Cité Longère, Baie-du-Tombeau
Akash : Des économies parties en fumée
Akash, torse nu, n’a qu’un short sur lui. Au milieu de tout ce monde, il donne un coup de main. Ce dernier, père de deux enfants âgés d’un et de deux ans, gagne sa vie comme « enflé camion ». De cette maison où il vivait avec sa petite famille, il ne reste que des cendres. « Ici la, li provizwar, après pou mett nou labas (les nouveaux appartements en construction à quelques mètres plus loin). Nou tou inn vinn la kapav depi enn an. Tou inn brilé ! », lâche-t-il. Partis également en fumée, leurs vêtements et leurs économies. « Avec mon épouse, nous économisions chaque sou. Nous avions Rs 10 000 que nous avions mis de côté dans la maison, le feu a tout emporté dans son sillage », se désole-t-il.
Parmi les sinistrés, deux bébés, âgés de deux mois et quatre mois, ont été évacués de justesse. Un a dû être conduit au dispensaire de la localité. Un médecin a examiné l’autre bébé sur place, il n’est pas en danger. Les deux n’ont subi aucune blessure.
Saida Kareemboccus : « Nous avons tout perdu. Avec quatre enfants sous les bras c’est compliqué »
Saida Kareemboccus, 38 ans, habite à Cité Longère, Baie-du-Tombeau, depuis un an. Victime de l’incendie qui a eu lieu, cette mère de quatre enfants raconte sa peine « Lits, armoires et matelas, nous avons tout perdu. Notre maison est complètement endommagée, c’est une situation difficile pour nous qui avons quatre enfants sous les bras. Ce n’est pas facile de ne pas avoir de toit pour dormir, mais en ce moment de peine, avoir nos enfants dans nos bras sains et saufs, c’est déjà une bénédiction », balbutie Saida la gorge nouée.
Colet Marie Christelle : « Je ne sais où aller, on attend de savoir où on passera la soirée »
Colet Marie Christelle est mère célibataire d’une fille de huit ans. Elle habite à Cité Longère depuis dix ans en compagnie de quatre membres de sa famille, soit sa grand-mère, sa mère, sa nièce et sa fille. Elle est parmi les habitants des 24 maisons qui ont été ravagées par l’incendie. Elle était dans un profond sommeil lorsque les faits se sont produits. « Je dormais encore lorsque j’ai entendu une voisine donner l’alerte. Quand je suis sortie de ma maison, j’ai vu une maison complètement ravagée. Entre-temps, les pompiers sont arrivés et se sont mobilisés pour circonscrire les flammes. L’eau des citernes des pompiers s’est épuisée et c’est là que la situation est devenue alarmante. Le feu s’est propagé sur deux rangées et nous avons perdu nos maisons et nos effets personnels ont été calcinés », raconte-t-elle. Elle est déboussolée. « Je ne sais où aller, on ne sait pas où on va passer la nuit », confie-t-elle.
Stacy : « Nous sommes dans le flou total »
Stacy et son mari Stephen résident à Cité Longère depuis un an avec leur fille de quatre ans. Elle a été réveillée par sa fille Keyana, lorsque l’incendie a eu lieu. À son réveil, la maison était déjà envahie par la fumée noire. Sa fille qui est asthmatique a dû être transportée à l’hôpital pour des soins. « Par la grâce de Dieu elle se porte bien, elle n’a pas été gravement atteinte par la fumée provenant de l’incendie », indique la maman. Toutefois, la jeune femme de 20 ans ne cache pas son inquiétude face à cette situation déstabilisante. « Nous sommes dans le flou total. Nous ne savons pas ce qui nous reste en termes d’effets personnels et ce qui nous attend. Nous sommes perdus. »
Sudesh : « Notre destin est scellé par la main de Dieu, j’espère qu’il nous montrera le chemin »
Sudesh, 57 ans, y habitait avec sa femme. Ce couple dans la cinquantaine, a six enfants, tous mariés. Sudesh était à la maison lorsque le feu a éclaté. « Je regardais la télévision lorsque j’ai senti une odeur de fumée. Je suis sorti pour voir chez mes voisins. Lorsque je suis rentré chez moi, les flammes avaient commencé à se propager et l’extincteur de feu était vide. J’ai tenté d’éteindre ce début d’incendie avec de l’eau, mais c’était impossible de contrôler les flammes », explique-t-il. Et d’ajouter qu’il s’est même brûlé les cheveux dans la démarche. « On n’a rien pu sauver, même le t-shirt que je porte a été emprunté. Notre destin est scellé par la main de Dieu, j’espère qu’Il nous montrera le chemin », dit-il, tout désemparé.
Accident : un motocycliste de 73 ans succombe à ses blessures
La série noire se poursuit sur nos routes. Deodath Juhora, 73 ans, était à motocyclette en compagnie de sa fille âgée de 18 ans, à Triolet, mardi soir, quand une collision est survenue entre le deux-roues et une voiture. Le septuagénaire n’a pas survécu. Quant à la jeune femme, elle a été admise à l’hôpital SSRN, Pamplemousses. L’autopsie a révélé que la victime a succombé à des blessures multiples. Le conducteur a été soumis à un alcotest qui s’est avéré négatif. Il a comparu en cour de Pamplemousses sous une charge provisoire d’homicide involontaire.
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