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21 février 1999 : commémorons Kaya!

kaya Joseph Reginald Topize, dit Kaya.
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Ce jeudi 21 février marque les 20 ans de la disparition du créateur du seggae, le chanteur Joseph Reginald Topize dit Kaya. Cette date est également liée aux émeutes de 1991. Le réalisateur Selven Naidu présentera un film-documentaire, alors que les membres de Projet de Société se concentrent sur l’embellissement de Résidence Mère Teresa à Triolet.

Le 21 février 1999, l’île a été secouée par de violentes émeutes. Nombreux sont ceux qui se souviennent de ce jour fatidique, comme si c’était hier. Le réalisateur, Selven Naidu nous replonge dans cette période sombre à travers le film documentaire « Février Noir, vingt ans après ». Le lancement est prévu ce jeudi 21 février. D’une durée d’1 h 06 minutes, « Février Noir, vingt ans après » sera à l’affiche dès vendredi 22 février dans les salles de cinéma Star à Bagatelle.

Le film-documentaire a été inspiré du livre de Thierry Château « Février Noir ». Écrit et dirigé par Selven Naidu, « Février Noir, vingt ans après » été produit par Making Movies & Global Africa Television Network avec le soutien de l’OIF (Organisation Internationale de la francophonie) et en partenariat avec le CIRTEF.

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 Le film-documentaire sera à l’affiche à partir du vendredi 22 février.

On retrouve en filagramme des témoignages de proches du roi du seggae, dont sa femme Véronique Topize, ses deux frères, ses amis, Nitish Joganah mais aussi Jean Bruneau, ancien adjoint au commissaire de police et ex-commissaire des prisons.

« Ces derniers vivent en grande partie toujours dans des cités. L’idée de ce documentaire n’est pas de prendre position ou de faire une analyse sociologique, mais d’exposer la réalité », explique Selven Naidu.

« Ce film me trottait dans le tête depuis 20 ans. La réalisation a débuté il y a trois ans de cela pour s’achever en décembre 2018. Pendant 20 ans, j’ai collectionné les divers articles et documents réalisés sur Kaya.

J’ai lu 3 727 documents pour réaliser ce documentaire inédit ». Le réalisateur remet en contexte les émeutes de 1999 qui cachaient déjà une explosion latente.

Le documentaire, qui a été traduit en anglais, créole et espagnol, a été sélectionné parmi les 15 films prévus au festival Lift-Off à Londres. Il est aussi programmé sur des chaînes internationales notamment TV5 Monde.

Embellissement

Sime Lalimier est une initiative de Projet de Société en partenariat avec l’ONG SAFIRE. Le coup d’envoi a été donné en décembre 2018. « Durant les émeutes de février 1999, la Résidence Mère Teresa a connu des moments douloureux avec des maisons incendiées. 20 ans après, nous contribuons à son embellissement. Nous commémorons également le décès du philosophe et prophète qu’était Kaya. Nous avons entamé plusieurs initiatives qui s’expriment sous Sime Lalimier » explique  Malenn Oodiah initiateur de Projet de Société. Ainsi, du street art orne les murs. Un « jardin drome » est mis en place. Une sculpture sera dévoilée à 18 heures ce samedi 23 février. Cela fera suite à une marche des enfants et adultes.

Plusieurs artistes apportent leur contribution à Sime Lalimier. Ils sont Nirmal Hurry, Menwar, Amrita Dyalah, Yannick Durhone, Joshila Dhaby, Denis Meyers, Gaël Froget, Nalini Treeboobhun, Arnaud Kool et Jean-Marie Banzigou. Avec le soutien des volontaires et des résidents, ils s’engagent à promouvoir et célébrer le vivre-ensemble.

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« Février Noir, vingt ans après » inspiré du livre de Thierry Château, est écrit et dirigé par Selven Naidu.

Seggae leritaz Kaya

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Bruno Raya.

Seggae : une musique unique au monde, l’un des plus beaux héritages culturels que Kaya a légué à son pays. Vingt ans après sa mort, Kaya revit à travers sa musique, bien empreinte dans notre histoire.

«Touletan pe bizin sant so levolisyon », chantait Joseph Reginald Topize, dit Kaya dans « Chant seggae ». Aujourd’hui les différents acteurs du secteur musical sont en quête de reconnaissance pour le seggae, afin de s’assurer que cette musique ne tombe pas dans l’oubli.

Le seggae, cette musique qui rassemble, est apparu comme une musique de protestation après l’indépendance du pays.

« Cette musique est née dans une souffrance, dans une quête d’identité. On pensait être une nation unie, mais une partie de la nation est restée sur le bord de la route et n’a pu trouver sa place dans les différentes sphères du développement. C’est pour revendiquer cette inégalité et injustice que le seggae a pris forme », raconte Ras Natty Baby qui compte 35 ans de carrière dans la musique.

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Ras Natty Baby.

Ce pionnier de seggae, qui a évolué aux côtés de Kaya, parle d’une évolution, bien que lente. Ras Natty Baby s’est mis à écrire des chansons reggae en créole, sans savoir que c’était le début d’une révolution musicale à Maurice. Ce n’est que dans les années 90 que les Mauriciens commencent à comprendre la portée de cette musique universelle. En introduisant le seggae, le chanteur souhaitait promouvoir la même démarche fraternelle et militante que dégageait le reggae.

C’est ainsi que le seggae est devenu comme une identité pour les Mauriciens. Toutefois, il déplore le fait que cette musique n’ait pas le même sens pour certains jeunes aujourd’hui. « Avec l’évolution, nous perdons l’âme du seggae. Mon plus grand souhait est que la musique seggae perpétue sa philosophie. Tant que je serai encore vivant, je continuerai à partager l’essence de cette musique avec les jeunes », fait ressortir Ras Natty Baby.

Notre interlocuteur ajoute que « le seggae m’a transporté sur la plus grande scène internationale reggae en 2007. Bruno Raya a côtoyé le roi du seggae et partagé plusieurs scènes avec ce dernier. Il a découvert la musique de Kaya alors qu’il avait à peine 15 ans. À l’époque, il répétait avec Racinetatane à Plaisance. Je me souviens encore de son concert qui avait réuni 44 000 personnes au stade de Rose-Hill. J’étais dans la foule moi aussi ».

Bruno Raya confie que « le seggae représente notre identité musicale aux côtés du séga. C’est une musique métissée qui véhicule un message fort qui dépasse la philosophie rasta ». Comme le séga et le reggae, il souhaite que le seggae soit reconnu à sa juste valeur.
« Mon message aux autorités, c’est de donner à cette musique sa place, afin que les artistes ne laissent pas mourir notre héritage. Les jeunes ont le devoir de promouvoir cette musique avec fierté ».

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Jahmayka, 3e génération de chanteurs seggae.

Jahmayka

Jahmayka fait partie de cette troisième génération d’artistes évoluant dans le seggae. Cet enfant de Cité Richelieu, qui n’a jamais vu Kaya sur scène, s’est imprégné de sa musique au fil de son évolution. Il représente un tout nouveau genre de seggae qui se mélange au rythme du nyabinghi avec une touche de dancehall. Cet ingénieur du son a aussi créé le Rub A Dub seggae qui revisite le reggae avec de l’électro et du rock.

« Bien que je revisite sa musique, j’ai été inspiré par la musique de Kaya et la philosophie reggae. Il est important pour moi de préserver l’identité musicale du seggae et le côté roots à travers les messages, la musique et les rythmes de mes chansons », explique Jahmayka.

Avec l’avènement d’artistes tels que The Prophecy, Jahmayka espère que cette nouvelle génération de chanteurs donnera un nouveau souffle au seggae.


Stephan Rezannah, directeur de Jorez Box : «Notre projet de décréter le 10 août Seggae Music Day est en bonne voie»

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Du 21 février au 10 août, Jorez Box organise la campagne « 10 Gram pou Kaya », une initiative visant à célébrer l’homme, l’artiste et sa musique. Une collecte débutera ce jeudi 21 février jusqu’à la fin juin. Ce 21 février est aussi marqué par le lancement de la chanson « Chant Lamour » de Kaya.

À l’occasion de la mort de Kaya, divers événements sont organisés à travers l’île (voir page agenda) parmi lesquels le lancement de la collecte qui démarre ce jeudi 21 février et qui a pour but de financer la campagne « 10 Gram pou Kaya ». Le public est invité à contribuer par virement bancaire, sms ou dans les boîtes placées lors de divers événements culturels. Les fonds récoltés permettront de financer les autres projets de cette campagne. La quête prend fin le dernier jour du mois de juin.

Par ailleurs, la reprise de la chanson « Chant lamour » de Kaya, qui sera lancé ce 21 février, par des jeunes artistes locaux, est téléchargeable gratuitement sur Facebook. Le lien de la chanson sera posté sur la page Facebook « 10 Gram pou Kaya ». « La chanson  Chant Lamour » a été retravaillée dans un style plus bluezzy et jazzy avec l’Atelier Mo’Zar et Eric Triton pour la musique et Emlyn et La Nikita pour les voix », explique Stephan Rezannah.

Au coût de Rs 5 millions, cette campagne englobe divers aspects. « Il est important pour nous de laisser une trace tangible de Kaya et de sa musique. L’objectif de cette campagne est de valoriser l’homme voire l’artiste et de transmettre sa musique », confie Stephan Rezannah.

L’hommage se poursuivra avec le tournage d’un clip vidéo à Roche-Bois prévu pour fin mars. Il racontera l’endroit où a grandi le chanteur. Une fresque murale et un portrait de Kaya seront réalisés sur un grand bâtiment à Port-Louis par Emilien Jubeau. Ils seront dévoilés vers le début de juin.

La troisième et dernière étape sera le dévoilement d’un monument en hommage à Kaya le 10 août, jour de son anniversaire. Le design de ce monument est réalisé par des lecturers du Mahatma Gandhi Institute. « Ce même jour, les activités prendront fin avec un plateau musical. Notre projet de décréter le 10 août Seggae Music Day est en bonne voie. D’autres partenaires célébreront aussi ce jour à La Réunion et en France ».

 

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