« 2025,merci pour… »
Par
Defimedia.info
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2025 n’a pas seulement été rythmée par l’actualité. Elle a aussi été faite de moments discrets : une épreuve traversée, une rencontre inattendue, une prise de conscience... Dans ce dernier numéro de l’année, Le Dimanche/L’Hebdo donne la parole à des Mauriciens d’horizons différents, en leur posant une question toute simple : « En 2025, qu’est-ce qui vous a rendu reconnaissant ? ».
« Si je devais résumer 2025 en un moment de gratitude profonde, ce serait sans hésitation l’histoire de Solea. Cette petite fille retrouvée dans un sac de riz à Stanley, qui a bouleversé Maurice tout entière. Aujourd’hui, elle est entre les mains d’une famille d’accueil aimante, et cette transformation porte en elle une leçon d’humanité qui me touche au plus profond.
Dès l’annonce, les appels ont afflué. Des dizaines de familles mauriciennes se sont manifestées auprès de moi, de mes conseillers, de la division Foster Care du ministère. Toutes voulaient la même chose : offrir une vie meilleure à ce bébé innocent.
Cette vague de solidarité m’a révélé deux vérités essentielles. D’abord, que les Mauriciens n’ont pas perdu leur cœur. Malgré les difficultés économiques, malgré leurs propres épreuves, ils ont répondu présent. Parmi les familles qui se sont enregistrées comme parents d’accueil, certaines attendaient un enfant depuis des années, d’autres avaient déjà des enfants mais voulaient simplement apporter réconfort et espoir à Solea. Ce geste spontané, généreux, désintéressé, c’est cela, la vraie Maurice.
Ensuite, cette histoire m’a ouvert les yeux sur une souffrance silencieuse : combien de familles mauriciennes vivent le drame de ne pas pouvoir avoir d’enfants. Certaines dépensent des fortunes pour des traitements à l’étranger, portent ce fardeau dans l’ombre. Le désir d’être parent est universel, puissant, et souvent brisé par l’injustice du destin.
Quant à la mère biologique de Solea, je ne suis pas là pour juger. Derrière cet abandon dans des circonstances déchirantes se cache un drame humain que nous ne comprendrons peut-être jamais pleinement. Mais un détail me frappe : elle s’est assurée que son enfant soit trouvé, recueilli. C’est un signe qui, aussi difficile soit-il à interpréter, témoigne peut-être d’un dernier geste d’amour dans le désespoir.
L’histoire de Solea conforte ma conviction la plus profonde : la place d’un enfant n’est pas dans un ‘shelter’, mais dans une famille – qu’elle soit biologique ou de cœur. C’est pour cela que nous avons célébré pour la première fois à Maurice le World Foster Day. C’est pour cela que nous travaillons d’arrache-pied sur notre législation pour l’adoption.
Aujourd’hui, Solea a fêté son premier Noël en famille. Elle grandit, nous la suivons de près. C’est une jolie petite fille, entourée, choyée, adorée par des parents aimants. Et c’est précisément cela, notre mission : au-delà de la politique politicienne, au-delà des querelles stériles, redonner l’espoir dans l’humanité. C’est ce qui manque cruellement à notre monde.
Solea nous rappelle que chaque vie compte, que la compassion existe encore, et que l’amour, le vrai, peut surgir même des moments les plus sombres. »
Pour Me Saya Ragavoodoo, avouée, l’année 2025 n’a pas été marquée par une succession d’événements, mais par une prise de conscience profonde, née loin de Maurice. Le premier trimestre, elle l’a passé en Angleterre, où une expérience humaine l’a profondément marquée.
« J’ai eu cet appel qui m’a permis de rencontrer des gens qui s’occupent des réfugiés, leur apporter soutien, réconfort et écoute ‘over a cup of tea’ », raconte-t-elle. Au fil des semaines, elle dit avoir partagé le quotidien de femmes forcées de fuir leur pays, leur travail et parfois leur famille, pour recommencer à zéro dans un environnement inconnu et hostile. « Passer du temps avec des gens qui ont dû fuir leur pays m’a appris à apprécier ce que la vie m’a permis d’accomplir et à relativiser mes difficultés », confie-t-elle.
Une rencontre en particulier reste gravée dans sa mémoire : « J’ai toujours en tête cette jeune femme venue d’Érythrée avec ses jumeaux d’un an, vivant en Angleterre sans repères et avec des ressources financières limitées. » Chaque semaine, elle croisait des mères isolées, parfois persécutées dans leur pays d’origine, vivant dans l’attente d’un statut, d’un logement ou d’une aide minimale.
Ces témoignages ont changé son regard. « Nous avons beaucoup de préjugés envers les immigrés en situation irrégulière », observe-t-elle, rappelant que certains ont fui des pays où ils ne peuvent pratiquer leur foi librement. À l’inverse, elle souligne la chance que représente Maurice. « Nous vivons sur une île où chacun peut vivre sa foi en toute liberté », dit-elle, regrettant que cette cohabitation harmonieuse soit souvent tenue pour acquise.
Cette expérience nourrit aujourd’hui un profond sentiment de gratitude. « Je suis reconnaissante pour tout ce que j’ai reçu, mes parents qui m’ont guidée dans mes études », affirme Me Saya Ragavoodoo, évoquant aussi son père disparu : « Même s’il n’est plus là physiquement, son soutien m’accompagne chaque jour. »
Ce que 2025 lui a appris ? « Vivre chaque jour comme un cadeau que l’on ne mérite pas, mais qui nous est offert gracieusement. »
Pour Donovan Armelle, 33 ans, 2025 restera l’année où il a pleinement pris conscience qu’il n’était pas seul face à ses défis. « Que ce soit grâce au soutien d’un proche, d’un ami ou d’une personne de confiance, j’ai réalisé la chance d’être entouré, même dans les moments difficiles », confie-t-il.
Tout au long de l’année, ce sont les personnes présentes au quotidien qui ont suscité chez lui le plus de gratitude. « Celles qui ont écouté, encouragé et cru en moi, parfois sans même s’en rendre compte. Cette année m’a rappelé que le soutien humain est précieux et qu’il ne faut jamais le tenir pour acquis », poursuit-il.
Mais la reconnaissance de Donovan ne se limite pas aux grandes épreuves. Elle s’est surtout révélée dans les instants simples du quotidien. « J’ai appris à apprécier différemment les petites choses : les discussions sincères, le temps passé avec les autres, mais aussi mes progrès personnels, même les plus modestes », explique-t-il. Pour lui, 2025 a été un rappel que la gratitude ne vient pas seulement des grands événements, mais surtout de ces moments du quotidien qui donnent du sens à l’année.
Entre défis personnels et petites victoires, Donovan Armelle quitte 2025 avec une leçon claire : reconnaître ceux qui nous soutiennent et savourer chaque instant de partage, même le plus discret, enrichit la vie et renforce les liens qui nous entourent.
« En 2025, mon cœur est rempli de gratitude lorsque ma fille fait le choix de retourner au pays après dix longues années d’absence. Ce retour marque bien plus qu’un simple voyage : il symbolise les retrouvailles, le temps retrouvé et l’amour qui n’a jamais cessé de nous unir malgré la distance. C’est une joie profonde, sincère et apaisante, la joie unique et indescriptible d’une mère.
L’année 2025 m’a apporté une profonde reconnaissance. Il y a deux ans, mon papa est parti des suites d’un cancer, laissant derrière lui un grand vide. Une absence douloureuse, mais qui, paradoxalement, m’a permis de me rapprocher encore davantage de ma maman, une femme exceptionnelle, d’une résilience et d’une bravoure admirables.
Après une opération de la hanche, à peine trois mois plus tard, ma fille, ma maman et moi avons vécu des vacances exceptionnelles, remplies de rires, de complicité et de moments précieux. Ces instants simples mais puissants m’ont rappelé la valeur de la vie, de la famille et du temps partagé.
Aujourd’hui, je ressens une immense gratitude : envers la vie, envers mon travail qui me donne du sens, et envers les êtres humains qui m’entourent, me soutiennent et m’accompagnent sur ce chemin. L’année 2025 m’a aidée à mieux m’apprécier et à me reconnaître à ma juste valeur. Ma spiritualité s’est renforcée, devenant une source de paix et d’ancrage. J’ai appris à me faire plaisir sans culpabilité, à écouter mes besoins et à honorer qui je suis.
Chaque matin, je prends le temps de dire merci, et chaque soir encore merci, pour la journée vécue, les leçons apprises et les bénédictions reçues. Je demande au Bon Dieu de me donner le courage nécessaire pour continuer mon cheminement, avancer avec foi, humilité et confiance. »
Pour Neha Oleemohamed, 29 ans, installée à Quatre-Bornes, le moment précis de gratitude en 2025 est clair : « Lorsque Ryōshi est monté sur scène à Madagascar pour le Gasy Metalhead Show 2, pour une tournée de trois dates. » La fondatrice de Mad Cat Agency et manager du groupe parle d’un instant où « tout prenait sens ». Les mois de préparation, les doutes, « la logistique complexe, les sacrifices financiers et humains ».
Voir le groupe jouer à l’étranger a marqué un tournant. « Être accueilli par une scène metal engagée et curieuse, c’était la preuve que le travail acharné pouvait ouvrir des frontières. » Même pour « un projet issu d’un marché aussi restreint que le metal mauricien ». Cette reconnaissance venue d’ailleurs a donné une valeur tangible aux efforts accumulés sur plusieurs mois, affirme-t-elle.
En repensant à 2025, sa reconnaissance va avant tout au groupe lui-même. « Malgré les contraintes, les emplois du temps chargés, les moyens limités et le fait d’évoluer dans un genre extrêmement niche, Ryōshi n’a jamais cessé de créer. » Elle cite le lancement de leur EP cette année comme un fait marquant. « Continuer à composer, enregistrer et produire dans ces conditions demande une discipline et une foi artistique rares. » En tant que manager, dit-elle, c’est « profondément inspirant ».
L’année a aussi renforcé sa réflexion sur la place du metal à Maurice. « Ce genre reste encore trop souvent réduit à du “tapage”. » Or, 2025 lui a rappelé « à quel point le metal est un espace de technicité, de rigueur musicale et de prouesses artistiques, mais aussi de narration et d’émotion ».
Cette prise de conscience nourrit aujourd’hui son engagement. « Il mérite plus de visibilité, plus de respect et surtout, plus d’écoute. » Pour Neha Oleemohamed, 2025 aura confirmé l’importance de continuer à défendre cette scène avec constance malgré ses limites structurelles.
En 2025, Ehsan Juman, député du Parti travailliste de la circonscription n˚3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), retient surtout « chaque rencontre, chaque épreuve traversée ».
« Chaque moment, chaque visage croisé, chaque difficulté affrontée a contribué à me construire », confie-t-il. Sa motivation au quotidien vient de gestes simples : « Chaque personne que j’ai pu aider, écouter ou accompagner me rappelle pourquoi je continue, même lorsque la fatigue ou le découragement se font sentir. »
Certaines rencontres l’ont particulièrement marqué. La visite des enfants de l’hôpital Brown Séquard, à Noël, restera pour lui un choc. « Ces enfants ne sont pas malades : ils sont abandonnés. » Derrière leurs regards, dit-il, « il y a une attente silencieuse, un besoin d’amour et de protection. Il faut une démarche collective du privé et des ministères concernés pour leur offrir un avenir digne et stable ».
Il se dit également satisfait d’initiatives comme le Night Market, « quand on voit des familles se rassembler, des petits commerçants bénéficier de nouvelles opportunités ».
Les critiques et les coups durs n’ont pas manqué. « Ils m’ont appris à tenir bon et à rester fidèle à mes valeurs », reconnaît-il. Même une blessure au football nécessitant une chirurgie lui a rappelé « qu’on se relève toujours quand on garde le cap ».
Kimini, 36 ans, résidant à Pamplemousses, se dit profondément reconnaissante d’avoir encore sa famille à ses côtés. La disparition de son père a marqué un tournant dans sa vie : « C’est souvent en perdant un être cher que l’on réalise pleinement la valeur de sa présence », confie-t-elle. Ce moment douloureux lui a appris à ne plus considérer ses proches comme acquis et à cultiver les liens familiaux avec attention.
Depuis ce deuil, Kimini a renforcé ses relations, en particulier avec sa mère, qui occupe désormais une place centrale dans sa vie. « Les échanges, le soutien moral et la simple présence de ma famille sont des richesses irremplaçables », souligne-t-elle. Pour elle, ces liens sont la pierre angulaire de son équilibre émotionnel et de sa sérénité au quotidien.
Son expérience de la vie à l’étranger a également accentué cette prise de conscience. L’éloignement lui a fait mesurer l’importance de rester connectée, malgré la distance, et de préserver ces relations avec bienveillance. « Être loin de ses proches fait réaliser combien la famille est essentielle », explique-t-elle.
Pour Kimini, 2025 a été une année de gratitude et de réflexion : apprendre à valoriser ce qui est souvent donné pour acquis, cultiver la présence et l’écoute mutuelle, et profiter de chaque moment partagé. Elle insiste sur le fait que ces liens ne se construisent pas seuls : il faut les nourrir, les protéger et leur donner du temps.
« Aujourd’hui, je considère ma famille comme un véritable pilier de ma vie », affirme-t-elle. « Ce sont des relations à chérir, à entretenir, car elles donnent un sens profond à l’existence. » Après une année marquée par le deuil, Kimini conclut avec gratitude : « 2025 m’a rappelé ce qui compte vraiment : les liens, l’amour et la présence des êtres chers. »
L’année 2025 a été particulièrement marquante pour Sanjeev Teeluckdharry, avocat au barreau depuis plus de 25 ans. Il a été touché par les nombreux messages de soutien reçus à la suite des plaintes constitutionnelles qu’il a déposées, notamment celle contestant l’augmentation de l’âge d’éligibilité à la pension universelle. « Beaucoup de gens sont venus vers moi pour me dire merci. Cela m’a beaucoup touché. »
L’avocat confie également une réflexion plus personnelle. « En 2025, j’ai réalisé qu’il était temps de penser à l’avenir, de préparer la suite », tout en affirmant vouloir continuer à se battre pour ses concitoyens tant qu’il en aura la force.
Le décès de Raymond d’Unienville, King’s Counsel, l’a profondément marqué. Il se souvient de son appel à « révolutionner la façon de faire la politique à Maurice ».
« Je suis reconnaissant envers tous ceux qui m’ont fait confiance au fil des années », souligne l’avocat, dont le parcours s’est construit au contact direct des justiciables, souvent issus de milieux modestes. Son engagement en faveur du pro bono reste central. « J’ai fait et je continue à faire beaucoup de pro bono pour que des gens défavorisés ne deviennent pas victimes de l’injustice faute de moyens. C’est un devoir dans ma profession. »
L’année 2025 a été éprouvante pour Anishta Babooram. Huit mois au ministère de l’Égalité des genres, des attaques répétées sur ses choix politiques, ses prises de position, et même sur son physique récemment… Pour la Junior Minister à la Santé, âgée de 40 ans, cette année restera celle de l’épreuve.
Son transfert au ministère de la Santé et du Bien-être a été un tournant. « Avec le recul, cela m’a fait beaucoup de bien. Cela m’a permis de me recentrer sur le terrain, de servir la population et de contribuer concrètement au bien-être des Mauriciens. »
Mais 2025 aura aussi révélé le visage le plus sombre de la politique : le « body shaming » dont elle a été victime en octobre dernier. Elle explique avoir pris du poids en raison du syndrome des ovaires polykystiques, une maladie hormonale chronique qui provoque des déséquilibres métaboliques et une prise de poids difficile à contrôler. « Les critiques ont parfois été cruelles. Être attaquée sur son physique par d’autres femmes en politique, avec l’amplification des réseaux sociaux, est une violence réelle. Brutale. Mais cela ne me définit pas. »
Elle en retient une leçon : « Je ne peux pas changer les autres. Mais je peux avancer et me battre pour ce en quoi je crois. »
« 2025, merci pour… la naissance à moi-même. » Émilie Soogund, 21 ans, pensait entrer dans 2025 comme on traverse une étape de plus. Elle y a finalement découvert un passage. Celui qui fait basculer de l’enfance protégée vers une autonomie parfois brutale, mais fondatrice. Entre départs, silences et solitude apprivoisée, l’année l’a confrontée à elle-même. De cette épreuve est née une certitude : grandir, c’est apprendre à se tenir debout, même quand le cadre familier disparaît.
« En 2025, j’ai compris que je ne suis plus une jeune fille à papa, mais une femme. Alors qu’à 18 et 20 ans, beaucoup de jeunes Mauriciennes suivent une trajectoire considérée comme normale – université, emploi, vie chez les parents –, ma sœur et moi avons choisi une autre voie. En mars, nous avons déménagé pour vivre à deux, dans notre propre appartement. C’était un nouveau départ, un souffle d’air frais et une vie à inventer ensemble. »
Mais en avril, le poids du quotidien s’est fait sentir. La rigueur d’une vie autonome a commencé à peser. Sa sœur est repartie chez leurs parents, mais Émilie est restée seule. Son départ a marqué une rupture nette, et la solitude a rapidement laissé place à une forme de dépression silencieuse. Épuisée, elle a pourtant découvert que c’est dans ces moments que l’on se reconstruit vraiment.
Fin juillet, l’université a commencé. Lentement, Émilie s’est relevée, pas guérie d’un coup, mais restaurée de l’intérieur. Entre les cours, le travail, l’engagement social et la vie personnelle, elle a appris à composer avec plusieurs réalités à la fois. Grandir, ce n’est pas seulement avancer, mais aussi savoir s’arrêter pour ne pas se perdre.
En septembre, elle n’était plus seule. Un camarade a rejoint son appartement et ensemble, ils ont trouvé un nouvel équilibre. Émilie a compris que le manque avait été son point de départ. Elle n’avait jamais vraiment été seule : les amis, les voisins, et la force intérieure qu’elle avait développée l’accompagnaient.
« 2025, merci pour cette renaissance », conclut-elle. Cette année lui a appris que la solitude peut devenir un espace de force et de découverte de soi, et que grandir, c’est aussi apprendre à s’aimer et à se tenir debout, envers et contre tout.
À 33 ans, Vincent Emilien, enseignant en prévocationnel et habitant de Roche-Bois, aborde la fin de 2025 comme un temps de recul. « Au moment où 2025 tire sa révérence, l’heure est à la rétrospective. » Pour lui, faire le bilan de l’année est « un moyen de se remettre en question », afin de « poser des bases solides pour la nouvelle année ».
S’il devait retenir ce qui a compté le plus, sa réponse est directe : « 2025 a été pour moi l’année de la famille. » Il insiste sur l’importance des liens familiaux. « La famille est sacrée », dit-il, rappelant que « c’est là où tout commence et où l’amour ne finit jamais ».
Fidèle aux coutumes et aux traditions, il évoque ces moments de retrouvailles qui rythment l’année : Nouvel an, Pâques, Fête des mères, Assomption, Noël… Résidant dans une cour familiale, il ajoute avec un rire : « Nous célébrons des anniversaires chaque mois, de janvier à novembre ! » Ces rencontres sont pour lui des moments de partage essentiels.
Il évoque aussi la joie d’avoir vu sa famille mise en lumière. « Grande fut ma joie d’avoir été choisi au hasard par Le Défi Media Group pour réaliser un reportage chez nous, le jour de Pâques », ainsi que par la télévision nationale à l’occasion de la Fête des mères.
Un autre moment fort marque son année : « le mariage de ma sœur Angèle et de mon beau-frère Kendy, le 19 décembre dernier ». Vincent parle d’un engagement collectif. « Ensemble, en famille, nous avons mis tout notre cœur, notre amour et notre affection, mais surtout notre soutien dans les préparatifs. »
Sur le plan professionnel, 2025 a aussi été exigeante. Enseignant auprès d’adolescents, il évoque « la lourde tâche d’éduquer », les écarts de génération et le manque de motivation parfois. Mais une fierté domine : « Constater que tous mes élèves ont réussi les examens du 3e trimestre. » Pour lui, cela résume l’année : « le sentiment d’un devoir accompli ».
« Je m’appelle Audrey Seesahye, j’ai 48 ans et je suis mariée depuis 30 ans. Je suis mère de deux garçons et d’un petit chien. J’ai été élevée par ma grand-mère et mon grand-père. J’ai fait des études de secrétariat et j’ai la chance de travailler dans la compagnie familiale que nous avons fondée, il y a maintenant plus de 20 ans, avec mon époux. La vie ne m’a pas toujours souri, mais je suis aujourd’hui fière de ce que je suis devenue.
Malgré tout cela, je gardais un rêve au fond de mon cœur. Cette année-ci, en mai 2025, je me suis sentie remplie de gratitude. Nous avions l’habitude avec mes sœurs de vivre des fêtes familiales auprès de nos grands-parents quand ils étaient vivants, mais jamais avec ma mère. Ce n’était pas par choix, mais les circonstances de la vie ont voulu que ce soit ainsi.
Mais cette année, alors que je m’apprêtais à célébrer mes 48 ans, j’ai eu la chance de pouvoir fêter l’anniversaire de ma maman pour la première fois.
Pour beaucoup, cela peut sembler ridicule, mais pour moi, cela a été le moment le plus important de l’année, que je n’échangerais pas contre tout l’or du monde. J’en profite pour souhaiter à tous les Mauriciens une très bonne année 2026. Croyez-en vous. »
Yannick Virassamy, 35 ans, n’a pas traversé 2025 dans le confort ni l’évidence. Longtemps habité par un sentiment de décalage intérieur, il a connu l’errance, les excès et le vide qui s’installent quand on s’éloigne de soi-même. Mais cette année a marqué un basculement profond. Pour Yannick, la gratitude de 2025 prend le nom de reconstruction intérieure.
« J’avais le sentiment de n’être nulle part à ma place. Adolescent, je m’éloignai de mes valeurs et commençai à fumer, boire et à chercher des plaisirs éphémères. Rapidement, tout cela m’a laissé un vide immense », raconte-t-il.
Un voyage pour le mariage de sa sœur à l’étranger s’est transformé en moment de réflexion profonde, au cours duquel il a commencé à se recentrer sur lui-même. « J’ai pris conscience du désordre de ma vie et j’ai décidé de changer mes habitudes. Après 20 ans de dépendances, j’ai arrêté la cigarette, l’alcool et les excès. Pour la première fois, j’ai trouvé une paix véritable », confie-t-il.
De retour à Maurice, Yannick a commencé une vie nouvelle, plus en accord avec ses valeurs et ses aspirations. « Je suis reconnaissant pour 2025, car cette année m’a permis de me retrouver, de me reconstruire et de commencer un nouveau chapitre », conclut-il.
Pour Khushi Thacoor, étudiante de 21 ans, 2025 restera une année de prise de conscience et de sérénité intérieure. « En 2025, j’ai réalisé que j’étais devenue plus calme, plus sage et plus en paix avec moi-même », raconte-t-elle. Cette évolution lui a apporté douceur et force à la fois, au moment même où elle en avait le plus besoin.
Un accompagnement discret mais précieux a joué un rôle essentiel. « Un de mes ‘lecturers’ m’a guidée, non seulement dans mes réussites académiques, mais aussi dans mes moments de doute. Cela m’a rappelé que le soutien n’a pas besoin d’être bruyant pour être puissant », souligne Khushi.
La vie lui a également réservé des surprises inattendues. Une opportunité professionnelle est arrivée par un parfait inconnu, à un moment où elle ne cherchait même pas. « Quelqu’un a perçu mon potentiel et a choisi de croire en moi. Cette confiance a restauré mon assurance et m’a aidée à retrouver un sens à mes projets », confie-t-elle.
Mais ce qui a marqué Khushi, ce sont surtout les relations humaines. La présence de sa famille dans les moments difficiles lui a rappelé combien il est précieux de se sentir soutenue sans tout expliquer. Les amis ont fait preuve de patience et de bienveillance, offrant écoute et rires au bon moment. Les collègues, eux, lui ont prodigué conseils et encouragements, lui permettant d’apprendre et d’évoluer sans pression.
Même des inconnus ont laissé leur empreinte : « Un homme à la station de métro a remarqué mon anxiété et m’a aidée spontanément. Ces gestes simples rappellent que l’humanité se révèle souvent dans la quotidienneté », observe Khushi.
Pour elle, la gratitude n’a pas besoin d’être spectaculaire. Elle consiste à remarquer ce qui nous maintient stables, connectés et capables d’avancer. « Je suis reconnaissante pour ma santé, mes proches, les repas chauds, les rires partagés et la possibilité de recommencer. En entrant dans 2026, je choisis la gratitude, avec force et douceur. »
2025 n’a pas été une année tranquille, mais une année décisive, confie Emma Azmoth, 22 ans. Celle où les doutes de l’entrée dans l’âge adulte ont laissé place à des choix courageux, parfois vertigineux. Entre rupture avec un quotidien qui ne lui ressemblait plus et découvertes déterminantes, l’année a ouvert des portes inattendues. Ce qu’Emma retient surtout, c’est ce moment où tout a commencé à s’aligner avec le travail, l’engagement et les études, et où elle a enfin pu devenir pleinement la personne qu’elle aspirait à être.
« 2025 a été une véritable montagne russe : j’ai traversé des moments difficiles, mais en fin de compte, je ressens surtout une profonde gratitude pour cette année incroyable », confie-t-elle.
Elle se souvient avoir commencé l’année avec le cœur lourd et l’esprit rempli de questions. L’entrée dans l’âge adulte l’obligeait à repenser entièrement le sens de sa vie. Entre continuer ses études ou plonger dans le monde du travail, le choix semblait immense. Avec un emploi à temps partiel devenu presque un temps plein, Emma accumulait les heures et les responsabilités.
« Mais 2025 avait de meilleurs projets pour moi. » Un simple geste – une lettre de démission – a tout changé. Elle a décroché un poste chez Gender Links Mauritius, entourée de personnes qui allaient devenir des repères essentiels. « Cette expérience m’a permis de grandir, tant sur le plan professionnel que personnel ». En tant que jeune activiste trans, elle souligne « l’incroyable opportunité » d’avoir pu collaborer avec des associations comme le Collectif Arc-en-Ciel, Young Queer Alliance et PILS. Elle a même appris à rédiger et présenter des projets à des bailleurs de fonds.
2025 a également marqué son entrée officielle à l’université, où elle a pu devenir la version d’elle-même dont elle rêvait. Les expériences se sont multipliées : défilés de mode, prix remportés, rencontres marquantes. Chaque étape, chaque défi, lui a appris la patience, la persévérance et la confiance en soi.
« Le véritable ‘plot twist’ de 2025, c’est exactement ça : apprendre à me construire, à m’épanouir et à me sentir entière », affirme Emma.