2015 est une année record en ce qu’il s’agit du désinvestissement boursier. Pour les 11 mois se terminant en novembre dernier, près de 4,3 milliards ont été désinvesties de la Bourse de Maurice. Mais le désinvestissement est-il juste boursier ?
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L’ancien record de désinvestissement boursier date de 2009, où Rs 902 millions ont été désinvesties. Notons que pour les 23 mois de 2014 et 2015, les désinvestissements se montent à plus de Rs 5 milliards. L’élément confiance, qui est sine qua non pour l’investissement ne semblait pas être présent au sein de l’économie mauricienne cette année. « Les projections de croissance économique ont été révisées à la baisse par le ministre des Finances à plusieurs reprises. En outre, il y a eu les affaires Belvédère et BAI qui ont eu un impact négatif sur la perception des investisseurs par rapport à Maurice. Il y avait aussi les rumeurs d’une délocalisation de Compagnie mauricienne de textile (CMT) vers un autre pays. Pour ajouter à cela, Lottotech, dans un bref délai, n’a plus été autorisé à vendre des cartes à gratter et à faire de la publicité (bien que les casinos sont toujours autorisés à opérer). Cela a conduit à une baisse massive du prix de l’action. Un tel changement brusque dans le ‘business model’ ne contribue qu’à décourager les investisseurs », explique un analyste financier. Et de poursuivre que beaucoup d’étrangers quittent les marchés émergents et frontaliers (qui incluent Maurice) à cause des perspectives de croissance plus faibles. Une autre raison pourrait être l’appréciation de 15 % du dollar américain par rapport à la roupie mauricienne cette année. Ce qui a résulté en des rendements plus faibles pour les investisseurs étrangers. « Vous noterez également que les actions SBM ont été vendues massivement par des étrangers. Les raisons possibles pourrait être la gouvernance d’entreprise douteuse (le ministre des Finances annonçant publiquement l’acquisition de Bramer par SBM) ainsi que la forte exposition de prêt au groupe BAI. Ce n’est pas la première fois qu’il y a un tel désinvestissement étranger. Nous avons vu des tendances similaires au cours des dernières années (par exemple 2009, 2011, 2014) », poursuit l’expert.
Les résidents mauriciens investissent Rs 1,6 milliard à l’étranger
Cette morosité au niveau de l’investissement n’est pas que sur le marché boursier. Les investissements directs étrangers à Maurice, qui ont atteint Rs 7,2 milliards pour les neuf premiers mois de 2015, ont chuté de 28,7 % comparativement à la même période en 2014 (Rs 10,1 milliards). Alors que les investissements directs à l’étranger effectués par les résidents mauriciens (excluant les opérations offshore) ont atteint Rs 1,6 milliard, dont plus de Rs 1,1 milliard investies dans le secteur bancaire et financier étranger. Notons d’ailleurs, une fois n’est pas coutume, que Rs 335 millions ont été investies en Suisse. Les investissements à l’étranger pour 2015 sont supérieurs à ceux de 2011, 2012, 2013 et 2014 combinés. Il faut, en effet, retourner en 2010 pour trouver un montant supérieur, à savoir Rs 787 millions. La Suisse est la deuxième destination, derrière le Mozambique (Rs 621 millions) privilégiée par les résidents mauriciens pour les trois premiers trimestre de 2015.
Relancer l’immobilier
Par ailleurs, la Good Governance and Integrity Reporting Act semble avoir aussi rendu les investisseurs attentistes. L’économiste Éric Ng explique que « c’est possible que cette loi conduit au désinvestissement ». En particulier, dit-il, si la loi est utilisée à mauvais escient. Notamment « comme un outil politique pour faire des enquêtes bric-à-brac. Dans ce cas, les investisseurs vont se poser des questions », souligne l’économiste. Pour lui, la communauté des affaires attend « pour savoir comment la loi sera mise en pratique ». L’observateur économique Rajiv Servansingh affirme, pour sa part, que « les modalités de la loi ont été passées, mais les gens ont toujours une certaine appréhension quant à sa mise en pratique ». « Je pense toutefois que son impact direct sur l’immobilier ne sera pas tellement négatif. Sur le fond, je ne crois pas que cette loi, avec les amendements qui ont été apportés, sera un obstacle à l’investissement dans l’immobilier », estime-t-il. Éric Ng dit ne pas croire que cette « loi a crée une psychose ». « D’autant plus qu’elle a été diluée avec les amendements qui ont été apportés. La nouvelle version a en quelque sorte rassurer la communauté des affaires, mais comme je le dis, il faut ‘wait and see’ pour connaître vraiment les conséquences d’une telle législation », fait ressortir l’économiste. Rajiv Servansingh souligne les déclarations du Premier ministre sir Anerood Jugnauth sur la législation : « Il est intéressant de noter que dans les déclarations du Premier ministre, il dit que cette loi va relancer l’immobilier, car elle va mettre un frein au mouvement de l’argent sale au sein de ce secteur et donc aux spéculations de ces dernières années ». Notre analyste financier, estime lui « qu’il est trop tôt pour évaluer la situation ». « Seul le temps nous le dira. Il sera également intéressant de voir si le nombre d’appartements en vente (utilisé comme résidence secondaire) par des individus augmente. Comme vous le savez, il y avait une forte demande pour les appartements par les particuliers dans le passé, étant donné l’absence d’une telle loi », souligne-t-il.
Chute du nombre d’employeurs
Le nombre d’employeurs à Maurice est passé de 24 900 à la fin du mois de septembre à environ 20 300 à la période correspondante en 2015, représentant une baisse de 18,5 %. Selon la définition de Statistics Mauritius, « l’employeur est une personne qui exploite son / sa propre entreprise ou commerce et engage un ou plusieurs employés ». En comparaison, le nombre de personnes à leur propre compte n’a augmenté que de 7,3 % au cours de la période sous revue pour atteindre 74 900. Une personne travaillant à son propre compte, selon Statistics Mauritius « est une personne qui exploite son / sa propre entreprise ou commerce, mais n’embauche pas d’employé. Il / Elle peut travailler seul ou avec l’aide de proches ».
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