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À 20 ans : il n’existe pas aux yeux de l’État

Il n'a aucune pièce d’identité. Gregory, qui a passé le plus clair de son temps dans un centre d’accueil, veut obtenir la reconnaissance de son existence par l’État. Un combat qui dure une éternité. 

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À 20 ans, René Mathieu Gregory Appoo a toutes les peines du monde à se faire reconnaître par l’État. Pour comprendre son histoire, il faut remonter à l’aube des années 2000. Gregory et son frère sont placés par la Child Development Unit (CDU) dans le centre d’accueil de SOS Children’s Village, à Beau-Bassin. Raison : son père était alcoolique et sa mère souffrait de troubles psychiatriques.

À son admission au centre, Gregory avait  en sa possession un acte de naissance que la CDU avait remis au responsable. Il l’utilisera pendant toutes les années qu’il y passera. Toutefois, lorsqu’il atteint la majorité, soit le 14 janvier 2015, il se rend à l’état civil pour remplir les formalités en vue d’obtenir sa carte d’identité. Il apprend que l’extrait de naissance ne lui appartient pas. « Nous sommes tous tombés des nus », explique-t-il. « Qui suis-je donc ? » s’interroge le jeune homme.

Tous ont multiplié les efforts pour essayer de trouver des réponses à ses questions. Ils se demandent s’il y a eu erreur dès le début ou si le jeune homme n’a jamais été déclaré. Ce que Gregory sait, c’est qu’il porte le nom de famille de sa mère alors que son frère celui de leur père. Alors qu’ils étaient encore jeunes, leur mère est décédée mais leur père est toujours vivant.

Situation compliquée

Gregory travaille dans le secteur de l’hôtellerie. Il a fait une demande à la cour pour la reconnaissance de son identité par l’État. Le jeune homme éprouve des difficultés dans ses démarches. « Dans l’hôtel où je travaille, ils m’ont accepté même sans identité. Les choses se compliquent au moment de toucher mon salaire. La direction me paie par chèque et moi je dois trouver quelqu’un pour encaisser le chèque à ma place. » Sans identité, Gregory ne peut rien faire. Il ne peut faire une demande pour un permis de conduire, ni entreprendre des démarches pour obtenir une maison. Bref, c’est une situation très compliquée.

Voilà maintenant deux ans que cela dure et les choses ne semblent pas évoluer. « Je ne sais plus quoi faire. » Gregory souhaite que quelqu’un qui comprenne mieux les démarches lui vienne en aide. Le jeune homme est d’autant plus pressé d’obtenir ses documents qu'il doit s’occuper aujourd’hui de son frère qui est handicapé.

« Lorsque j’ai été confronté à cette situation, j’ai frappé à toutes les portes pour la reconnaissance de mon identité. Mais peine perdue. J’ai aussi vérifié si ce sont les noms de mes parents qui figurent sur l’acte de naissance qui est en ma possession. Aujourd’hui, nous nous retrouvons seuls. Nous avons bien été encadrés par le passé et je voudrais pouvoir voler de mes propres ailes, surtout faire de mon mieux pour prendre soin de mon frère. Toutefois, toute cette histoire ne cesse de me perturber », confie amèrement Gregory.

Après avoir atteint la majorité, son frère et lui sont allés vivre chez leur grand-mère, à Baie-du-Tombeau. Son frère est âgé de 24 ans. Gregory avait déjà entrepris des démarches pour l’obtention d’une maison NHDC. Le jeune homme compte aller vivre en compagnie de son frère. Mais sans sa carte d'identité, il dit que son projet et ses revendications sont au statu quo.

Une première demande rejetée

Sollicité pour une réaction, l’homme de loi du jeune Gregory, nous explique que toute la procédure a été déclenchée, afin de régulariser la situation de son client. Mais le Parquet avait rejeté une première demande. Une réclamation a été déposée à la cour suprême et la procédure est longue.

 

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