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1969-2024 : 55 ans - Manifestation contre la monarchie

À cette époque, je prenais des leçons particulières avec le pédagogue Heeralall Bhugaloo, directeur de la Port Louis High School, à Cassis, et directeur du journal Combat. Il y avait aussi Paul Bérenger, qui était professeur à la même époque à la Port Louis High School. Je suivais de près les animateurs des clubs étudiants militants et  feu Jean-Claude Augustave. Tatave, qui était souvent dans les parages, était alors étudiant au collège St Andrews, Rose-Hill.

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Heeralall Bhugaloo, l'un des principaux animateurs de la CEM, a passé le mot d'ordre pour que l'on se retrouve au rond-point de St-Jean, un millier de manifestants protestant contre la venue de la princesse Alexandra à Maurice.

Je me souviens encore de cet événement. Le vendredi 12 septembre à 4h30 de l’après-midi, le temps était très ensoleillé pour l'arrivée de Son Altesse Royale, la cousine de la reine Elizabeth, mariée à M. Ogilvy, qui allait donner naissance aux mouvements militants mauriciens. Nous manifestions contre la monarchie à Maurice, tout en sachant que, paradoxalement, la photo de la reine trônait dans le salon. Cette manifestation a déclenché une série d'arrestations.

C'est l'escalade au rond-point de St-Jean. Les soldats de la Special Mobile Force foncent sur les manifestants et utilisent une quinzaine de grenades lacrymogènes. Les soldats de la SMF campaient dans les champs de cannes pour traquer les manifestants, qui, pour pouvoir respirer et laver leurs yeux qui brûlaient atrocement, se jetaient dans les bassins du cimetière de St-Jean pour se rafraîchir la tête.

Le lendemain, samedi 13 septembre 1969, la princesse devait rendre une visite de courtoisie au lord-maire, qui n'était autre que sir Gaëtan Duval. Paul Bérenger, recherché par la police, emprunta la rue du Vieux Conseil en direction de la municipalité de Port-Louis. Il fut agressé sauvagement par Cader Hoolam, alias Coco Gros Siro. Paul Bérenger fut ensuite arrêté par les autorités.

Les militants qui ont été arrêtés (parmi eux Heeralall Bhugaloo, Paul Bérenger, Dev Virahsawmy, Jooneed Jeerburkhan, Rahim Pooloo, Venu Moothien, Sushil Khushiram, Clément Koo Lip, Ah Kwet Kun Wing K Yun, Rabindranath Panchoo, Reynolds Cardick Cedric, Lewin Lesourd, Henri Poonoosamy, Ramkisson Koowarlal et Désiré François) se sont retrouvés au cachot. Le lundi matin 15 septembre, ils ont été présentés devant la magistrature de Rose-Hill. L’avocat Madun Gujadhur, Q.C, qui assurait leur défense, a plaidé qu'ils étaient accusés d’avoir troublé l’ordre public, le verdict a été en leur faveur : « No case to answer ». Ils ont donc retrouvé la liberté.

Après trois mois, en janvier 1970, un programme du MMM pour une île Maurice possible voit le jour et suscite un grand débat dans la presse. Huit mois plus tard, une élection partielle, et Dev Virahsamy est élu avec une majorité écrasante. Une nouvelle aventure politique commence.

Alain Laridon 

 

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