En ce samedi 2 novembre, nous commémorons le 185e anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés. Maurice a connu plusieurs vagues de peuplement. Nous sommes tous issus de diverses origines. Piqués par la curiosité, certains sont allés retracer leurs ancêtres principalement en Asie. Trois Mauriciens nous comptent leur aventure.
En 1834, 36 travailleurs engagés ont débarqué à Maurice à bord de l’Atlas.
Suite à l’abolition de l’esclavage en 1835, un système de recrutement « libre » qui engage un travailleur sur contrat est mis en place. D’ailleurs, Maurice est un lieu d’expérimentation pour la mise en œuvre de ce mode de recrutement qui a ensuite été utilisé dans l'ensemble des colonies à travers le monde.
Les premiers documents officiels indiquent que l'arrivée de 36 travailleurs engagés, à bord du navire Atlas, à Maurice, a été enregistrée le 2 novembre 1834. Ces originaires de Calcutta montent pour la première fois les 16 marches du dépôt d'immigration aujourd’hui connu comme l'Aapravasi Ghat. Laissant tout derrière eux, ils s'apprêtent à vivre une nouvelle aventure dans l'espoir d’un meilleur avenir. D'autres ne tardent pas à leur emboîter le pas. Ils sont recrutés en Inde, Asie du Sud-est, en Chine et en Afrique. L'Aapravasi Ghat se réfère aux ancêtres de près de 70 % de la population mauricienne d'aujourd'hui.
Vers la fin de 2018, Nandini Tanya Lallmon décide de remonter jusqu’à ses racines. Âgée de 29 ans, elle souhaite envoyer sa candidature au « Know India Programme » (KIP). Mis en place par le ministère indien des Affaires Étrangères, il est ouvert aux Mauriciens à travers le Haut-commissariat de l’Inde. Elle explique : « Pour être éligible, il fallait présenter des preuves de mes origines en Inde. J’ai donc contacté le ‘Library and Archives Department’ au Mahatma Gandhi Institute (MGI). J’ai ainsi obtenu un certificat contenant des informations sur mon arrière-arrière grand-père maternel. Originaire de Calcutta en Inde, il a débarqué à Maurice en 1905. »
Récompenses
Nandini Lallmon est parmi les cinq Mauriciens sélectionnés pour effectuer ce voyage. « Cette information me permettait de m’inscrire pour KIP et découvrir la terre de mes ancêtres. C’était une opportunité de vivre la culture, les coutumes et les traditions de l’Inde. Cette année, mes contributions au service de la communauté, en tant que membre de la diaspora indienne, m’ont valu des récompenses. » Elle est récipiendaire de l’Emerging Leader of the Year par Promising Indians Society, India’S Shining Star Award par Youth India Development Board et International Youth Award par la National Youth Awardees Federation of India.
Titoni Lam, 75 ans, raconte que son grand-père, de Chine, est venu à Maurice après l’abolition de l’esclavage. Il confie : « Grand-père était originaire de Mei Xian dans la province de Guang Dong et sa décision de venir à Maurice était surtout motivée par les Chinois qui y étaient déjà. Il n’avait que 17 ans quand il a débarqué à Maurice avec une petite valise contenant ses équipements de coiffeur. »
Une fois sur l’île, son grand-père a toutefois exercé comme boutiquier. « Il a eu l’opportunité d’aider un boutiquier chinois dans la capitale. Il travaillait très dur jusqu’au jour où son employeur l’a encouragé à se lancer à son compte. Au fil des années, Grand-père a ouvert quatre boutiques à Port-Louis, Bel-Ombre, Rivière-des-Anguilles et Beau-Champ. »
Titoni Lam se souvient que son grand-père a eu deux épouses chinoises et 12 enfants. Il ajoute : « Mon père est allé étudier en Chine pour mieux connaître la culture et la préserver. J’ai suivi ses traces et mon fils aîné en a fait de même. Aujourd’hui, nous profitons de chaque occasion pour promouvoir et perpétuer la culture chinoise ainsi que la langue. »
Études en europe
Le Dr Idrice Ameer Goumany est la troisième génération d’une famille indienne venue à Maurice, durant l’occupation française, pour travailler dans le domaine maritime. Il a retracé ses racines jusqu’à Cochin, aujourd’hui connu comme Kochi, en Inde. Noor Hassen Goomany, dont le grand-père Assen Ameer Goumany est le frère du Dr Idrice Goumany, se rappelle : « Dr Idrice Goumany était parmi les premiers descendants des immigrants indiens à avoir eu la chance d’étudier en Europe. Il est devenu médecin. Il n’a pas hésité à soigner les travailleurs engagés atteints de la variole. Il a perdu la vie en essayant d’aider les autres. Il n’avait que 30 ans. Nous sommes fiers d’appartenir à la famille Goumany. Elle a beaucoup contribué à l’histoire de Maurice. Aujourd’hui, de nombreux sites portent le nom du Dr Idrice Goumany. »
D’ailleurs, chaque 2 novembre, une cérémonie de dépôt de gerbes est organisée à l’occasion de l’arrivée des travailleurs engagés. Les personnalités et les membres de la famille Goomany vont se recueillir sur sa tombe à Pointe-aux-Canonniers. S’y trouvait, jadis, le lieu de quarantaine pendant l’épidémie de la variole. Ce samedi, l’événement est prévu à 12 h 45. Il est organisé par l’Islamic Cultural Centre en collaboration avec l'Aapravasi Ghat Trust Fund.
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