La 10e édition du Festival Île Courts s'annonce riche et palpitante avec plusieurs nouveautés.
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Ophélie Belin, directrice de l’Association Porteurs d’Images est plutôt satisfaite de son évolution depuis ses dix dernières années. Elle estime, toutefois, que toutes les formes du 7e art ne sont pas soutenues par manque de stratégie de développements clairs pour la production locale et l’absence d’un fonds de soutien à la création cinématographique.
Dix ans cela se fête et en grand ! L’Association Porteurs d’Image ne fait pas dans la demi-mesure pour marquer l’évènement. Au programme une série d’activités est prévue autour du cinéma. Le Festival Île Courts qui s’est imposé dans le paysage cinématographique mauricien comme un évènement annuel a franchi les horizons. Depuis 2007, Porteurs d’Images a organisé 31 ateliers professionnels et formé 150 personnes dans les secteurs tels que la réalisation, l’écriture, la technique et la production.
Concernant l'éducation à l'image, 22 ateliers jeunesse ont été organisés bénéficiant à 1 188 enfants. Sans compter que 36 courts-métrages mauriciens ont été produits et distribués à travers le monde. L’Association Porteurs d’images possède un catalogue de 50 courts-métrages locaux et de l'océan Indien qui est distribué également.
Bilan positif où la modestie a eu raison de ce succès.
« Pour une structure comme la nôtre, qui doit toujours se battre pour continuer à exister, le travail accompli est extraordinaire tant en termes de diffusion que de soutien à la création cinématographique locale et de professionnalisation du secteur. Je pense que notre force a toujours été de rester modeste, tout en effectuant un travail de fond, de structuration, de réseautage, de réflexion constante sur le développement du cinéma à Maurice », précise Ophélie Belin.
Jetant un regard sur l’industrie cinématographique locale qui est toujours en gestation, Ophélie Belin est d’avis qu’il n'y a pas d'aide ni de stratégie de développement clair encore moins de fond de soutien.
« La seule aide est celle du Rebate Scheme, mais ce système ne prend pas en charge le court-métrage et pour les jeunes réalisateurs locaux, il est très difficile d'atteindre le montant minimum pour en bénéficier. Et on peut aussi se poser la question du bout de la chaîne du cinéma, le nerf de la guerre: qui distribue, qui diffuse, qui exploitera le film ? Quel parcours est réservé à ces films et qui seront ses acheteurs ? Car une œuvre cinématographique qui ne rencontre pas le public n'a pas d'existence », dit notre interlocutrice.
École de cinéma
Aussi, la directrice du Festival Ile Courts pense que l'ouverture d'une école de cinéma est primordiale et insiste sur une réflexion en matière de développement culturel sur le territoire avec tous les acteurs culturels du pays.
« Nous devons également atteindre un certain niveau d'exigence artistique. Ne jamais dénigrer ce qui est populaire au profit d'un art élitiste mais reconnaître la créativité, le talent à chaque fois qu'il s'exprime devant nous, l'art qui nous tire vers le haut et nous inspire », dit-elle.
Prenant exemple sur l'Inde qui a mis en place un fonds de soutien via la National Film Development Corporation pour soutenir des films de haute qualité que le circuit commercial ne pourrait prendre en charge, Ophélie Belin pense que Maurice devrait faire de même.
« Il est très important que ce type de cinéma existe chez nous sinon nous, spectateurs, ne verrions que les mêmes types de films et le renouvellement artistique s'éteindrait. La démocratie culturelle est importante, il faut que toutes les formes du 7e art puissent être exprimées, court-métrage compris, et soutenues lorsque cela est nécessaire. Sinon, nous laissons la place uniquement au "bankable" et nous affaiblissons, dans un sens, la richesse de notre société », précise notre interlocutrice.
La mise en place d’un fonds de soutien pour le cinéma local, y compris pour le court-métrage est plus que jamais essentiel.
« Il ne faut pas minorer le court-métrage qui est d'une importance capitale pour les premiers films. Sur les 3 000 festivals actifs à travers le monde 71 % projettent du court-métrage et 52 % du long-métrage, pour dire que le court-métrage existe !» précise Ophélie Belin.
Le parrain : Licinio Azevedo
Cette année, le Festival aura pour la 1re fois, un réalisateur du Mozambique comme parrain : Licinio Azevedo. Né au Brésil, il a commencé sa carrière en tant que journaliste en Amérique latine, et est venu au Mozambique à̀ la recherche d’histoires postcoloniales marquantes, qu’il a plus tard compilées dans un livre.
Depuis 1980, il a réalisé plus de vingt films, distribués à l’international, et est le cofondateur d’Ébano Multimedia, l’une des sociétés de production de films les plus renommées du Mozambique. Licinio Azevedo présentera son long-métrage The Train of Salt and Sugar et animera une Master Class sur le cinéma engagé du Mozambique.
Le festival en chiffres
12 invités internationaux : Mozambique, France (dont Réunion), Afrique du Sud et Inde. Aux profils divers : réalisateurs, acteur, journaliste, musiciens, technicien, programmateurs…
96 films projetés dont 3 longs métrages
20 projections
9 ateliers et 2 master class
Rs 3.5 M est le coût de l’organisation du festival
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