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Zone de turbulence

Le destin d’Air Mauritius semble être lié aux zones de turbulence. À peine met-elle le nez hors des nuages, après quelques années de dégâts causé par un hedging désastreux, qu’elle se prépare à faire face à de nouvelles intempéries. L’arrivée en masse de compagnies aériennes low-cost sur la destination mauricienne ne peut qu’être accueillie avec beaucoup de crainte au Paille-en-Queue Building. French Blue, Edelweiss Air, Eurowings et surtout AirAsia X risquent de faire piquer du nez le transporteur mauricien, qui se retrouve entre le marteau et l’enclume. D’un côté, il y a les low-cost offrant des prix plus intéressants sur des destinations déjà desservies par Air Mauritius, et de l’autre, le prédateur du ciel qu’est Emirates et maintenant Turkish Airlines, présente sur le tarmac de l’aéroport SSR depuis octobre. Air Mauritius ne peut offrir ni le confort et le service des meilleurs du secteur, ni les bas prix de ceux qui capitalisent sur le volume et l’efficience à tout niveau. Outre le fait d’être une très petite compagnie aérienne sur l’échelle mondiale, des décennies d’interventions politiques, des promotions pistonnées, des recrutements douteux, des querelles internes et des gaspillages divers n’ont pas vraiment équipé le transporteur national pour faire face à la menace provenant maintenant de divers fronts. Le défi est donc de taille pour Megh Pillay, fraîchement embarqué au poste de no 1 de la compagnie. Surtout qu’il doit composer avec un gouvernement aux idées plutôt étranges, qui impose à Air Mauritius de desservir de nouvelles lignes, dont certaines risquent de ne pas être rentables de sitôt, et qui laisse de plus en plus de concurrents voler sur des lignes très rentables. Plus étonnant encore : alors qu’il a lancé Air Mauritius dans le corridor aérien reliant Plaisance à Changi, Singapour, en mars dernier, AirAsia X s’apprête à desservir Maurice à travers son hub de Kuala Lumpur, Malaysie, à un prix nettement inférieur. L’idée du corridor aérien visait à permettre à Air Mauritius de bénéficier du hub de Changi pour embarquer une nouvelle clientèle asiatique vers Maurice. Mais cette même clientèle risque fort de se diriger vers Kuala Lumpur, hub d’AirAsia X situé à 35 minutes de vol de Changi. Tout cela est assez incohérent ! En ouvrant le ciel aux low-cost, le nombre de touristes connaîtra probablement un boost dans un premier temps. Toutefois, cela risque très fort de ne pas profiter à Air Mauritius. Puis, on a toujours vendu Maurice avec une image de destination de prestige et de luxe. Les compagnies aériennes low-cost nous apporteront une clientèle sac-à-dos, regardant à ses dépenses, au risque d’effaroucher ceux qui recherchent cette exclusivité si chère à Maurice.
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