Il dit ne pas comprendre comment les autorités peuvent agir avec une légèreté déconcertante pour ce qui est de l’octroi des permis de résidence et de la nationalité mauricienne. Me Yousuf Mohamed estime qu’on est en train de tout bazarder.
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Expliquez-nous les rudiments d’un Occupational Permit…
Ce permis est défini par la loi et qui est émis en même temps qu’un Residential Permit. Il est renouvelable chaque trois mois.
Si un expatrié obtient un Operational Permit, peut-il demander que sa famille le suive après les procédures d’usage ?
Normalement, quelqu’un qui détient un Occupational Permit doit avoir investi au moins $ 100 000 chez nous et être actionnaire d’une entreprise régie par la Companies Act. Ce business doit générer un chiffres d’affaires minimum de Rs 2 millions pour la première année et de Rs 10 millions pour les autres années.
Un employé perd face à son employeur devant un comité disciplinaire, car tout est pipé d’avance »
Et qu’en est-il d’un Residential Permit ?
Il faut que la personne en fasse la demande auprès des autorités et respecte les critères établis. Son conjoint doit détenir au moins $ 10 000 sur son compte en banque.
Prenons le cas de Glenn Agliotti… Sa femme possède un Occupational Permit et lui, en tant que ‘dependent’, peut vivre à Maurice. Or, depuis une semaine, il est interdit de séjour sur le sol mauricien. N’est-on pas en train de briser un couple et une famille ?
La loi ne regarde pas le côté émotionnel. Avant de lui donner un permis de résidence, le Board of Investment (BOI) aurait dû faire une bonne due diligence. Cet homme aurait dû soumettre tous les documents relatifs à sa profession, son passé et ses antécédents judiciaires s’il en a. On a l’impression qu’il y a eu due diligence dans le cas de la femme de Glenn Angliotti uniquement, mais pas dans le cas de celui-ci.
Est-ce un manquement ?
Avant de donner un Residence Permit à un étranger, il faut une enquête sérieuse, sinon le BOI va laver plus blanc que blanc tout individu.
Est-ce que le cas Glenn Agliotti ressemble à celui d’Alvaro Sobrinho ?
La loi sur l’immigration a été amendée. Peut-on accepter n’importe quelle demande sans enquête ? Adrien Duval a soulevé la question sur Glenn Agliotti, car il avait des informations que le BOI aurait dû avoir. Le député l’a fait dans l’intérêt public, pour protéger notre réputation. On ne peut blâmer Glenn Agliotti, il a fait une demande et on lui a donné son permis sur un plateau.
Tout ce qui concerne l’octroi de permis aux étrangers et de la nationalité mauricienne passent par le Premier ministre. N’y aurait-il pas une possibilité de ‘pick and choose’ ?
Si on veut que Maurice devienne une dictature, je dirai que oui, il peut choisir selon son bon vouloir, son humeur et d’autres considérations… Le Premier ministre est un dictateur dans une démocratie selon l’article 1 de notre Constitution. Anil Gayan ne l’a-t-il pas dit ? We are Government and Government decides. Est-ce normal ?
Venons-en aux demandes de nationalité. De janvier 2015 à juillet 2019, on en dénombre 3 148, sans compter les 483 demandes antérieures à 2015. De ce nombre, 2 680 ont été approuvées, alors que 492 sont en cours d’examen. Ces demandes dépendent encore une fois de la discrétion du Premier ministre…
Ces chiffres sont étonnants, choquants même. Il faut savoir par quels moyens ces étrangers ont obtenu la nationalité mauricienne. On est en train de bazarder la citoyenneté mauricienne. Ma question est celle-ci : est-ce que le pays bénéficie de quelque chose en retour socialement et financièrement ? Je reviens à ce que Gayan a dit : « Government decides ». C’est triste. On bazarde sans checks and balances.
Il y a eu ‘due diligence’ dans le cas de la femme de Glenn Agliotti uniquement »
On sent une certaine lassitude de la part de notre société civile sur les questions épineuses…
Maurice n’est pas l’Algérie, la Tunisie ou Hong Kong. On a une société civile endormie. Il n’y a aucune réaction quand on sait que le pays est endetté à mort. On est au bord de la faillite, on puise dans les réserves de la Banque centrale pour éponger nos dettes. On vit au-dessus de nos moyens. La roupie se déprécie à vue d’œil, le pouvoir d’achat est touché de plein fouet. On se laisse gagner par des slogans creux et personne ne lève son petit doigt.
On sent une certaine amertume dans vos propos…
Il ne reste que quatre élus des élections de 1967 : Raouf Bundhun, Eliezer François, Ramnath Jeetah et moi-même. Nous avons bossé dur pour le pays, mais Maurice n’est plus le même. Je suis extrêmement déçu. Nous voyons une augmentation des mots en isme : castéisme et racisme, entre autres. Il y a des conseillers incompétents qui touchent des salaires exorbitants alors qu’il y a des méritants qui galèrent. On va vers le précipice.
Vous parlez ainsi parce que vous êtes un rouge vif…
Je suis un élément du Parti Travailliste, je ne le nie pas. Mais, ce que je dis n’engage que moi. Je ne peux accepter qu’on tolère des incompétents sur une base du isme. Pour en finir avec cette pratique et redresser le pays, il faudra une décennie.
Sautons du coq à l’âne : le Workers’ Rights Bill est devant le Parlement. En tant qu’ancien ministre du Travail, que pensez-vous de ce projet de loi ?
Je ne vais pas entrer dans les détails… J’ai une seule chose à dire : a-t-on changé la façon de tenir un comité disciplinaire, avec des amendements pour la galerie ? Un employé, même représenté par un avocat, perd face à son employeur devant un comité disciplinaire, car tout est pipé d’avance.
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