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Yogi Adityanath et l’arrivée des travailleurs engagés - Un invité «controversé» pour le 2 novembre

L’invité d’honneur pour la commémoration de l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice le 2 novembre prochain n’est autre que le Chief Minister de l’État indien de l’Uttar Pradesh. Shakeel Mohamed a envoyé une lettre au Premier ministre pour demander qu’il soit interdit d’accès sur le territoire mauricien. La raison invoquée : des propos incendiaires qu’il a tenus dans le passé et ses liens avec une organisation extrémiste.

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Le Yogi Adityanath, le Chief Minister de l’État d’Uttar Pradesh, en Inde, devrait être l’invité d’honneur le 2 novembre prochain pour l’anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés. Les antécédents du personnage, un fervent partisan du hindutva (philosophie de nationalisme hindou dont se réclame le BJP du Premier ministre indien Narendra Modi), font déjà réagir la classe politique locale.

Shakeel Mohamed, chef de file du Parti travailliste au Parlement, a écrit officiellement au bureau du Premier ministre (PMO) pour demander que le Yogi Adityanath ne puisse fouler le sol mauricien. Le Mouvement militant mauricien (MMM) en a aussi discuté au niveau son bureau politique (BP) lundi et a exprimé son opposition également.

Dans sa lettre adressée au PMO, Shakeel Mohamed cite six exemples pour justifier son opposition à la venue sur notre sol du Yogi Adityanath. Parmi, on retrouve le fait qu’il est le fondateur du Hindu Yuva Vahini, une « organisation militante extrémiste », écrit l’élu du PTr. Il est à l’origine de plusieurs propos racistes incendiaires et a pris position à plusieurs reprises contre la conversion des hindous. « Our Republic should not allow such an individual […] to come and disturb our way of life », estime le député du PTr dans sa lettre. « Il est nécessaire que le Premier ministre fasse preuve de courage, déclare Shakeel Mohamed au Défi Quotidien. Ce n’est pas parce que le gouvernement indien donne de l’argent pour le métro léger qu’il faut accepter n’importe qui. »

Une position que le MMM a aussi adoptée à l’issue de la réunion de son BP, lundi après-midi, bien que le parti ne prévoie pas d’écrire officiellement au chef du gouvernement pour réclamer l’interdiction d’accès au pays au Yogi Adityanath. « Le MMM demande qu’on annule l’invitation qui a été faite au Chief Minister de l’Uttar Pradesh, déclare Ajay Gunness, secrétaire général du parti.  Par contre, nous accueillons volontiers le ministre des PME, Shri Giriraj Singh. »

Officiellement, à lundi soir, rien n’indiquait que le gouvernement était enclin à changer de position. Une source au ministère des Affaires étrangères explique que le gouvernement indien a confirmé, le samedi 28 octobre, la venue des deux hommes politiques de l’Uttar Pradesh et que le programme de leur visite officielle est déjà prêt.

Notre source confirme également qu’il s’agit toutefois d’un remplacement, l’invité initial, Sri Nitish Kumar, Chief Minister de l’État de Bihar, ayant décliné l’invitation de Maurice à cause des récentes inondations qui ont touché son État. Une source du bâtiment du Trésor révèle aussi que les potentielles agitations autour de la visite du Yogi Adityanath n’ont fait leur chemin au PMO que dimanche. Toutefois, Le Défi Quotidien n’a pu obtenir une déclaration officielle de l’entourage du Premier ministre.

Le ministre des Arts et de la Culture, Pradeep Roopun, explique cependant que c’est le gouvernement indien qui a choisi le Chief Minister de l’Uttar Pradesh : « L’État mauricien a fait la requête et c’est l’Inde qui nous a informé qu’il envoyait le Chief Minister de l’Uttar Pradesh. Nous avons trouvé que le choix convenait, vu que la majorité de nos ancêtres indiens viennent de l’Uttar Pradesh et du Bihar. Nous n’allions pas faire une ‘due diligence’ sur un invité que nous délègue le gouvernement indien ».

Yogi Adityanath, champion du hindutva

Le personnage du Chief Minister de l’Uttar Pradesh est entouré de controverses, souvent à cause des propos tenus par le Hindu Yuva Vahini. Dimanche dernier, un des dirigeants de cette organisation, Nagendra Pratap Tomar, a déclaré que l’Inde deviendrait un pays à majorité non-hindoue d’ici 2027. Ce qui ferait partie d’un complot, selon lui.

Une vidéo mise en ligne par le site Indiatimes en 2015 a aussi défrayé la chronique : on y voit le Yogi sur une estrade aux côtés d’un de ses partisans qui exhorte la foule à commettre des actes de nécrophilie sur des cadavres de femmes non-hindoues. Il a aussi comparé Shah Rukh Khan au terroriste pakistanais Hafiz Saeed. Le site Indian Express rapporte aussi qu’il a fait la déclaration suivante : « Those who want to avoid yoga and Lord Shankar can leave the country. » Le même journal rapporte ces propos : « When I ask them to rise and protect our Hindu culture, they obey (…) I will not stop till I turn UP and India into a Hindu rashtra. »

 

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