Le dernier roman de Yoga Serge Palan, « L’itinéraire de Pondichéry», est un voyage identitaire dans le sud de l’Inde, où le narrateur est parti à la recherche de ses racines. À la fois fascinant et curieux, deux traits propres à l’écriture de Yoga Serge Palan.
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Il existe un trait commun à tous les ouvrages de Yoga Serge Palan. Chaque fois qu’il croise une fille, généralement jolie et aux formes généreuses, elle tombe fatalement amoureuse de l’écrivain, malgré l’incompréhension parfois balbutiante de ce dernier. Cela dit, Serge Palan est habité par une obsession : son identité dravidienne. Encore une fois, pour rester dans cette logique, le voilà parti à la recherche de ses racines, à Pondichéry, dans le sud de l’Inde, l’un des cinq ex-comptoirs français, où le colon puisait sa main-d’œuvre servile, abondante et forcément bon marché.
Le récit commence à Maurice, sur ce littoral nord bordé de grands hôtels où vit l’auteur. Un jour - ou un soir – alors que son chien s’est égaré, Solam-Palam tombe sur Girelle, une belle créole métisse, qui tombe fatalement sous le charme de cet érudit de la littérature classique française. Bientôt Solam-Palam s’envole pour Pondichéry. Dans l’avion, ne voilà-t-il pas qu’une belle femme, Kamakani, vient s’asseoir à ses côtés. À la vue « d’un arrière-train flatteur par ses rondeurs », il n’en faut pas plus à notre Mauricien pour sentir monter sa libido.
Quête ancestrale
Le hasard faisant bien les choses, l’auteur va retrouver la belle Indienne, une Dravidienne comme lui, dans un hôtel de Pondichéry. Comme à Maurice, cette fois c’est la belle Kamakani qui s’éprend de Solam-Palam. Elle lui servira de guide dans sa quête ancestrale dans le Tamil Nadu.
Au-delà de certaines digressions qui émaillent les ouvrages de Palan, comme cette manie de vouloir nommer les hôtels ou les marques de voiture, il existe chez lui une démarche personnelle qui résume ses obsessions, le ramène à ses origines, à sa complexité et à son aliénation identitaire. S’il tente de s’en émanciper par l’éducation et l’appropriation de cette même culture dominante, il est vite rattrapé par son identité, et surtout son ethnicité. Un double dilemme sur lequel s’était déjà penché Franz Fanon dans son ouvrage « Peau noir, Masque Blanc ».
C’est cette double identité, même si elle ne prend pas la dimension militante comme chez Aimé Césaire, qui pose problème à Serge Palan. Lorsqu’il s’amourache de Girelle, il se rend compte que tout le sépare de la belle métisse, que son père destine à un Français. Ce sont ses études, ses habitudes, son style de vie qui s’érigent en barrière entre Girelle et lui. Même avec Kamakini, la Dravidienne, qui pourrait correspondre à son idéal féminin, son personnage se heurtera au castéisme encore en vigueur en Inde. Son seul crime, c’est d’avoir transgressé cet ordre des choses sacrées, en allant manger chez un pousseur de rickshaw et de lui avoir donné de l’argent. Ce qui a fait de Solam-Palam « un héros ». Certes, nous ne sommes pas dans le même registre que V.S Naipaul, qui dans son ouvrage « L’ Inde, un million de révoltes », était parti prendre le pouls de son Inde natale, au Maharashtra, où lui aussi traite de la problématique du castéisme, en allant rencontrer d’un des leaders. Naipaul, lui, se place au-dessus de la mêlée, rendant compte de cette réalité indienne, avec ses bravoures et ses contradictions.
Palan, lui, voit les choses dans une perspective mauricienne. Il choisit de limiter le nombre de ses intervenants. Son personnage, et le récit qu’il en fait partaient d’une introspection, mais durant son périple, Solam-Palam se laisse emporter par ses sentiments à la fois pour la belle Kamakani et pour une famille ‘d’intouchables’. Tout cela est bien, mais il manque au récit la touche descriptive de Pondichéry, hors la version carte postale et les clichés. L’auteur ne parvenant pas à se détacher, à la manière d’un voyageur. C’est sans doute aussi l’effet recherché par l’auteur.
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